Avec des voix discordantes comme celle de la vice-présidente Mme Konté Fatoumata Doumbia, qui croit dur comme fer que la place de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) est dans l’opposition et non dans la majorité présidentielle, au moment où le président intérimaire du parti, Pr Tiémoko Sangaré joue des pieds et des coudes pour que l’ADEMA accompagne dans son entièreté le président IBK.
Dans la perspective du très attendu congrès du parti prévu en mars prochain, les responsables, les militants, les députés adémistes se réuniront demain dans un grand conclave à l’Hôtel Radisson. Cette journée parlementaire, qui se tient 24 heures après celle de la majorité présidentielle au même endroit, est un signe d’attachement et de fidélité des abeilles au parti présidentiel. Elle apparaît aussi comme un avant-goût des assises statutaires de refondation annoncées pour le mois de mars prochain.
Ainsi, les 16 députés de la ruche, les cadres et les membres des commissions spécialisées seront en face des dirigeants du parti pour échanger sur le rôle du député, les rapports entre lui et la direction du parti, la place du groupe parlementaire au sein de la majorité. C’est sur ce sujet que des dissensions peuvent surgir dans la mesure où il semble que certains députés sont dans la mouvance de la vice-présidente Mme Konté Fatoumata Doumbia, qui estime que le RPM n’a pas besoin de l’ADEMA pour gouverner. Et du fait des engagements antérieurs, le parti de l’abeille doit aller dans l’opposition.
En effet dans un récent entretien, Mme Konté, qui est le maire de la commune I du district de Bamako déplorait le fait qu’à l’issue des dernières législatives, l’Adéma, qui pourtant avait une majorité relative à l’Assemblée Nationale, est arrivé en 3ème position après le RPM et l’URD. “Vous comprendrez donc aisément toutes les frustrations de nos militants et aussi les inquiétudes des cadres et responsables sincères de notre parti… “, avait-elle déclaré.
Concernant l’avenir du parti de l’abeille, Mme Konté Fatoumata Doumbia a indiqué que dans l’immédiat, le parti doit simplement s’assumer. Prenant à contre-pied du président par intérim, Pr Tiémoko Sangaré, qui disait récemment que l’ADEMA fait partie de la majorité présidentielle. Me Konté avait notamment déclaré : “Moi, je reste convaincue que notre place est dans l’opposition. Nous devons être assez responsables et intelligents pour comprendre que les Maliens pensent aujourd’hui que nous sommes restés longtemps au pouvoir et veulent une nouvelle gouvernance même si quelque part le gouvernement ne reflète pas cette exigence. Mais je crains que je ne sois parmi la minorité à analyser la situation comme telle ; parce qu’en réalité, la culture de l’opposition est très mal appréhendée et a été un des plus grands déficits de la démocratie au Mali : elle doit être inculquée à nos cadres et responsables au sein des grands partis politiques comme le notre et au niveau national. Aujourd’hui le RPM, avec ses alliés, constituent la majorité absolue. Il n’a pas besoin de nous. A moyen et long termes, nous devons aller courageusement et résolument vers la refondation et vers la reconstruction de notre parti. Une formation politique qui regorge encore de militantes et militants sincères, de cadres honnêtes et crédibles”.
A la question de savoir quelle lecture cette “dame de fer” fait des résultats des élections législatives, l’édile a assuré que ces résultats confirment ceux de l’élection présidentielle et interpellent tous les cadres et responsables du parti. Mais elle reste amère : “Moi, personnellement, je ne suis pas convaincue de la régularité de ce scrutin. De plus de 50 à 16 députés pour l’ADEMA dont une seule femme, cela se passe de tout commentaire. Il me rappelle un tract lancé en 2002 en Commune II, qui parlait du décès de l’Adéma après la proclamation des résultats par la Cour Constitutionnelle et de ses obsèques après l’élection d’IBK à la présidence de l’Assemblée Nationale. En 2002, 33 députés nous ont quittés pour aller au RPM, il faut espérer que tous les 16 élus actuels vont rester dans le parti ” .
Quand on sait que Mme Konté est une dame très influente et membre de l’organe dirigeant du parti, on peut craindre que son analyse fasse des émules et entraîne une guéguerre entre les “pouvoiristes” de l’ADEMA et ceux qui sont prêts à aller dans l’opposition.
En outre, il faut noter qu’il y a un courant réformiste au sein du parti (incarné par le candidat malheureux à la présidentielle 2013, Dramane Dembélé et d’autres cadres jeunes décidés à insuffler un nouveau sang à la ruche. Etant entendu que ce courant de rénovateurs ou de refondateurs veut monter en puissance en prenant les rênes du parti, la rencontre de demain leur offrira une occasion de marquer le terrain. On peut alors craindre que la journée parlementaire de ce 18 janvier ne soit pas un lieu de pugilat entre «frères ennemis».
Bruno Djito SEGBEDJI
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