Le ralliement de Djibril Tangara, président de la FCD, à Soumaïla Cissé pour la présidentielle de 2012 a provoqué un véritable tôlé au Kénédougou allant jusqu’à occasionner une saignée dans son propre parti. Ses deux maires de Kignan et Dogoni viennent de démissionner avec 14 conseillers et plusieurs militants pour rallier le camp de l’honorable Ousseïni Amion Guindo de la Codem, considéré par les Sikassois comme celui qui aura tout donné à la région.
En signant le 6 octobre 2011 au grand hôtel de Bamako la plate-forme de soutien à la candidature de Soumaïla Cissé, Djibril Tangara n’avait certainement pas pensé à la réaction que son acte pouvait susciter auprès de ses semblables Sikassois. En la matière, le bon sens voudrait qu’avant de s’engager dans une telle aventure, qu’on aille consulter sa base électorale pour ne pas paraître en porte-à-faux avec elle. Un principe courant chez nous voudrait aussi qu’on aille consulter les sages pour prendre en compte leurs préoccupations. Mais le président de la Force citoyenne pour le développement (FCD), n’a pas eu autant d’égard pour sa région natale. Conséquence : il est aujourd’hui rattrapé par son acte fort compromettant. A Sikasso aujourd’hui, c’est un véritable tôlé que l’acte d’un fils a suscité. Très rattachés à la probité et surtout à la reconnaissance, les Sikassois, dans leur écrasante majorité, ont, il faut dire la vérité, une réticence envers des candidats qui n’incarnent pas forcement leurs ‘’valeurs sociétales’’. Ils sont conservateurs par excellence et optent généralement pour celui qui partage les mêmes valeurs, les mêmes modes de vie qu’eux.
Et Djibril Tangara en ne comprenant pas cette réalité, se retrouve en rupture avec ses semblables. C’est pourquoi depuis cette signature de plate-forme avec l’URD de Soumaïla Cissé, les Sikassois, qui jurent que ‘’le temps est venu pour qu’un sudiste prenne les commandes du pays’’, ne veulent plus rien de Djibril Tangara.
Le courroux a atteint son paroxysme avec des démissions en cascade dans son parti politique. Ses deux maires de Kignan (Abdoulaye Cissé) et Dogoni (Yaya Dembélé) viennent de claquer la porte avec 14 conseillers et plusieurs centaines de militants dans leur sillage pour rallier l’honorable Ousseïni Amion Guindo alias Poulo de la Codem, également candidat à la même présidentielle. Le fait n’est pas à banaliser d’autant plus que ce sont 2 des 4 maires que compte la FCD qui viennent de quitter le parti. Fait aussi majeur à signaler, c’est bien le maire du village natal de Djibril Tangara en l’occurrence Kigna, qui vient de démissionner de la FCD pour réjoindre l’honorable Guindo de la Codem. Ce jeune loup aux dents longues, originaire de Mopti, mais vivant avec les Sikassois depuis son enfance. L’homme qui a comme lieu de résidence Sikasso, bien que député, est Sikassois dans le sang. Il a tout d’un Sikassois et a tout donné à cette région. Tous ses biens ne sont-ils pas à Sikasso avec un lycée privé et un club de football ? C’est pourquoi, Ousseïni Amion Guindo est considéré comme le candidat de Sikasso puisqu’incarnant les valeurs de cette région. Et l’acte de Djibril Tangara est même à la limite considéré comme une injustice envers un ‘’digne fils’’ du terroir ou simplement un règlement de compte politique. Djibril a-t-il pardonné Poulo d’avoir quitté le Mouvement citoyen en 2005, où il était son président, pour le RPM avec lequel il avait remporté la partielle législative de ladite année dans le cercle de Sikasso ? Quoiqu’il en soit, il est accusé dans les salons feutrés de Sikasso d’avoir privilégié ses intérêts personnels au détriment de la région, laquelle entend soutenir à cor et à cri le candidat qui l’incarne mieux à la présidentielle de l’année prochaine. Pour n’avoir pas compris ce message, Djibril Tangara est aujourd’hui désavoué à Sikasso.
Abdoulaye Diakité
