Bientôt des démissions au sein des partis politiques, guerre d’égos dans l’opposition : à quelques mois de la présidentielle au Mali, petits calculs et grandes manœuvres ont déjà commencé à Bamako.
Dans quelques mois, ce sera la guerre d’idées au sein des formations politiques. Des figures emblématiques vont bientôt lâchés leurs camarades de lutte politiques pour se lancer dans la course présidentielle en indépendant. Si au sein du Rassemblement pour le Mali il y’a une accalmie, tel n’est pas le cas à l’Adema, au Parena, Yéléma et autres. Car dans ces formations politiques, des figures politiques bien connues dans le pays sont prêtes à tout pour se faire une place au soleil. Donc, prêtes à démissionner pour tenter leur aventure politique. Dramane Dembélé et Kalfa Sanogo à l’Adema sont des principaux rivaux du président Ibrahim Boubacar Kéita, candidat à un deuxième mandat. Et dans cette guerre de positionnement, des députés sont aussi prêts à démissionner avec fracas de leurs formations politiques pour protester contre la vision de leur parti. Une manière pour eux de s’inviter à la mangeoire des différents candidats qui vont se déclarer dans cette course présidentielle de 2018. Ce courant va rassembler surtout des jeunes qui sont, eux, faciles à appâter avec de l’argent. Une sorte d’asthénie va progressivement s’installer dans le pays, au cours des mois à venir. Des militants sont prêts à tirer à boulets rouges contre certains de leurs camarades de parti, les accusant de “mépriser les faibles et les moins nantis par une exhibition indécente des signes extérieurs de richesse” et de “corrompus pensant qu’à leur seul intérêt“. Certains partis créent en leur sein un “conflit de génération” en “désacralisant les rapports entre les aînés et les cadets”. Regardez les opposants maliens : ils ont tous passé au moins 20 ans au sein de leur parti. Si le pays va mal c’est en grande partie leur faute, alors quelle est leur crédibilité ?”, ironise une source. Signe que la sérénité n’est pas totale surtout au sein de la coordination des partis de la majorité présidentielle, et IBK est en train de travailler sur la question, car très bientôt, il va recevoir les responsables des partis de la majorité présidentielle, ainsi que les députés. Ceci afin d’éviter d’autres mauvaises surprises et s’assurer le soutien de sa majorité jusqu’à l’élection. “Il y a beaucoup de mécontents, de gens qui regrettent le temps d’ATT, au Parlement comme dans les instances dirigeantes des partis, ou au gouvernement”, explique un observateur averti de la politique malienne. Mais beaucoup savent aussi qu’ils ne doivent leurs postes qu’au boss de Koulouba, et n’osent pas claquer la porte. Du côté de l’opposition, l’ambiance n’est pas vraiment à l’unité non plus, malgré les promesses d’“Union sacrée”. Cette opposition aura du mal à parler un même langage pour espérer présenter une candidature unique à son sein. Depuis, les divisions n’ont cessé de se creuser. La liste de prétendants à la magistrature suprême devrait encore s’allonger dans les mois à venir. Dans le cadre d’une élection avec un enjeu très disputé, “plus il y a de candidats, plus ça profite à Ibrahim Boubacar Kéita… Mais les opposants sont pour l’instant incapables de s’unir, ils se connaissent bien et la plupart se détestent”, souligne l’observateur : “c’est une guerre d’égos”. Que dire alors de la mouvance présidentielle !
Paul N’GUESSAN