Après son limogeage inattendu par la base du RPM : Les 7 hypothèses qui s’offrent au Dr Bocari Tréta pour rebondir ou périr politiquement

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Finalement, l’histoire donne raison à InfoSept. Comme nous l’annoncions dans notre numéro 55 du lundi 22 juin 2015 (p 3), sous le titre de « IBK et Bocary Tréta dans l’affaire des engrais frelatés : chronique d’une rupture annoncée entre deux compagnons de longue date », IBK se sépare de son plus fidèle compagnon politique sur fonds de corruption et de convoitise acharnée. Tous les grands observateurs de la scène politique malienne savaient imminent le remaniement ministériel et le divorce possible entre les deux gros éléphants du RPM, mais rares sont ceux qui pouvaient parier sur le départ de Tréta et de Igor. D’où la colère de certains militants du RPM qui crient à un règlement de compte et un dessein inavoué du président de la République à vouloir reléguer son propre parti au second plan. IBK réussira-t-il à écarter définitivement celui qui fut son complice de longue date et qui a accepté la traversée du désert avec lui ? Le parti tranchera-t-il au prochain congrès entre Tréta et IBK ? IBK n’a-t-il pas renforcé son clan familial au détriment du parti ? Voici entre autres questions qui fondent notre réflexion à trouver sept hypothèses possibles pour la suite du combat fratricide désormais engagé entre IBK et Tréta.

On a beau détesté l’hyène, on doit reconnaitre qu’elle court vite dit l’adage. IBK, en limogeant Bocari Tréta pour des raisons évidentes, vient de couper la principale racine du RPM et du coup ouvre un front dont nul ne peut mesurer les conséquences sur l’avenir du parti des tisserands. Bocari Tréta désormais ex-ministre du développement Rural qui reste après tout le Secrétaire Général du parti des tisserands jusqu’au prochain congrès.  Tréta, en véritable « bête politique » n’a pas encore dit son dernier mot. Il tient toujours entre ses mains des cartes pour résister à sa fin politique annoncée. C’est maintenant que les véritables tractations commencent. Celui par qui le RPM est arrivé au niveau d’implantation où il est aujourd’hui ne voit pas son départ du gouvernement de tout  repos. S’il aspire à survivre à cette humiliation politique qu’il n’avait jamais prévu comme telle, voici les sept hypothèses qui s’offrent à lui pour rebondir ou périr politiquement.

1e Hypothèse : Etant le cadre du RPM le plus proche des militants à la base comme en atteste le communiqué signé par le président par intérim Boulkassoum Haidara, si rapidement diffusé dans les médias où le parti prenait acte de la reconduction du Premier ministre, remerciait  et félicitait Bocari Tréta pour avoir été, selon lui, à hauteur de mission et digne de tout leur respect. Il est donc bien possible, si cette unité derrière Tréta n’est pas de façade, que les militants veuillent bien l’imposer comme futur président du parti au prochain congrès de tous les dangers du RPM prévu au mois de mars.

2e Hypothèse : La première en appelant celle-ci, si les esprits bozos de l’eau lavaient Bocari Tréta de son affront, auréolé d’une victoire probable au prochain congrès, avec le soutien de la majorité des députés de son parti, il pourrait bien imposer la volonté du parti et de son fait majoritaire à IBK qui n’aura pas d’autre alternative que de lui donner le fauteuil tant convoité de la Primature ou de se voir obligé de prendre un Premier ministre issu des rangs de la majorité parlementaire au risque de voir son gouvernement bloqué par d’interminables motion de censure. Tout choix contraire serait synonyme de crise institutionnelle dont nul ne peut présager l’issue parce que le président détenant le pouvoir de dissoudre l’Assemblée. Si la Constitution autorise le président de la République de dissoudre l’Assemblée, elle lui recommande également de tenir les élections anticipées dans 90 jours dont on n’est pas sûr de la faisabilité. A l’état actuel du pays, IBK va-t-il prendre ce gros risque ?

