Arrestation d’Amadou Haya Sanogo : IBK peut-il réellement s’assumer ?

C’est connu et su de tous les observateurs avertis de la scène politique malienne, IBK était l’un des maillons les plus faibles pour aborder les dernières élections présidentielles. Alors, il était même prêt à pactiser avec le diable pour arriver à ses fins. Sans murmure ni hésitation, l’homme fort de Sébénicoro se met au service des putschistes et des islamistes pour pouvoir réaliser son rêve : être Président de la République du Mali. Quoi qu’il advienne ! Et le reste sera décidé par l’histoire. En décidant donc d’arrêter Sanogo, comment IBK va-t-il s’assumer ? Quels seront ses arguments si Sanogo faisait des révélations fracassantes ? Notre enquête exclusive sur une situation qui risque de bouleverser l’Etat dans ses fondements.

N’ayant aucun moyen certainement légitime de jouer le jeu, le psychologue Professeur émérite Dioncounda Traoré a balisé le terrain pour le nouveau pouvoir. Il s’est agi pour lui de sortir par la grande porte avec l’organisation d’élections (quelles qu’elles soient) mettant en place la 1ère institution de la République en place, le Président de la République. Chose mûrie et exécutée à la lettre. Et puis monter un plan Marshall pour que tous ses agresseurs et leurs complices payent les frais. Cette action vient de débuter avec les arrestations des porteurs d’uniformes en attendant celles des civils.

SANOGO AUX ARRETS, DES GENS JUBILENT  

L’arrestation spectaculaire voire humiliante de l’allié et un des bailleurs de fonds d’IBK lors des dernières présidentielles fait jubiler de nombreux maliens. Même s’il reste quelques vrais adeptes du Capitaine bombardé Général à se grincer les dents et à vouloir faire des révélations. Majoritairement, les Maliens, les Africains et les Peuples à travers le monde s’en réjouissent. Tout simplement, parce que la junte malienne a débordé en oubliant que toute chose dans la vie a une fin. Soit heureuse ou malheureuse, sauf l’unicité du bon Dieu. Ainsi de son coup d’état à la fin de la transition, elle a commis trop de bévues et dans tous les domaines. Aussi bien humaines, sociales qu’économiques. Pourtant, cette junte devait savoir que le temps est révolu de régner en maître absolu comme si rien ne pouvait lui arriver. Surtout qu’elle n’a eu le soutien d’aucune puissance étrangère encore moins les organisations sous régionales que régionales. N’étant pas aussi jeunes que l’on peut le croire, comment Sanogo et son clan ne sont pas parvenus à éviter des exactions ? Malheureusement pour eux, ils ont été très naïfs en oubliant que tous les hommes politiques sont de même père et de même mère. C’est-à-dire qu’ils sont condamnés à cheminer ensemble quelque soient leurs divergences. Aussi ce sont des hommes et femmes qui sont capables de se tuer pour le pouvoir. Mais lorsque l’un l’a, ils cherchent à travailler en symbiose. La toute preuve, le Rpm a cheminé avec l’Urd, avec l’Adéma, avec le Parena, etc., lors des législatives.

COMMENT IBK VA-T-IL S’ASSUMER ?

Il est très difficile aujourd’hui pour IBK d’aller au bout de ses efforts dans cette situation. Puisque, selon des proches très proches de Sanogo, IBK ne peut nullement pas juger Sanogo. Disent-ils : “Nous avons beaucoup de papiers compromettants, de vidéos et de sons à l’encontre d’IBK. Alors, nous lui demandons de libérer Sanogo avant que nous ne parlions. Il en va de sa crédibilité et de celle de son pouvoir. Sinon, Sanogo a débloqué d’énormes sommes pour aider IBK sans oublier son influence sur les militaires et même dans les Mosquées à voter IBK. Sinon, encore à un mois du 1er tour Soumaïla Cissé était le probable Président de la République en ballotage avec Modibo Sidibé au 2ème tour. …”. Jèjugu laban yé niogon tioronyé (le mauvais partenariat ou la mauvaise compagnie finit toujours par la trahison), en vérité, en vérité. Alors, l’arrestation de Sanogo devient du coup un couteau à double tranchant.

