Assemblée nationale : Des attributions de l’Anpe à l’Onef

0

Mali : quand l’Assemblée nationale fait peau neuveJeudi dernier, on a assisté sans doute à une des plus brèves plénières de la session. Pourtant, l’ordre du jour était riche et annonçait une question orale et des projets de loi à examiner. Mais, à l’arrivée, il y a eu beaucoup de renvois.

D’abord la question orale de l’honorable Ilias Goro, élu à Douentza a été renvoyée à une prochaine plénière, le président de l’Assemblée ayant annoncé que le ministre concerné, celui des Affaires religieuses et du Culte est en mission.

Pour les textes à examiner, deux ont été renvoyés pour complément d’information. Le premier était relatif à la proposition de loi modificative de la loi N° 2013-008 du 6 mai 2013 portant création du centre de traitement des données de l’Etat civil. Un texte initié par l’honorable Mamadou Doumbia. Le second était en fait deux textes liés relatifs à la reconnaissance et à l’équivalence des diplômes, grades, certificats et autres titres dans les Etats membres de la Communauté économique des Etats de l’ouest africain (Cedeao) d’une part et d’autre part, la coopération en matière d’éducation et de formation entre les Etats membres de la Cedeao.

Par contre les élus ont examiné et approuvé à l’unanimité des 122 députés ayant pris au vote le projet de loi portant modification de l’ordonnance N° 01-016/P-RM du 27 février  2001 portant création de l’Agence nationale pour l’emploi.

L’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) est un établissement public à caractère administratif créé en 2001 par l’ordonnance n° 01-016/P-RM du 27 février avec pour mission de contribuer à la mise en œuvre de la politique nationale de l’emploi. Les attributions spécifiques concernent la collecte, la centralisation, l’analyse et la diffusion des données relatives au marché du travail. L’agence s’occupe aussi de la prospection, de la collecte des offres d’emploi auprès des employeurs et de la relation de l’offre et de la demande d’emploi. Elle assure l’accueil, l’information et l’orientation des demandeurs d’emploi, promeut l’auto emploi à travers l’information et l’orientation des futurs employeurs, réalise les activités en relation avec les missions qui lui seraient confiées par l’Etat, les collectivités ou les établissements publics, les études sur l’emploi et la formation professionnelle. L’Anpe a aussi pour mission de concourir à la mise en œuvre des activités de formation professionnelle, de perfectionnement, de reconversion et d’insertion, de concevoir et mettre en œuvre des mécanismes et des actions destinées à assurer la promotion de l’emploi, notamment l’emploi féminin.

Cette ordonnance portant création de l’Anpe a été ratifiée par la loi n° 01-019-du 30 mai 2001.

Par ailleurs, la conférence des ministres en charge de l’emploi et de la formation professionnelle de l’espace Uemoa avait préconisé, en 2010, la création d’un observatoire sous-régional de l’emploi et de la formation professionnelle ainsi que la création ou la redynamisation des observatoires de la formation professionnelle. Ici au Mali, l’Observatoire national de l’emploi et de la formation (Onef) a été créé par l’ordonnance n° 2013-024/P-RM du 30 décembre 2013 ratifiée par la loi n° 2014-02 du 26 mai 2014.

Ainsi les attributions de l’Anpe concernant la collecte, la centralisation, l’analyse et la diffusion des données relatives au marché du travail ont été confiées à l’Onef pour fournir aux décideurs et usagers des informations fiables et régulièrement actualisées sur le marché du travail, au niveau national et régional, pour une meilleure régulation de ce marché.

Pour assurer la cohérence de la politique nationale de l’emploi, dans les missions et attributions de ces deux structures concourant à sa mise en œuvre, il est proposé par le présent projet de loi de supprimer les missions de l’Anpe liées à la collecte, à la centralisation, à l’analyse et à la diffusion des données relatives au marché de l’emploi, celles-ci étant déjà transférées à Onef.

Les personnes ressources écoutées par la commission saisie au fond approuvent à l’unanimité ce texte qui est une recommandation du Conseil des ministres lors de l’adoption des textes de création de l’Onef et le résultat d’un engagement sous-régional du Mali. De façon globale, l’impact du projet de loi va conforter et optimiser la politique nationale de l’emploi en spécialisant les organismes personnalisés intervenant dans sa mise en œuvre.

