En fin de semaine dernière, le Front pour la Démocratie et la République, une mouvance opposée à ATT depuis la présidentielle 2007, s’illustrait par une initiative très originale à tous points de vue. Il a réussi, en clair, à briser la glace entre tendances antagonistes de la classe politiquer malienne, en les amenant à dialoguer et à se concerter sur une préoccupation commune : la sécurité, la stabilité et le développement. Le FDR en a réussi un coup certes, mais au prix d’une aliénation de sa vocation d’opposant, si l’on doit en juger par moult concessions faites à leurs interlocuteurs du camp présidentiel.
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A L’opposition les belles initiatives ; à la majorité les stratégies pour les récupérer. C’est du moins la déduction que pourrait inspirer cette sortie originale par laquelle le Front pour la Démocratie et la République conviait à la table des discussions les formations politiques les plus significatives de l’opposition et de la majorité, suscitant ainsi le dialogue et la concertation autour de préoccupations partagées. En deux jours de débats et échanges sans complaisances, la crème de la classe politique malienne – ainsi que leurs hôtes de pays voisins – ont pu visiter de fond en comble les dimensions de l’instabilité résiduelle au septentrion malien.
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Le sujet a mobilisé ce qu’il y a de plus respectables comme références et notoriétés sur la question du Nord-Mali. Soumeylou Boubèye Maïga et Tiébilé Dramé, ci-devant anciens ministres de la défense et des zones arides, M. Diagouraga, premier responsable du comité de suivi de l’Accord d’Alger, constituent quelques unes des compétences dont l’expérience a servi de repères pour des échanges très fructueux entre participants de divers horizons politiques, ethniques ou associatives. Au bout des deux journées de chaudes discussions, de confrontations d’idées et d’opinions, les acteurs concernés ont dégagé des pistes assez substantielles pour traduire les vertus d’une concertation sur les grandes préoccupations nationales. Plusieurs suggestions importantes ont en effet sanctionné l’atelier, à la grande satisfaction de ses initiateurs, lesquels en tiraient des retombées politiques jusqu’à l’instant où ils devaient concéder un pan entier de leur substance.
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À la faveur de l’atelier sur l’insécurité au Nord, les partis politiques du Front n’ont pas seulement étalé leurs divergences sur la problématique. Tandis que le RPM, dans un mémorandum ventilé pour la circonstance, privilégie un traitement rigoureux de la situation, le Parena souffle dans une trompette nettement différente et ne parait point s’opposer a dialogue comme solution préférée par la tendance politique de la majorité. Ce n’est point l’unique concession faite par le FDR, à l’issue de son dialogue avec la mouvance présidentielle. Cette dernière a également pu obtenir de l’opposition une collaboration beaucoup plus étroite avec le Gouvernement et les autres institutions de la République, quant aux activités concertées en perspective.
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Il s’agit d’un forum national et d’une rencontre sous-régionale sur l’insécurité que prépareront une commission paritaire ‘opposition – majorité’ sous le parrainage des hautes autorités. Cette initiative, faut-il préciser, émane de représentants de la majorité présidentielle comme Azaz Ag Loudagdag et Assarid Ag Imbarcaouane qui, en les faisant avaler à l’opposition, réussissent du même coup une aliénation de sa vocation principale. Comment peut on en effet côtoyer les pouvoirs dans de telles proportions et conserver son identité d’opposant ? C’est en réussissant une telle équation sisyphienne que le Parena, le RPM et leur suite prouveront qu’ils ne sont pas encore las de s’opposer.
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A.Keïta
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