La crise au sein de l’ADEMA-PASJ n’est plus un mystère, ni un phénomène récent. La sincérité du directoire ne semble pas faire l’unanimité, mais le maintien de la discipline, qui s’avère dissuasive, demeure un devoir pour relever les défis.
Le microcosme politique national regorge de nombreux partis et regroupements politico-associatifs. Et tous ambitionnent ou sont censés lutter pour la conquête du pouvoir. Et la liste des partis politiques se prolonge de jour en jour, chacun cherchant à mettre dans son escarcelle des militants pouvant être décisif lors des élections.
Le cas de l’ADEMA-PASJ est préoccupant avec son sens de mobilisation incontestable, mais sa volonté de réaliser de grands objectifs est régulièrement vouée à l’échec. Et, depuis que ce parti a perdu le pouvoir en 2002, il ne fait que se contenter de collaboration avec les pouvoirs. Avec du reste des fortunes diverses.
Crises internes
L’on observe souvent que les leaders de cette formation politique ont de la peine à faire preuve de maturité pour mettre fin aux conflits internes, qui minent le parti. Et particulièrement, les divisions intestines qui ont affaibli la Ruche depuis le coup d’Etat de 2012, la plus ignoble de l’histoire du monde. Et l’on se rappelle que, lors de la tenue de l’élection présidentielle de 2018, le parti Adema a eu toutes difficultés relatives au choix pour le soutien ou pas du président sortant, Ibrahim Boubacar Kéita. Certains ténors avaient opté pour leur candidature, mais ils seront exclus par le Comité dirigeant, le Comité exécutif, pour « travail fractionnel et indiscipline politique ». Il s’agit en l’occurrence, du maire de Sikasso, Kalifa Sanogo et de Dramane Dembélé de l’ARDEMA. Ceux-ci auxquels pourraient s’ajouter le député démissionnaire de Baraouéli, Bouréima Dicko ainsi que le député de Kayes et vice-président du parti, Ahamada Soukouna, ont tous été voués aux gémonies par les dirigeants du parti de l’abeille. Ce qui avait plus que jamais affaibli la Ruche. Mais cela n’a pas empêché des initiatives de remobilisation et de refondation pour …reformater le parti de l’abeille solitaire.
C’est ainsi que certains acteurs avaient travaillé un moment pour que Soumeylou Boubèye Maïga, ex-vice-président de l’ADEMA, en devienne le nouveau leader. Mais des réticences ont plombé l’initiative, surtout que le leader de l’ASMA-CFP finira par quitter la primature sans gloire mais sous contrainte….
Toutefois, des observateurs avertis avaient tablé sur des signaux indicateurs de la fin probable des conflits internes tout en se référant notamment à la tenue avortée, au mois d’octobre dernier, de la conférence nationale du parti. Celle-ci devrait se tenir concomitamment avec le congrès des mouvements des jeunes et celui des femmes. Le report sine die de ces assises a laissé planer des soupçons sur les comportements du président du parti, Pr Tiémoko Sangaré. Ce dernier est accusé d’avoir fait le choix d’un candidat à diriger les mouvements des jeunes. Sans oublier ses dissensions avec certains ténors du parti comme l’actuel ministre de l’Administration territoriale, Boubacar Alpha Bah dit Bill.
En outre, la tenue de ces rencontres devrait permettre de mener le parti de l’abeille vers une certaine décrispation ou au moins un déblayage de terrain pour une renaissance. Dommage que le report à conservé intact les problèmes, qui pourraient se compliquer ?
En plus, des observateurs indiquent que « si l’Adema demeure ainsi sans tenir ces assises, personne n’hésiterait plus à conclure à son imminent effondrement ». car, le parti semble sombrer dans une léthargie, qui le fait ranger aux oubliettes. Toute chose qui pourrait secouer les convictions d’un cacique du parti comme Pr Dioncounda Traoré, qui estime qu’il « n’y a que l’Adema qui peut battre l’Adema ».
Faire régner la discipline, une nécessité incertaine
Pour assurer son développement et maintenir sa place au sein de l’échiquier politique, les militants du parti Adema devraient à tout prix respecter les règles établies. Et l’application stricte de ces règles et principes le conduira sans doute vers son renouveau. Mais la vie politique affichée de la reine abeille et celle de ses ouvrières demeurent, semble-t-il, incertaine. Car pour certains militants « il n’est pas facile dans un parti politique d’instaurer la discipline si son directoire n’est pas clair dans ses actions ».
En somme, le président du parti Adema Tiémoko Sangaré doit, non seulement rester fidèle à ses engagements en préservant les intérêts des militants. Mais aussi, faire en sorte que le parti maintienne sa place pour atteindre ses objectifs et cela dans la perspective des élections législatives, qui se tiendront en principe en mai-juin 2020. Quoi qu’il en soit, aucun regroupement politique ne peut relever les défis de l’heure, sans que le respect des textes en vigueur ne soit une obligation morale pour sa survie.
Yacouba COULIBALY