APRES ISRAËL, LE PARENA DENONCE LA POLICE MALIENNE: Monsieur le Ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection Civile Bamako

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Monsieur le Ministre,
 Nous avons l’honneur, au nom du Comité Directeur du Parena, d’attirer votre haute attention sur un incident qui s’est produit le vendredi 28 juillet 2006 à la place de Palestine entre le Parena et les forces de l’ordre.
En effet, le Parena, en compagnie d’autres partis et de plusieurs organisations religieuses, avait décidé de faire honneur à notre pays en organisant une marche de solidarité avec les peuples libanais et palestinien, victimes de l’agression israélienne.
Le Parena avait bien pris le soin de se faire délivrer une autorisation écrite par le Maire de la commune II du District de Bamako, autorisation transmise régulièrement au Commissaire de police du 3ème Arrondissement, avec lequel du reste Monsieur Djiguiba KEÏTA dit PPR, Secrétaire à la communication du parti avait eu plusieurs entretins en vue de réussir un bon encadrement de la marche, y compris avec le concours des forces de l’ordre.
A notre grande surprise, à notre arrivée sur les lieux à 15h30, la place de Palestine était investie par des forces de l’ordre avec à leur tête ledit Commissaire qui nous signifia qu’il avait reçu l’ordre d’interdiction de la marche.
A la suite de longs pourparlers ponctués par des manifestations d’impatience des militants, le Commissaire, à notre demande, rentra en contact avec un de ses supérieurs pour rendre compte, lequel, Dieu merci, lui intima l’ordre de faire seulement encadrer la marche.
L’incident était ainsi clos et les choses se sont bien passées par la suite, y compris avec l’encadrement des forces de l’ordre qui, pourtant, étaient visiblement venues pour nous réprimer (en portent témoignage les caisses de grenades et les lance-grenades dont elles étaient dotées).
 
Monsieur le Ministre,
 
Le Comité Directeur du Parena a tout de même jugé nécessaire de vous tenir informé de l’incident pour que puissent être évitées à l’avenir des choses du genre qui, au-delà de l’atteinte aux droits démocratiques qu’elles constituent, sont susceptibles de conduire à des affrontements injustifiés entre forces de l’ordre et manifestants. C’est aussi le lieu d’attirer votre attention sur le fait qu’au terme de la loi, les marches et autres manifestations, en particulier des partis politiques, ne sont soumises à aucune autorisation préalable.
Et pourtant, l’habitude fâcheuse d’exiger des partis politiques une autorisation administrative de manifester, avant de passer leur avis sur les médias d’Etat, à tendance à s’installer.
De même, les forces de sécurité semblent croire que toute activité démocratique est assujettie à une autorisation administrative préalable (celle du Maire ou du Gouverneur).
En vérité, les marches et autres manifestations publiques des partis sont seulement soumises au régime de la déclaration préalable Il leur suffit d’informer le Maire de l’activité projetée pour être en règle avec la légalité. Aussi, est-ce un abus de droit et un recul de la démocratie que d’exiger des partis des autorisations écrites pour leurs marches et autres manifestations.
Le Comité Directeur du Parena qui n’a jamais posé un seul acte de contestation de nos institutions républicaines, vous exprime sa grande surprise devant cette tentative illégale d’interdiction d’une de ses manifestations qui avait pourtant satisfait à toute la procédure légale.
Pour notre part, le droit de manifester est un droit qui fait partie des acquis de la lutte démocratique de notre peuple et toute tentative de le réduire soulève notre inquiétude.
 C’est pour cette raison que nous avons jugé nécessaire de vous tenir informé, en espérant que vous envisagerez à l’avenir les mesures nécessaires pour éviter d’éventuels comportements zélés de la part de certains représentants des forces de l’ordre, préjudiciables à l’image de notre démocratie.
En raison des attributions du Ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Territoriales dont relève la gestion des partis politiques, une ampliation de la présente lettre lui sera envoyée.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.
 
Bamako, le 1er août 2006
 
Me Amidou Diabaté
Chevalier de l’Ordre National

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