On pense que le texte va permettre d’avoir une meilleure connaissance du marché du travail par secteur économique en lien avec l’offre de formation en vue d’une plus grande adéquation, de mesurer l’incidence des décisions et mesures législatives et réglementaires sur l’emploi et la formation, d’avoir une meilleure appréciation de l’incidence des investissements sur l’emploi, de créer une base de données sur l’emploi et la formation régulièrement mise à jour et d’améliorer la qualité des prestations en matière d’intermédiation.

L’Onef, quant à lui, sera la structure responsable de l’analyse des données collectées sur l’emploi et la formation en vue de faire des recommandations appropriées et pertinentes aux décideurs.

Ainsi, l’Anpe se consacrera entièrement à sa mission originelle d’agence d’exécution de la politique nationale de l’emploi.

Mamadou Diakité

 

Langue de bois à l’hémicycle

Depuis toujours, l’élue de Bourem plaide en faveur des jeunes. En plus, lors la rentrée, ce week-end, de la Coordination des partis de la majorité, Aïcha Cissé Haïdara, alias Chato, revient sans détour sur les divergences entre le pouvoir exécutif et législatif.

De prime abord, Aïcha Cissé Haïdara, à cheval sur l’emploi des jeunes, réclame le transfert des compétences au niveau de l’administration et au sommet de l’Etat. 

Là où, la vieille garde estime que les jeunes leaders ou fonctionnaires manque de back grounds, Chato défend le contraire. Pour elle, les partants à la retraite doivent seulement partager leurs savoirs à eux transmis et leurs expériences acquises au fil de leur carrière. Car, c’est tout bénéfice pour la jeunesse et la nation qu’il incarne ès commis de la République.

En ce qui concerne les prérogatives des députés qui suivent de près, disent-ils, les réformes gouvernementales, Aïcha Cissé Haïdara exibent les projets de lois du gouvernement qui ne font pas l’unanimité. Si au nom de la majorité, le parlement les votent, elle est toutefois contre la stigmatisation de ses collègues réticents dans le cas d’espèce.

Selon elle, les députés détiennent le droit de dénoncer toute faille dans un projet de loi afin qu’il soit revu, corrigé et adopté pour répondre aux normes. Une façon, pour la combattante de l’intox médiatique des rebelles du Nord, d’attester que la majorité n’est pas un bénie oui ! Oui!

A l’en croire du reste, «l’interpellation est mal comprise alors qu’elle permet au gouvernement de revoir sa copie. Aucune intention de procès ne doit être prise en compte. C’est de cette façon que l’exécutif peut se remettre en cause», explique-t-elle et assure que le parlement s’exprimera de façon fréquente sur les sujet sensibles afin que le peuple sache à quoi s’en tenir. Pour elle, le parlementaire doit tenir un langage «clair et vrai» avec le gouvernement.

Par ailleurs, la représentante de Bourem met en avant le défi sécuritaire auquel le pays est confronté dans sa partie nord. Chato s’inquiète en fait de l’insécurité dans le Septentrion. Des menaces de guerre civile y planent et si l’on y prend garde, il sera difficile de les stopper à temps. Elle révèle avoir débarqué à Bourem (Ndlr : Vendredi 14 Novembre) pour une médiation dans la commune de Bamba où, elle déplore : «Les enfants d’un chef de village ont été massacrés par des bandits armés identifiés. Leurs parents étaient prêts à en découdre et une guerre civile s’annonçait». C’est la raison pour laquelle le gouvernement l’y envoya en compagnie de 15 personnes ressources pour calmer les esprits. Sa médiation porta ses fruits. Mais, la question sécuritaire reste toujours précaire dans cette bourgade et ailleurs dans le Nord. L’honorable Chato appelle donc les cadres politiques de la majorité à prendre des dispositions idoines après le pourparler d’Alger, entre autres sujets sensibles, notamment les accords et le concept de régionalisation, pour les expliquer en langues locales aux Maliens de la campagne. «Ainsi, dixit Chato : la population du Mali, dans sa diversité linguistique et ethnique, pourra se sentir concernée pour la bonne marche en avant de leur pays». Voilà un langage audible qui s’écarte de surcroît de la langue de bois pour que la paix règne définitivement au Mali.

Idrissa Kéïta

 

 

Commentaires via Facebook :