Après les législatives – Quatre hypothèses pour la formation du nouveau gouvernement et du bureau de l''Assemblée nationale

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Les résultats provisoires du second tour des législatives, proclamés hier jeudi 26 juillet, par le ministre de l”Administration territoriale et des Collectivités locales confirment ceux que nous avons donnés 48 heures auparavant. Sur la base de ces résultats soumis à l”appréciation de la Cour constitutionnelle, il sera procédé à la mise en place du bureau de l”Assemblée nationale et à la formation du nouveau gouvernement. A cet effet, quatre hypothèses s”offrent à la classe politique et à ATT.

L’adema est toujours en tête avec 55 sièges, suivi de l”URD 35, RPM 11, MPR 7, CNID 6, SADI et PARENA, chacun 4, UDD 3, MIRIA, BARICA, PSP chacun 2, alors que le RND, le BDIA et le PCR se contentent chacun d”un siège et que les indépendants obtiennent 13. Le nombre de femmes élus est de 15 et non de 13 comme nous l”avons écrit dans notre précédente parution.

Ces résultats provisoires seront examinés par la Cour constitutionnelle qui pourrait bien les confirmer ou y apporter des corrections.

Quel que soit l”arrêt des neufs sages, la prédominance de l”ADEMA et de l”URD n’en souffrira aucunement au regard de l”écart considérable qu”il y a entre ces deux formations politiques et les autres.

En tout état de cause, qatre hypothèses se dégagent pour la formation du nouveau gouvernement et du bureau de l”Assemblée nationale.

Sur la base des règles démocratiques généralement admises dans les grandes démocraties, l”ossature du nouveau gouvernement devra être constituée par le parti de Dioncounda Traoré et celui de Younoussi Touré. Les deux partis doivent s”entendre, transcender leurs différences leur divergence voire leurs intérêts égoïstes et sordides pour former une majorité parlementaire avec 90 députés sur 147. Autour de celles – ci, les petites formations politiques de l”ADP viendront certainement s”agripper. Dans cette optique, l”ADEMA et l”URD vont se partager la Primature et le perchoir. Idem dans le bureau de l”hémicycle et au Gouvernement où chaque parti devra être représenté au prorata de son poids politique. Les autres de la mouvance présidentielle se contenteront des strapontins dans l”attelage gouvernemental. Dans cette voie, les deux formations politiques dominantes pourront cheminer ensemble durant longtemps.

La seconde hypothèse pourrait se traduire par une guéguerre entre l”ADEMA et l”URD dont les chefs sont candidats à la présidence de l”Assemblée nationale. Dans ce cas, la rivalité sera dure et ce sont les formations lilliputiennes qui seront appelées à arbitrer entre eux.

L”un comme l”autre pourrait refuser le choix des arbitres et se lancer dans une aventure peu prometteuse. Ainsi, les alliances dites contre nature, les calculs d”épiciers, les débauchages, la transhumance politique et l”achat des consciences prendront-ils le pas sur l”éthique et la morale politique.

En réalité, le parti de l”abeille et celui de l”Union sont appelés à être tôt ou tard des adversaires intolérables dans la mesure où 2012 se prépare maintenant. Alors, on voit mal l”URD dont le candidat à la présidentielle prochaine, Soumaïla Cissé est déjà connu, renforcer l”ADEMA en lui laissant sur un plateau d”argent la présidence de l”Hémicycle, sachant bien qu”elle n”aura pas le poste de Premier ministre. Cela est également valable à l”inverse même si aucune personnalité n”émerge actuellement au sein des rouges et blancs pour 2012. Ce qui pourrait conduire à une atmosphère délétère au sein de l”Hémicycle et compliquerait la formation du futur gouvernement.

La troisième hypothèse consisterait à maintenir le consensus. Ainsi, le président sortant, Ibrahim Boubacar Kéïta, pourrait rempiler. Dans ce cas, c”est le président de la République, Amadou Toumani Touré lui-même, qui devrait s”impliquer pour maintenir l”unité et la cohésion qui constituent le socle de son pouvoir. Pour des raisons électorales, le RPM, le PARENA et même SADI se sont démarqués de ATT. Les élections sont aujourd’hui terminées mais ils peuvent bien participer à la construction nationale. Car le Mali a besoin de tous ses fils compétents. Au Sénégal voisin, And Jëff/PADS de Landing Savané avait quitté la majorité parlementaire à la veille des élections. Celles-ci, finies il a regagné le président Wade au nom de la construction nationale.

Si ce scénario se reproduisait au Mali, ATT formerait un gouvernement très large comprenant toutes les sensibilités, en tenant compte, bien sûr, de leur force au sein du Parlement.

La quatrième hypothèse permettrait à ATT de s”assumer en faisant des choix clairs sur une base judicieuse. Cela l”amènerait à former une majorité parlementaire avec l”ADP en choisissant un Premier ministre qui n”est ni ADEMA ni URD. Aussi, les membres du gouvernement seront-t – ils nommés sur une base de légitimité politique.

Quant à la présidence de l”Assemblée nationale, il reviendrait au parti qui a le plus grand nombre d”élus, en l”occurrence l”ADEMA. Et ceux qui ne sont pas l’ADP formeraient une opposition responsable et constructive.

Enfin, quel que soit le scénario qui sera adopté, le bureau de l”Assemblée nationale doit refléter la configuration politique du Parlement au sens réel du terme.

C hahana TAKIOU

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