Dressé contre l’institution parlementaire depuis le coup de force du 22 Mars 2012, le Dr Oumar Mariko est resté jusqu’ici conforme à sa logique en se prononçant contre la prorogation du mandat des parlementaires. Ses collègues continuent toutefois de l’attendre de pied ferme au tournant et réclament qu’il aille jusqu’au bout de sa logique en rendant le tablier le 10 Août prochain, date à la quelle la législature arrivera à son terme constitutionnel.
L’assemblée Nationale du Mali a bouclé la session d’Avril, vendredi après-midi, avec le vote de la loi d’habilitation qui autorise le Gouvernement à prendre des mesures par ordonnance. Auparavant, la délibération des députés avait essentiellement porté sur trois projets de textes fortement attendus, à savoir : la loi sur le Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité, le texte sur l’indemnisation des victimes des événements du 22 Mars et de la guerre au Nord, puis la loi portant prorogation du mandat de l’Assemblée Nationale. Si les deux premiers projets ont passé sans anicroches, le dernier aura paradoxalement donné lieu à de vives polémiques entre tendances parlementaires. Quoiqu’elle dispose d’un bonus de mandat pour tous les parlementaires et pour la durée de la transition, la loi en question ne pouvait bénéficier d’une totale unanimité, et pour cause. Les débats y relatifs se sont enlisés dans la vielle polémique née du lendemain du coup d’État autour de la dissolution des institutions de la République.
On se rappelle, en effet, que le front pro-putschiste, représenté à l’AN par le SADI pour trois parlementaires dont le Dr Oumar Mariko, a soutenu à bout de bras la logique de dissolution de l’institution parlementaire, à coups de manifestations populaires et en dépit même d’un retour à l’ordre constitutionnel. De l’autre côté, le Front du refus, qui n’a jamais accepté la mesure prononcée par le CNRDRE le 22 Mars 2012. La délibération sur une prorogation du mandat des députés a été donc l’occasion de remettre sur le tapis la position des uns et des autres et d’en découdre. Après les houleux échanges entre les protagonistes de cette polémique, la mesure a naturellement passé dans le sens souhaité par l’écrasante majorité restée fidèle au contenu de l’Accord-cadre passé avec la Cédéao. Quant au Docteur Oumar Mariko, il a réussi à faire échec à l’unanimité en exprimant l’unique suffrage défavorable à la loi de prorogation du mandat des députés, tandis que les deux autres députés SADI ont fait défection à sa position : l’un par abstention, l’autre par un vote favorable au texte.
Ce n’est point l’épilogue du débat parce que le Dr. Oumar Mariko est attendu de pied ferme par ses collègues à la date fatidique du 10 Août prochain. Et pour cause : le Parlement, dans sa majorité écrasante, estime qu’il serait inconséquent et incohérent à continuer à exercer son mandat personnel au-delà de cette échéance. Pour eux, la logique voudrait que le Secrétaire Général du parti SADI aille jusqu’au bout de sa position en joignant l’argument de l’acte à celui de la parole : rendre le tablier parlementaire à partir du 10 Août.
A.Keïta