Arcanes politiques : IBK en deçà de la crise malienne

9

L’atelier d’échange du Regroupement politique ‘IBK Mali 2012’ sur la crise malienne n’aura été que la montagne qui a accouché d’une souris. Après avoir mobilisé le ban et l’arrière-ban autour d’une question aussi cruciale, en fin de semaine dernière au CICB, le RPM et ses alliés ont plus fait étalage de connivence avec les putschistes qu’ils n’ont aidé le pays à sortir  de l’impasse par des propositions pertinentes.

ibrahim Boubacar Keita dit IBK

Annoncé par un véritable battage médiatique, ”l’atelier d’informations et d’échanges sur les propositions de sortie de crise” aura  surtout été un hold-up raté, au regard d’une intention à peine voilée de phagocyter la classe politique et de l’entrainer dans l’escarcelle du président du Rassemblement pour le Mali. En l’absence du Pr. Dioncounda Traoré et de Soumaïla Cissé à l’extérieur dans les circonstances qu’on sait, Ibrahim Boubacar Keïta – dont la notoriété a récemment pris un coup avec une position peu lisible sur le coup de force du 22 Mars – ne serait sans doute pas désintéressé par une occasion de redorer son blason et d’affirmer du même coup son leadership sur la scène politique.

Jusque-là en marge de toutes les actions et démarches concertées, celui qui s’est singularisé en claquant la porte au FDR a paradoxalement revêtu un manteau neuf de rassembleur, pour tenter de devenir le point de confluence de tous les efforts et initiatives politiques de sortie de crise. Pour ce faire, il a réuni autour de ses partisans une impressionnante brochette de forces politiques de tous bords, ainsi que de structures issues de divers horizons de la société civile. Objectif avoué : examiner de fond en comble la passe que traverse la nation malienne depuis le début de l’année. Il ne s’agit pas d’une première. Et si IBK et le RPM avaient été réceptifs aux mains tendues et sonnettes d’alarme antérieures – au plus fort des menaces prévisibles et pressenties sur les joutes de 2012 -, il aurait peut-être contribué à anticiper et prévenir une exacerbation de la crise.

Qu’à cela ne tienne, pour autant que mieux vaut tard que jamais. Sauf que le brusque retour de la tendance IBK dans les rangs – son renoncement à l’isolement, est-on tenté de dire – aura manifestement peu contribué à faire bouger les lignes du débat. On dirait même, sans crainte d’être contrarié, que la montagne du Tisserand a accouché d’une souris. Pas seulement parce que l’atelier du RPM et alliés a été assorti de propositions qui pèchent par leur maigreur et leur défaut de pertinence, mais aussi et surtout parce que la rencontre, dans sa substance, n’a fait que confirmer davantage  le grand fossé qui les sépare du cercle des démocrates, puis le grand mal qu’éprouve le ”Kankélentigui” à recouvrer sa franchise et son habituel langage de clarté, depuis que le coup d’Etat est perçu dans son camp comme une occasion inespérée de rebattre les cartes des équilibres politiques.

En effet, loin d’avoir émerveillé et gratifié l’opinion de propositions novatrices, l’atelier d’information et d’échanges sur la sortie de crise aura par ailleurs consacré un recul par rapport aux démarches jusque-là enclenchée dans le sens d’une résolution des équations. Ainsi, à défaut d’oser ouvertement franchir le rubicon d’une remise en cause de l’accord-cadre et du retour à l’ordre constitutionnel, les mesures préconisées par les adeptes d’IBK incluent, par exemple, un Conseil National de Transition, sans doute un organe supplémentaire qui pourrait le disputer aux institutions républicaines traditionnelles. Parmi celles-ci figure naturellement l’Assemblée Nationale, une institution amputée de certaines de ses attributions et ravalée pratiquement à sa plus simple expression d’instrument de légalisation du putsch, selon les actes de l’atelier.

Du reste, lesdites résolutions se résument essentiellement en un clin d’œil très indiscret à la junte, au détour notamment d’un plaidoyer ouvert en faveur du CNRDRE, pour ce qui est de la paternité de la gestion du comité de défense nationale et du comité militaire de suivi de la réforme des forces armées et de sécurité. Par ailleurs, les alliés politiques du candidat et président du RPM n’ont fait avancer le débat d’un iota, par rapport à certaines grandes questions ayant récemment divisé la classe politique et la société malienne. À l’instar des autres putschistes ouvertement et plus courageusement affichés, leur position reste figée jusqu’à la limite du dogme, quant à la tenue d’une concertation nationale.

En plus de n’avoir pas réussi à s’illustrer par des propositions plus originales dans les domaines de la sécurité tout comme de l’urgence humanitaire, ”IBK-Mali 2012” verse également dans l’escamotage des sujets et de certains aspects de la question, probablement pour mieux entretenir sa connivence avec la junte. Comment expliquer autrement qu’un atelier sur la crise malienne réclame des enquêtes internationales sur les tueries d’Aguelhoc et demeure en même temps muet sur les atrocités d’une ampleur similaires telles que celles commises à Bamako, lors des affrontements entre éléments armés de la caserne de Kati et du 33ème Régiment des Commandos Parachutistes ?

