Depuis la création du PDES, le parti présidentiel, le 17 juillet 2010, c’est comme si c’est le deuil qui venait de frapper à la porte de l’Adema-PASJ et de l’URD, ces deux poids lourds de la majorité qui soutiennent le Programme pour le développement économique et social (PDES) du président de la République. Face à cette situation, que certains qualifient déjà de trahison de la part du pouvoir, l’union sacrée est désormais en pleine gestation pour barrer la route au PDES et au futur candidat qui sera soutenu par de Koulouba.
En un mot, pour ces partis frustrés de la gestion d’ATT, il s’agit de barrer, coûte que coûte, le chemin de Koulouba au poulain du président de la République à la présidentielle de 2012. D’où des manœuvres secrètes entamées, ces derniers temps, à l’initiative de députés provenant des deux grandes formations de la majorité présidentielle que sont l’Adema et l’URD. En effet, ces partis nourrissent le vœu ardent de pouvoir sceller une sorte d’union sacrée, URD-Adema, dans laquelle ils souhaitent embarquer le RPM de Ibrahim Boubacar Kéïta, le chef de file de l’opposition.
En effet, cela résulte d’une grogne qui était, depuis, dans l’air mais qui commencent maintenant à se faire des ailes, suite à la naissance controversée du PDES, le parti présidentiel, dirigé par le jeune leader Hamed Diané Séméga. C’est dire que cette volte-face était donc prévisible depuis la naissance du parti présidentiel, mais voilà qu’elle commence à prendre corps et devient même perceptible.
Le problème étant que les deux partis de la majorité, avant la création du PDES, voyaient une compétition qui allait opposer, principalement, le trio composant l’Adema originel, à savoir l’Adema-PASJ, l’URD et le RPM pour la présidentielle de 2012. De ce fait, ces partis étaient presque sûrs que le futur président de la République allait être soit Dioncounda Traoré de l’Adema, soit Soumaïla Cissé de l’URD ou Ibrahim Boubacar Kéïta du RPM.
Le samedi 17 juillet 2010, le PDES, né ce jour-là, est venu briser, d’un coup, leur rêve. En tout cas celui d’une présidentielle où l’un des trois candidats de l’Adema originel se voyait déménager à Koulouba, le 8 juin 2012.
Dans le lot de leur frustration, les partis Adema et URD font, eux-mêmes, face à une sorte de fronde intérieure qui est en train de malmener l’unité et la cohésion chèrement acquises.
Celle-ci ne dépendant pas du président ATT mais des ambitions affichées qui poussent certains ministres à vouloir bousculer les candidats potentiels ou naturels de leur piédestal. Il y a aussi de lourds soupçons qui pèsent sur certains ministres des deux formations membres du gouvernement de vouloir " vendre " leur parti au supposé le plus offrant, en 2012.
Il y a de même le fait que l’Adema et l’URD souhaitent remplacer certains de leurs membres au gouvernement. Cette possibilité tardant à leur être offerte, ils se braquent contre le président ATT. Comme on le voit, il y a mille et une raisons qui concourent à approfondir le fossé entre le président de la République et les grands partis dits (encore ?) de la majorité présidentielle.
Désormais, tout laisse croire que ce fossé ira grandissant. Pour le moment, les camps évitent de se regarder en face, dans les yeux. Comme pour dire "Je t’aime moi non plus". Pour combien de temps cela va durer ?
Mamadou FOFANA