Naguère promis à un bel avenir, Moussa Mara, l’ambitieux président de "Yelema", a désormais du souci à se faire. Porté au poste de maire de la Commune V par toute une jeunesse locale enthousiaste en 2009, le brillant expert-comptable est aujourd’hui présenté comme "prétentieux et égoïste" par ses mandants. Tel un navire en perdition, il est abandonné par ses camarades de combat, qui démissionnent en vrac pour d’autres cieux plus cléments. Descente aux enfers d’un jeune loup aux dents longues qui rêve de Koulouba.
L’éphémère maire de la Commune IV, Moussa Mara, n’en finit pas d’avaler des couleuvres. Après avoir perdu son fauteuil à la suite d’une décision en date du 26 novembre dernier de la Section administrative de la Cour suprême, ce sont 54 membres de ses coordinations qui viennent de le lâcher à travers une pétition avant d’adhérer à la Section IV de l’Adéma-PASJ. Des camarades de restés fidèles dénoncent "une volonté délibérée de nuire à Moussa Mara".
Des observateurs avaient craint que le jeune Mara ne soit pas victime d’une coalition de partis politiques comme cela avait été le cas au second tour des élections législatives de 2007, lorsque toutes les sensibilités politiques avaient fait bloc derrière le candidat du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita.
La création d’une formation politique "Yelema" n’a pas enrayé la menace qui pèse sur l’avenir de Moussa Mara qui a eu "l’outrecuidance" en tant qu’indépendant de ravir la vedette à toutes les formations politiques dans la circonscription électorale de la Commune IV du district de Bamako. Aujourd’hui, son camp ressemble à un champ de ruines.
Le vendredi 10 décembre dernier, deux responsables importants de son parti, le secrétaire général adjoint de "Yelema", Cheicknè Camara, et le secrétaire chargé des questions électorales, Drissa Cissouma, ont rompu les amarres avec lui. Ils ont atterri avec la quasi-totalité de la Coordination du parti de Moussa Mara en Commune V au Parti pour le développement économique et social (PDES).
Effets boomerang
Cheickné Camara explique cette décision par des problèmes de leadership et de comportement de Moussa Mara qui cultiverait le "culte de la personnalité" au mépris des autres et de leurs initiatives. Aussi, il révèle que "Yéléma" souffrirait d’un manque de ressources humaines de qualité et que les rares qui existent n’ont aucune chance de faire valoir leurs talents.
"Yelema", dit-il, a du mal à mobiliser les ressources financières dont il a besoin pour faire face à ses obligations de parti crédible. La stratégie, qui consiste à compter sur les maigres ressources des militants majoritairement pauvres, est vouée à l’échec, analyse-t-il. M. Camara soulignera que croire que des paysans et de petits fonctionnaires vont financer le parti "Yelema" au détriment de leur provision alimentaire est une chimère qui se confirme au regard de l’incapacité du parti à percer.
"Le chef tiendrait-il donc à rester chef au point de sacrifier les intérêts du parti et de renoncer à une grande alliance qui nous ouvrirait les portes du pouvoir ?", s’interroge-t-il, pour critiquer l’attitude de Moussa Mara qui refuserait de s’allier avec d’autres formations politiques.
Des critiques qui seraient largement partagées par d’autres militants de Yelema qui risquent d’aller voir ailleurs où le ciel est clément. Ainsi, comme pour paraphraser le poète, le jeune Mara a vite jasé, évoquant cent projets d’avenir. Comme l’eau qui bout dans un vase, son flot ne peut se contenir. Mais le berceau touche à la tombe, le géant futur meurt petit. Née à peine, son parti "Yelema" tombe dans le grand lac politique qui est en train de l’engloutir.
DAK