Pour Dr Alou Sylla et Mme Dembélé Bintou Kéïta, respectivement président et directrice générale d’ARCAD-Sida, il y a lieu de faire une distinction nette entre ARCAD-Sida et ses sous-bénéficiaires sur le plan de la gestion financière. Et surtout, quand on sait que sur les 107 millions, seulement 0,04%, soit 3 057 000 FCFA, sont réellement imputables à ARCAD-Sida. Que s’est-il donc passé pour que l’Association de Recherche, de Communication et d’Accompagnement à Domicile de personnes vivant avec le VIH (ARCAD-Sida) perde cette somme ? A ARCAD-Sida, on se refuse à parler de détournement et on explique que cette somme n’a jamais été dilapidée comme soutenu dans le rapport du Bureau du Vérificateur Général. Dr Alou Sylla et Mme Dembélé Bintou Kéïta ont donné, point par point, le détail de l’utilisation de ces 3 057 000 FCFA. Pour ces responsables, sur les 3 057 000 de FCFA, 2716 974 FCFA représentent les frais de missions, de factures hôtelières et autres charges liées au déplacement d’une délégation d’ARCAD-Sida qui a assisté à la conférence d’ICASA en 2010 à Casablanca au Maroc.
En réponse au BVG qui les accuse d’avoir engagé et payé sur la base de simples messages électroniques, Dr Alou Sylla et Mme Dembélé Bintou Kéïta expliquent : «les frais ont été engagés à l’avance sur la base de mail pour payer l’inscription et la réservation d’hôtel et il était demandé aux agents d’ARCAD-Sida, ayant participé à ladite conférence, de réclamer les factures une fois arrivé sur place. Mais la banque de la structure qui organisait la rencontre n’a pas constaté l’enregistrement des montants virés sur son compte bancaire avant le départ des participants du Maroc, d’où son refus de délivrer les factures» ont précisé les responsables d’ARCAD-Sida. Autre facture jugée pas crédible et qualifiée de fonds dilapidés par le rapport du BVG, c’est celle couvrant les frais engagés (181000FCFA) pour l’obtention d’une nouvelle carte grise du mini bus de l’Association. Au cours de cette journée, les responsables d’ARCAD-Sida ont expliqué qu’au cours de la vérification du BVG, ils se sont rendu compte de l’usage de faux par le transitaire. Pour Dr Alou Sylla et Mme Dembélé Bintou Kéïta, le transitaire a aussi été rappelé à l’ordre et il a remboursé la somme due par chèque. La dernière facture de 160 000 de FCFA qu’ont reproche à ARCAD-Sida représente, selon Dr Alou Sylla et Mme Dembélé Bintou Kéïta, les frais de vidange des fosses sceptiques d’un hôtel qu’ARCAD-Sida avait effectuée à travers l’association Wale de Ségou lors d’une colonie de vacances dans la capitale des Balanzans. A croire les responsables d’ARCAD-Sida, c’est par souci de préserver la santé des enfants que ces travaux d’assainissement ont été réalisés sur les frais divers et imprévus. Tout en reconnaissant que les associations de personnes vivant avec le VIH-Sida n’ont pas beaucoup de capacité de gestion, Dr Alou Sylla et Mme Dembélé Bintou Kéïta ont soutenu qu’ils n’ont pas fabriqué les justificatifs qu’ils ont produits et déclaré avec véhémence qu’il n’y a eu aucune entorse aux règles de gestion. Avant de rappeler que si ARCAD-Sida tient depuis bientôt 20 ans, c’est parce que, d’une part, ses comptes sont certifiés chaque année et que ses partenaires lui font confiance.
Au cours de cette journée de présentation de bilan, les responsables d’ARCAD-Sida ont relevé de gros soucis dans le financement de la lutte contre la pandémie du sida. Ces difficultés risquent de porter un coup d’arrêt à la lutte, dans les années avenir, si des dispositions idoines ne sont pas prises. Des communications faites, au cours de cette journée par la Directrice générale de l’Association, Mme Dembélé Bintou Keïta, on retient que les axes d’intervention d’ARCAD-Sida, au compte de 2013, étaient au nombre de 7. Il s’agit, entre autres, de la promotion de la santé sexuelle avec une incitation au dépistage, le renforcement institutionnel de la structure, la recherche clinique et sociale sur le VIH, l’accès aux soins et traitement pour les groupes vulnérables et le renforcement de la prise en charge globale. Sur ce dernier point, il faut noter qu’ARCAD-Sida, qui est la seule structure qui suit les personnes sous traitement antirétroviral, a réussi, en 2013, la consultation de 95096 personnes dans 16 sites. Dans les perspectives, ARCAD-Sida se propose d’identifier et d’étendre les activités de prévention et de promotion de l’accès aux soins auprès des groupes vulnérables, de créer deux sites de prise en charge dans les zones minières, de réhabiliter et étendre le site du CESAC de Bamako et de développer les interventions spécifiques au Nord du Mali en rapport avec la crise, entre autres.
Yaya Samaké