Pour apaiser les tensions et contenir les frustrations : IBK privilégie le statut de l’opposition !

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Dialogue politique : IBK reçoit la Majorité et l’Opposition
Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA, a reçut ce 4 juin 2014, la classe politique malienne (majorité et l’opposition)

En ces heures de doutes, le régime IBK ne pouvait trouver meilleure alternative pour apaiser les tensions et contenir les frustrations que de créer un statut de l’opposition. Loin d’être une grâce à implorer, cette mesure est un droit qu’il faut défendre en démocratie.

 

En matérialisant le statut de l’opposition, le pouvoir actuel a compris que bannir toute forme d’opposition politique ou la contenir dans un “carcan” serait fatalement contre-productif. Aussi, ne concevoir l’existence d’une opposition que sous l’angle biaisé de la menace potentielle qu’elle pourrait constituer pour le pouvoir en place serait une erreur, voire une faute politique majeure que ne commettraient pas les pires adversaires.

Ne pas être d’accord est un comportement profondément humain. Pouvoir exprimer pacifiquement et librement un avis différent et être entendu pour qu’il soit pris en compte est une aspiration légitime et citoyenne et traduit le plus souvent l’existence d’une société civilisée où le respect mutuel est le socle du vivre ensemble.

Le Mali qui tente de sortir d’une crise multidimensionnelle, l’existence d’une opposition véritable serait sans doute le meilleur garant d’une stabilité des institutions et le meilleur rempart contre le déferlement brutal des colères dont on connaît toujours le début mais jamais l’issue ni la fin. L’illustration parfaite est le coup d’Etat de mars 2012 aux conséquences incalculables.
Partout dans le monde, l’opposition politique a toujours eu pour ambition de se battre pour accéder au pouvoir par des moyens pacifiques afin de mettre en place un programme qu’elle aura eu toute la latitude d’expliciter en tant que force d’opposition et de propositions. Et dans ce cas de figure et pour citer un ancien président français, c’est dans cette posture, celle de l’opposition, qu’il faut toujours être le meilleur, car une fois au pouvoir les promesses n’engagent hélas le plus souvent que ceux qui les entendent. Cette réflexion doit guider ceux qui s’agrippent à la majorité et qui ont du mal à porter la robe de l’alternance.

Mieux, l’existence d’une opposition politique, respectée, représentée au Parlement grâce à un scrutin libre et honnête, et qui s’exprime, propose, se réunit et le cas échéant manifeste pacifiquement est un exercice sain qui consolide la cohésion sociale et permet l’alternance pacifique au pouvoir lorsque les conditions politiques, économiques et sociales l’exigent et l’imposent.

 

Accepter au nom de l’alternance

Il est temps pour les partis de la mouvance présidentielle de comprendre qu’une opposition capable de canaliser sainement les colères est une richesse que seule la démocratie représentative permet d’obtenir. N’oublions pas dans ce contexte que des régimes ayant dirigé leurs pays d’une main de fer sont parfois tombés comme des châteaux de cartes (le régime dictatorial du général Moussa Traoré et  autres sont passés par là).

Pourtant, ils étaient tous convaincus d’avoir toujours raison et que rien ne pourrait résister à leur force ni à leur puissance. Et ils ont entraîné dans leur chute leur pays tout entier. Des processus révolutionnaires, avortés ou pas, ont eu lieu dans le monde arabe et ont été le plus souvent induits et catalysés par la répression massive pratiquée à l’encontre des populations et de la diversité d’opinions. Les régimes issus de ces révolutions et nouvellement installés ont basculé sur deux réalités tragiques.

Un manque colossal de moyens financiers pour apaiser et satisfaire l’impatience des peuples et l’absence d’une opposition politique, laminée par les régimes précédents, capable de donner du sens à la contestation et de révéler de nouvelles perspectives et de nouvelles raisons d’espérer à une société complètement déstructurée par l’effet conjugué de la peur et de l’usage inconsidéré de la force. Ils ont été pour certains anéantis par une contre-révolution soutenue discrètement par l’occident.

La nouvelle conjoncture internationale est aujourd’hui et plus que jamais caractérisée par la mise en place d’une stratégie mondiale de démantèlement de pays souverains. De la crise libyenne soutenue par l’Otan, le Mali en a eu pour son compte avec l’arrivée massive d’anciens militaires de l’armée de Kadhafi d’origine touareg malienne.

C’est désormais une réalité incontestable et impitoyable. Ces desseins macabres sont souvent mis en place grâce à la collaboration inconsciente de régimes qui continuent de croire que l’on peut tout faire soi-même et qui prétendent pouvoir s’émanciper d’une opposition politique dont l’existence et les propositions pourraient s’avérer salvatrices si le danger de l’instabilité et pire celui de la désintégration venaient tous deux à devenir, du fait d’une conjoncture économique désastreuse et d’un voisinage lui-même complètement disloqué, une réalité qu’il faudrait vite vaincre et dépasser pour ne pas sombrer et succomber.

 

Nécessité d’apaiser les tensions

Le constat est patent, le mythe de l’ennemi de l’intérieur ne résiste plus aux aspirations citoyennes et les nouveaux rapports de force dans le monde induisent inévitablement de nouvelles attitudes et de nouveaux comportements.

Dans notre cas précis, la primauté au développement économique bien pensé et bien mis en œuvre est aussi une démarche saine qui permet de réduire les inégalités sociales, d’apaiser les tensions et de contenir les frustrations qui font souvent le lit du chaos. Et redonner de la fierté à un peuple qui a plus que jamais besoin de vivre en paix dans un pays prospère, le sien et nulle part ailleurs, et une société apaisée est un challenge que beaucoup de monde veut relever et gagner.

Mais concevoir qu’il n’y aurait pas dans ce pays de place pour ceux s’opposent et qui proposent autre chose pourrait provoquer une immense illusion, plus grande que toutes celles que pourrait provoquer l’ivresse du pouvoir, celle de voir que tout peut devenir subitement si fragile et s’effondrer. Les injures et infamies dont l’opposition a été victimes lors de la motion de censure sont à bannir de la bouche de ceux qui veulent être des républicains dignes.

Elu à plus de 77 %, le président Ibrahim Boubacar Keita devrait avoir des atouts qui lui permettront d’exercer où de quitter le pouvoir pacifiquement et par la seule voie du suffrage exprimé librement et respecté.

En outre, la volonté manifeste du pouvoir actuel de rendre effectif le statut de l’opposition longtemps clamé par les autorités successives doit favoriser une saine cohabitation entre les deux entités (la majorité et l’opposition). Dans cette entreprise démocratique, l’assemblée nationale doit être l’épicentre et le creuset de l’alternance indispensable pour notre pays en cette période de doute.

Alpha Mahamane Cissé

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