Les rumeurs faisant état d’un réaménagement de l’équipe gouvernementale dirigée par le Premier ministre Modibo Sidibé avaient couru pendant longtemps. Elles se sont ensuite dissipées, conformément, disait-on, au desideratum du président de la République, pour permettre à nos ministres de mouiller sereinement le maillot afin de préparer les festivités du Cinquantenaire. A présent que l’euphorie de la célébration du 22 septembre 2010 va decrescendo, des informations selon lesquelles ATT s’est décidé à réaménager le gouvernement se font de plus en plus persistantes.
Fin dribbleur, le président de la République aime souvent surprendre l’opinion publique nationale. Particulièrement, dans les domaines régaliens où les textes lui confèrent un pouvoir discrétionnaire comme la prérogative (exclusive) de former le Gouvernement. A noter en passant que la Constitution dispose que le président de la République nomme les membres du Gouvernement "sur propositions du Premier ministre"; mais dans les faits, puisque c’est lui qui nomme discrétionnairement le…chef du Gouvernement, on comprend alors que les fameuses propositions du Premier ministre sont insignifiantes.
En se faisant réélire en 2007 pour son second mandat, grâce à un accompagnement de poids de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP), le président Amadou Toumani Touré avait une obligation morale de redistribuer les cartes à travers l’équipe gouvernementale qu’il allait mettre en place. Avec l’ADP, une quarantaine de partis politiques et plusieurs associations, le chef de l’Etat se trouvait face à un trop plein à gérer dans ce "partage du gâteau". Il disait à peu près ceci, lors d’une rencontre au CICB en septembre 2007, peu avant la formation du Gouvernement Modibo Sidibé : "Tout le monde ne peut pas entrer au gouvernement. Ceux qui vont entrer dans le gouvernement doivent s’attendre à laisser la place à d’autres après un temps ". Depuis, plusieurs cadres politiques n’ont cessé de piaffer d’impatience que leur tour de devenir ministre est imminent. Le Premier ministre Modibo Sidibé avait lui-même annoncé que la consigne fondamentale du chef de l’Etat est de faire entrer des jeunes dans l’équipe gouvernementale et augmenter le nombre de femmes titulaires de portefeuilles ministériels.
Les observateurs avertis avaient annoncé le grand réaménagement pour janvier 2010. Rien n’y fit. Le mois de juin a ensuite été annoncé avant que la presse ne mette le pied dans le plat par l’interpellation du chef de l’Etat à ce sujet lors de la traditionnelle conférence de presse du 8 juin à Koulouba. Aujourd’hui, il apparaît nécessaire qu’avec l’évolution de la donne politique, avec la démission du ministre N’Diaye Bah du CNID, la création du PDES, l’affaire du Fonds mondial, il urge d’insuffler du sang neuf à l’attelage gouvernemental. En effet avec 17 députés, le PDES compte aujourd’hui 6 ministres au gouvernement. Au même moment, l’ADEMA, avec 53 députés n’a que 5 ministres ; l’URD avec 28 députés compte 3 cadres au sein de l’équipe gouvernementale. "Il apparaît nécessaire de rééquilibrer les quotas; et le président se situe dans cette dynamique ", nous a confié un Conseiller spécial de la présidence.
Pour certaines sources, le président de la République "attend seulement de terminer avec le dossier du Fonds mondial qui doit le conduire à New York cette semaine pour finaliser la mouture du nouveau gouvernement ".Par ailleurs, selon des indiscrétions, plusieurs formations politiques qui ne cessent d’accompagner le président scrutent l’horizon pendant longtemps et doivent pouvoir bénéficier maintenant de portefeuilles ministériels. On parle de la CODEM, du PCR, la FCD, le MIRIA, YELEMA et d’autres partis de moindre envergure. Certaines formations politiques de la mouvance présidentielle devraient se voir attribuer un nombre plus élevé de portefeuilles ministériels C’est ainsi l’occasion pour ATT de mieux lotir les jeunes cadres politiques et de la société civile pour parachever l’œuvre de construction du pays qu’il a entamée depuis plusieurs années.
Bruno D SEGBEDJI