3e Hypothèse : Si au contraire, comme à la bataille de Kirina, IBK comme son aïeul venait à prendre le dessus sur les génies des eaux du Djoliba. Il ferait ainsi échouer lamentablement Bocari Tréta  dans sa tentative de contrôler le parti qu’ils ont créé. Tréta a tout à craindre de se voir lâcher par les militants, comme c’est souvent le cas au Mali n’étant plus ministre et n’ayant plus une grande marge financière et matérielle. Le camp adverse, avec les pratiques politiques qu’on connait au Mali pourrait sortir les grosses artilleries avec des moyens colossaux dérobés à l’Etat pour démolir, affaiblir, déboulonner et finalement enterrer le mythe Tréta.

4e Hypothèse : Autre analyse, si au prochain congrès on poussait Tréta à quitter le parti alors qu’il jouirait encore d’une légitimité certaine auprès des militants, il pourrait se mettre comme IBK en 2000 dans la posture de la victime. Ainsi, il pourrait s’attirer la sympathie des militants mécontents et des maliens qui prennent si souvent le parti des faibles. Ils n’hésiteraient pas alors à le suivre dans l’éventualité où il créerait son propre parti. Il pourrait dans ce cas de figure puiser non seulement dans les structures du RPM, mais aussi ailleurs dans les autres partis en compromettant sérieusement une réélection d’IBK pour un second mandat si tant bien est qu’il sera candidat.

5e Hypothèse :  Bocari Tréta, en sachant bien que la bataille est perdue d’avance et qu’il n’a aucune chance de rebondir, peut adopter le principe selon lequel « après moi, le déluge » en se livrant à une campagne médiatique de dénigrement, de révélation et d’étalage de secrets du régime sur la place publique dont les conséquences seront imprévisibles pour le président de la République. Toute chose qui affaiblirait significativement le régime déjà en mal de popularité et si éclaboussé par tant de scandales en série dont les épisodes se succèdent les uns après les autres.

6e Hypothèse : Bocari Tréta perd la bataille, et le désormais ex Secrétaire général du RPM arrive à séduire d’autres militants à partager sa cause et cristalliser ainsi sur sa personne les souffrances de  tous les mécontents et blasés du RPM pour aller militer dans leur parti d’origine, l’Adema-PASJ ou tout autre parti de la Majorité présidentielle ou même de l’Opposition avec lesquels il partagerait les mêmes visions. Dans l’hypothèse où ils rejoindraient l’Adema-PASJ, IBK en aurait pour sa plus grande peur politique et ce parti pourrait signer son come back en reprenant Koulouba comme il l’a perdu en 2002.

7e Hypothèse : Bocari Tréta, en homme d’Etat, pourrait s’avouer vaincu et rester par conséquent très fair-play en se retirant de la vie politique comme Lionel Jospin en France en restant simple militant à la base au RPM sans entreprendre une quelconque action visant à saboter le régime. Il pourra ainsi  faire son check-up et son auto critique approfondis en attendant probablement que son étoile comme le sphinx rejaillisse un jour jusqu’à ce qu’un courant aille le chercher. Il a aussi le choix de tout simplement abandonner la politique en s’investissant dans l’humanitaire en apportant à ses compatriotes ce qu’il n’a pas pu leur donner pas la politique. Connaissant l’homme et son parcours politique, cette hypothèse est plus qu’improbable.

En définitive, c’est sans nul doute un combat d’honneur et de titan qui est désormais déclaré entre deux franges du RPM, celle de Bocari Tréta et celle dite proche de « Ma famille d’abord » et qui serait incarnée par Abdoulaye Idrissa Maiga, ministre en charge de l’Administration Territoriale. Et bien malin qui pourrait  prédire l’issue de cette bataille.

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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1 commentaire

  1. A la différence de la justice, l’injustice frappe ses amis pareillement comme ses ennemis…

    Affaire à suivre ! (…)

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