Ce n’est point l’unique question mise sous le boisseau par une rencontre qui prétendait déboucher sur des propositions de sortie de crise, sans pour autant en mesurer l’étendue et les contours réels. Parmi les facteurs de crispation occultés, on ne saurait par exemple passer sous silence la constante remise en cause des acquis et fondements démocratiques par des arrestations et détentions arbitraires, sélectives et extrajudiciaires, les enlèvements de personnes ciblées selon leur allégeance au coup d’Etat, etc. Et que dire de l’agression du président de la transition sur laquelle les enquêtes piétinent et qui pose pour le moins la problématique de sécurisation des institutions de la transition ou encore des circonstances  d’occupation des régions Nord du Mali? Autant de questions susceptibles chacune de porter les germes d’autres crises ou d’en rajouter à la crispation actuelle. Leur absence au chapitre, qu’elle découle d’une mégarde ou qu’elle soit faite à dessein, jette pour le moins le doute sur l’aptitude des initiateurs du débat à se hisser à la dimension des équations auxquelles le pays est actuellement confronté.

A.Keïta

Commentaires via Facebook :

9 COMMENTAIRES

  1. IBK est vieux pour etre president moi je l’estimais mais quand nous avons compris qu’il avait été l’investigateur de ce qui est arrivé a soumaila cissé et modibo sidibé jai ete indigné .il ne sait pas qu’il na fait qu’elever leurs cotes.

  2. En ce qui concerne les tueries d’AQUEL’HOC de nos soldats le gouvernement d’ATT avait dejà demandé une enquête internationale. Nous étions tous d’accords avec cette enquête reclamée par le gouvernement.Quand l’atelier de IBK et ses camarades demande une enquête internationale sur ces mêmes tueries cinq mois après, cela veut dire que (IBK-MALI2012) est en dephasage avec les problèmes du MALI. Ou encore ils(IBK et ses camarades) cherchent à distraire le peuple du vrai problème actuel du Mali pour remedier à leur soif du pouvoir.Au lieu repeter ce qui les autres ont dejà dit il ya longtemps ils doivent denoncer les exactions anormales sur les paisibles populations de BAMAKO et AILLEURS au MALI. En bref on a compris maintenant qu’ils sont complices des soldats fuyards qui sont venus semer du desorde à BAMAKO ici.

  3. IBK trébuche et persistera dans ses errements. Voilà quelqu’un qu’on croyait ferment defenseur des valeurs républicaines. Mais cela sans compter de sa soif du pouvoir. L’homme IBK est devenu meconnaissable. Ses déclarations frôlent l’hypocrisie.

  4. Plus faux qu’IBK, tu meurs. IBK n’a jamais été un GRAND HOMME POLITIQUE. Sa popularité s’arrête dans la ville de Bamako (un peu moins de 30%). Il ne fait que se leurrer depuis des années. Il a intérêt à prendre sa retraite ici et maintenant

  5. En dehors de toute plaisanterie, veuillez Monsieur le journaliste faire votre introspection et demander à Allah, notre Seigneur qu’il vous aide à vous souvenir des versets de Al-Fathia!..

    A un moment aussi critique dans la vie d’une Nation – et pas seulement le Mali – votre liberté d’expression, protégée dans le pays, devrait plutôt vous permettre de joindre les fils du pays pour trouver une solution à la crise. Votre mauvaise foi ne trompe aucun de vos lecteurs . Tournez votre plume au service du bien et dites la verité comme vous le devez dans votre profession:

    Les propositions de IBK pour une sortie de crise, comparées à tout ce que nous avons reçu de la CDEO à nos jours, paraissent sans conteste les solutions les plus adéquates pour le Mali.Vous êtes invité à y contribuer comme tous ceux qui le peuvent.

    Votre harangue contre IBK est injustifiable et clairement partisane. Rendez-vous utile: taisez-vous, oubien ne laissez pas votre haine vous empêcher de participer à la reconstruction nationale.

  6. Mr A. KEITA, on ne convoque pas des cadres autour d’un sujet ” propositions de voies de sortie de la crise” et se mettre à répéter des condamnations des actes et des faits, surtout que ces choses ont été faites précédemment. Des débats pour sortir d’une crise doivent se focaliser sur des visions consensuelles et non l’arrangement à la position d’une partie fusse-t-elle celle que vous JOURNALISTE POLITIQUE défendez.Bien sûr qu’on est supposé avoir tiré des leçons de toutes les dérives vécues. ON parle de ce qui unit ou unifie que de ce qui relève de positions extrémistes de quelque bord que ce soit.
    La DEFAITE de votre analyse se sent dès le début de l’article, où vous situez le positionnement d’IBK par rapport au retrait circonstanciel de vos deux autres MENTORS. Comprenez ceci (loin de moi l’envie de condamner votre article puisque vous en êtes libre et surtout d’avoir votre position POLITIQUE): Il ne peut être question pour un courageux de se taire parce que des peureux ont fui. Cet adage est à votre DEPENS. Acceptez de le DIGERER

  7. journaliste escros laisser ibk en paix………………………leeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee nord.bande d ….

Comments are closed.