Primo, afin de faire plaisir à l’opinion internationale et de pouvoir gérer tranquillement le pays, il est obligé de se débarrasser de Sanogo. Le scénario qu’il avait prévu était, de sources sûres, de l’envoyer en Asie. Mais, avec la forte pression montée par la France et la CPI (cour pénale internationale) et à quelques jours de la rencontre en France, la seule alternative était de l’écrouer comme un malpropre. Surtout que le jeune putschiste s’entêtait à ne vouloir rien accepter et ne rien entendre.

Secundo, malgré les élections, Sanogo demeure un problème et il a toujours des intentions à vouloir gérer le Mali. Alors, avec les contestations qui fusent de partout et surtout l’incapacité notoire d’IBK et de son gouvernement à gérer la situation de Kidal, toute sorte de scénario est envisageable.

Désormais, Président de la République, il doit s’assumer en se mettant au-dessus de la mêlée. Afin qu’il puisse réaliser les objectifs à lui assigner par le peuple malien en « votant massivement » pour lui. A cet effet, il doit non seulement juger Sanogo mais aussi tous ses compagnons et alliés qui ont pris part aux exactions. Egalement, toute la lumière doit être faite sur le passage à tabac du Président Dioncounda, du contre coup d’état, des pillages des services publics entre autres. Donc, pour mieux s’assumer dans cette affaire de Sanogo, IBK est appelé à n’accepter aucune intervention ni un quelconque chantage. Il en va de sa crédibilité mais surtout de la suite à donner de son mandat. Un échec de cette affaire bien que Sanogo l’ayant aidé de toutes ses forces, s’il parle du Mali, de sa conscience et de Dieu, rien ne doit l’empêcher d’aller au bout de ses rêves. S’il a un rêve pour le Mali.

LES ARGUMENTS D’IBK SUR LE CAS SANOGO

Après le fameux communiqué du Gouvernement, les langues se délient sur l’arrestation de Sanogo. Les commentaires et même des suspicions vont bon train. Puisque certains voient derrière cette arrestation un règlement politique qu’IBK entend faire vis-à-vis de certains leaders politiques notamment du FDR qui sont accusés d’être des instigateurs du contrecoup. A cet effet, Sanogo serait mis à contribution pour les détruire avec un mensonge qui peut sembler vrai. Il est clair que si Sanogo doit parler, il n’épargnera personne. Notamment le Président IBK et beaucoup d’autres personnalités qui lui ont fait allégeance. Chacun avec son objectif et sa vision.

Pour se sortir de cette affaire, IBK alors doit avoir des arguments solides et valables. Il s’agit d’éviter tout d’abord de se justifier. Il est le chef suprême des Armées et le 1er magistrat du pays. De ce fait, étant parvenu à laisser Sanogo dans les mains de la justice, il doit laisser cette entité aller au bout de ses efforts.

Cependant, il y a une inquiétude c’est-à-dire le chef d’accusation (“complicité d’enlèvement de personnes”) de l’Etat contre Sanogo n’est-il pas de la poudre aux yeux des Maliens ? Pour qui sait qu’IBK en allant à la France-Afrique des 6 et 7 Décembre ne peut y aller ou ne sera pas bien reçu avec Sanogo dehors. Alors, l’arrêter sans lui opposer de véritables chefs d’accusation ne fera que le conduire à la liberté et à le pousser à dénoncer certains leaders pour qu’IBK se débarrassent de ceux-ci. Une façon de blanchir Sanogo afin qu’il puisse aller tranquillement à l’extérieur et bénéficier de son statut et de ses avantages.

En toute vérité, est-ce IBK peut juger et condamner Sanogo ? Ce serait très difficile au vu de ce qui les lie, de tout ce que Sanogo a fait pour lui. Puisqu’il faut le dire, n’eut été Sanogo et son mentor le Chérif de Nioro, IBK, malgré les tentatives qui étaient en jeu n’allait pas être le Président du Mali. Y étant devenu grâce à Sanogo, la sagesse recommande certaines vérités. Alors, qu’il ne nous prenne pas comme des moutons de panurge.

Quoi qu’il en soit, nous allons observer et nous  attendons la suite de cette affaire. Qui risque de bouleverser l’Etat malien dans ses fondements si et seulement si elle n’est pas gérée avec beaucoup plus de doigté.

Boubacar DABO

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