Assemblée nationale : La politique de l’autruche de Bocari Tréta et Sada Samaké

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Sada Samake
Ministre de l’intérieur et de la securite, Colonel Sada Samake

Le tonitruant député du Sadi, Oumar Mariko, a interpellé, jeudi 02 juillet 2015, les ministres du Développement rural, Bocari Tréta, sur l’affaire de l’engrais frelaté et l’accaparement de terres des paysans. Quant au ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le Général Sada Samaké, devait répondre aux questions relatives à l’insécurité, à la pénurie de passeports et de cartes d’identité, à l’affaire des élèves commissaires…Si le ministre Tréta n’a pas pu parfaitement et correctement répondre aux questions ; son homologue Sada Samaké a passionné le débat allant jusqu’à descendre dans les caniveaux.

Bocari Tréta, ministre du développement rural

Les deux (2) ministres n’étaient pas à leur première interpellation par les députés sur les mêmes sujets. Encore une fois, aucun d’eux n’a développé des arguments convaincants ni proposé des solutions correctives aux scandales qui relèvent de leurs responsabilités, à en croire nombre de Maliens qui ont assisté au joug verbal.

C’est le ministre du Développement rural, Bocari Tréta qui a, le premier, tenté d’apporter des éclaircissements, s’est buté à l’intransigeance de Oumar Mariko qui l’a arrêté net. L’interpellateur Oumar Mariko voulait des précisions sur la problématique de l’accaparement des terres agricoles des populations de Sanamandougou, Saou, Zemesso et de Niono, sur la mise en place des structures de l’Un-Scpc et sur la mise en place de Gie-Un-Scpc/Cmdt/Ohvn, sur l’affaire de l’engrais frelaté et le marché gré à gré de plus de 4,2 milliards de F Cfa attribué à la société Stone pour 17 000 tonnes de chaux agricole.

En guise de réponse, le ministre Tréta dira que c’est un conflit d’intérêt entre le choix de l’agro bisness et les petits exploitants qui se pose à Saou et à Sanamandougou à la suite de la mise en œuvre des instruments juridiques de la gestion des terres agricoles, ce qui explique la dépossession de ces populations de leurs terres cultivables. A l’en croire le dossier a été instruit à la justice afin de trancher entre les protagonistes. « On a diminué les petits exploitants au profit d’un industriel, le Pdg du grand distributeur céréalier du Mali (Gdcm), Modibo Kéïta », a indiqué le ministre Tréta. Avant d’ajouter que 20 000 hectares ont été octroyés à ce denier à la suite d’une convention avec les autorités.

Selon Oumar Mariko, il y a eu accaparement de terres puisque 34 villages dans ces zones de l’Office du Niger ont été dépossédés de leurs superficies agricoles sans leur montrer où ils vont pratiquer leurs activités de survie. Aucune solution n’a été proposée par le ministre pour soulager les sinistrés. Le ministre Tréta de dire qu’il n’existe pas au Mali ‘’ d’accaparement de terres’’ et Oumar Mariko de répliquer : « il existe bel et bien d’accaparement de terres au Mali d’autant que des villages entiers ont été dépossédés de leurs terres au profit d’une seule personne ».

Affaires des engrais frelatés

Se prononçant sur l’affaire dite engrais frelatés, le ministre du Développement rural a affirmé qu’une quantité importante d’intrants est hors normes. Il a précisé que sur la totalité des engrais (209 000 tonnes) seulement 10 000 tonnes ont été analysés et qu’il est avéré que 4200 tonnes, soit 37 %, sont hors normes. L’honorable Mariko, voulant en savoir sur les effets des engrais sur la production agricole et sur la vie humaine, n’a pas eu satisfaction. Tréta affirme que les analyses consistaient seulement à vérifier les normes des engrais alors que le député parlait des métaux lourds dans les engrais qui pourront affecter la santé humaine. S’agissant de la distribution et de la vente des engrais, Oumar Mariko voulait savoir comment les marchés ont été octroyés. Selon le ministre Tréta,  c’est un Gie créé conformément à l’acte uniforme de l’Ohada qui est chargé de l’achat et de la distribution des engrais. S’agissant de ce Gie mis en place, l’élu de Kolondiéba, Oumar Mariko, a été on ne peut plus clair : « je demande la dissolution de ce Gie voyou qui a été mis uniquement sur pied pour s’enrichir sur le dos du contribuable malien ».

Après une heure de discussions, l’honorable Mariko s’est dit insatisfait des réponses du ministre Tréta qui, selon lui, n’a seulement pas pu répondre clairement à ses différentes questions, mais n’a également proposé aucune solution pour éradiquer les problèmes qui l’incriminent personnellement.

Quand le ministre Sada Samaké nie l’évidence

C’est la troisième fois que le ministre de la  Sécurité et de la Protection civile, Sada Samaké est interpellé sur les mêmes sujets à l’Assemblée nationale. Il s’agit de la récurrente pénurie de passeports et cartes d’identité, de l’insécurité grandissante dans le pays, le refus d’exécution d’une décision de justice relative au maintien des élèves commissaires dans les rangs des forces de l’ordre et surtout l’exclusion abusive de certains syndicalistes de la police nationale.

Après avoir écouté les questions du député Mariko, le ministre reconnaîtra qu’effectivement, c’est sa 3ème interpellation en l’espace de trois mois sur le même dossier. Seulement, selon lui, le député Oumar Mariko se prête au jeu des élèves commissaires et du syndicat qu’il entretient. Avant d’assurer qu’il n’y a pas d’affaire concernant le syndicat. Mais selon lui, le député Oumar Mariko se sert d’arguments puérils et stériles sur ce dossier et en fait des exploitations politiciennes.

En ce qui concerne la pénurie des documents (carte d’identité et passeport), encore une fois, le ministre  Sada Samaké nie l’évidence : « il n’y a pas de pénurie de passeports et de cartes d’identité au Mali ». Pour lui, les grandes files d’attente pour les cartes d’identité et passeports dénotent de tout l’intérêt que les populations ont pour ces documents.

En ce qui concerne l’équipement des forces de sécurité, le ministre a mis au-devant le secret- défense pour dit-il ne pas révéler à l’ennemi les capacités de ces forces de sécurité. Pour son second passage, le député Omar Mariko laissera entendre que le ministre n’a pas répondu à  ces questions. Qu’il a plutôt vu un politicien en train d’animer un meeting politique. En revenant sur la question des élèves commissaires, le député Mariko fera remarquer qu’il est seulement demandé au ministre d’appliquer la loi. Mais au lieu de le faire correctement, le ministre Samaké est en train de faire une application de façon sélective. « Vous n’avez pas répondu à mes questions parce que vous n’avez pas de réponses en réalité », a laissé entendre Oumar Mariko. Qui révèle par ailleurs qu’une élève commissaire a été régularisée et un officier nommé au grade de contrôleur divisionnaire, un grade qui n’existe pas au Mali.

Sada Samaké dans tous ses états

Cette intervention d’Oumar Mariko a mis le ministre Sada Samaké dans tous ses états. Du coup, il accuse  Mariko de faire le jeu des élèves commissaires et du syndicat. Mais aussi d’être la cause de l’emprisonnement de certains jeunes officiers ayant participé au coup d’Etat du 22 mars 2012. « Il faut mettre dans votre tête qu’il n’y aura plus de coup d’Etat au Mali. Des jeunes officiers impliqués dans le coup d’Etat de 2012 croupissent en prison  par votre faute car ils  ont refusé de dire la vérité », a fulminé le ministre Sada Samaké. Avant de poursuivre : «  il y a suffisamment de cartes d’identité et passeports disponibles et la distribution se passe bien. J’ai l’impression que ma présence au gouvernement dérange Oumar Mariko qui s’agite contre ma personne. Je n’ai plus rien à prouver au Mali puisque mon parcours est édifiant. ».

La réponse d’Oumar Mariko ne s’est pas fait attendre. « Je vous connais aussi. Vous n’avez jamais été un officier de terrain, vous êtes sorti lieutenant plein lorsque les autres sortaient sous-lieutenant »…

Intervenant par la suite Oumar Mariko n’est pas allé par le dos de la cuillère. Il a traité lui aussi le ministre Samaké d’agitateur. C’est justement ce mot qui provoque l’ire du président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé, qui a demandé à Oumar Mariko de le retirer séance tenante. C’est suite à ce malentendu que le président Issiaka Sidibé a suspendu les débats avant la fin du temps imparti.

Aliou Touré

 

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4 COMMENTAIRES

  1. Les deux Bakary Zonkèba des engrais frelatés!

    -Bakary Togola: Eh n’tomma, ces engrais ne sont pas bon deh!

    -Bocary Treta: Tu la fermes toi, tu veux t’enrichir très vite ou tu veux faire le paysan toute ta vie?

    -Bakary Togola: Mais oui n’tomma, je veux être riche et très vite.

    Tièh Dabakala kèlédo kan singuè tièh!

    J’en ai marre!

    -Bocary Treta: Bon si tu en as marre, j’ai 60 milliards à bouffer rapidement.

    Veux-tu être mon complice pour acheter des engrais hors normes pour nos paysans?

    -Bakary Togola: Ah oui oui, je suis d’accord!

    -Bocary Treta: Allez c’est parti, on achète 40000 tonnes d’engrais frelatés d’un seul coup.

    -Bakary Togola: frelatés? Mais c’est ça va tuer les paysans…

    -Bocary Treta: Comme ça, tu récupèreras les champs de ceux qui seront morts.

    -Bakary Togola: Mais ils vont mourrir par millions.

    -Bocary Treta: C’est très bien, comme cela tu auras des millions de champs rien que pour toi.

    -Bakary Togola: Mais c’est génial ça, comme ça je loue mes champs et je quitte le Dabakala tout en ayant de l’argent.

    Non N’tomma tu es un génie!

    -Bocary Treta: En plus d’être génie, je suis docteur!

  2. Encore une fois moi, j’ai suivi les 3 interpellations du ministre de la sécurité avec beaucoup d’intérêt. Lors de la première fois, il a donné le nombre de passeports comme besoin, le stock, le prix et les voies d’obtention ainsi que le delai et toutes les dispositions prises pour son accessibilité. Sur ce point, on ne peut pas être plus clair.
    par rapport à la carte d’identité nationale, il a donné le prix, les mesures prises pour la mise à disposition des citoyens.
    Quant à la sécurité, il n’a jamais nié que tout n’est pas parfait, mais que des efforts sont déjà consentis, compte tenu de la situation particulière que le pays vit ces derniers temps, il invite
    tous les fils du pays à collaborer avec eux pour barrer la route aux ennemis.
    lors de la troisième interprétation, il a dit qu’il souhaiterait que les questions relatives à la sécurité nationale soient débattues à hui clos.
    Concernant la situation des élèves commissaires, il reconnaît la décision de justice, mais techniquement, l’application n’attend que le moment opportun.
    En conclusion, objectivement, quelles autres réponses attendions nous de sa part?

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