Analyse politique:Et si on harmonisait les élections au Mali ?

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Bien que plusieurs personnalités politiques voient cela d’un mauvais œil, l’harmonisation des élections au Mali, tant sur le plan économique que matériel, cela pourrait bien être bénéfique pour le peuple malien, et cela, à plusieurs niveaux. En effet, l’harmonisation des différents scrutins électoraux (présidentielle, législatives et municipales) pourrait, permettre aux plus hautes autorités, aux partis politiques, aux candidats, en un mot au peuple malien, de diminuer fortement les coûts afférents à ces joutes électorales.
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rnSi certains acteurs (les plus avertis) de la classe politique pensent qu’il faudrait harmoniser les élections, d’autres sont favorables au départ du Président ATT : et même si ce départ était possible avant la fin de son second quinquennat, ils n’y verront aucun inconvénient, bien au contraire.

«Il faut plus de 40 milliards de FCFA pour organiser une élection présidentielle crédible au Mali. Que dire alors des coûts d’un scrutin législatif ou d’une élection municipale ? Au Mali, nous pourrons économiser sur ces triples dépenses électorales si nous décidons et acceptons d’harmoniser les élections », a indiqué le Comité d’appui aux réformes institutionnelles (CARI).
rnEn réalité, pour tout pays qui ne dispose pas de moyens financiers suffisants pour faire face aux grosses dépenses électorales, il est salutaire de réfléchir sur une solution qui consiste à « harmoniser les scrutins électoraux », car elle comporte assez d’avantagespour tout le monde, sans exception.

En effet, en harmonisant les différents scrutins électoraux, cela éviterait des dépenses colossales à l’Etat, surtout quand on sait que tant sur le plan financier que matériel, l’organisation d’une élection, même partielle, n’est guère une chose aisée. Aussi, avec l’harmonisation des élections, il se pourrait que les spécialistes en calculs politiques n’aient pas une grande marge de temps  pour se livrer à leurs jeux d’alliances contre nature, comme c’est souvent le cas depuis l’avènement du Président Alpha Oumar Konaré au pouvoir en 1992.

Une harmonisation des élections pourrait ne pas beaucoup arranger les gros calibres de la scène politique, car ce système pourrait constituer un manque à gagner pour les soi-disant grands partis. Mais au regard de  l’évolution des évènements politico politiciens dans notre pays depuis déjà quelques années, une harmonisation des scrutins électoraux pourrait nous conduire indubitablement à des élections plus propres, plus paisibles, plus crédibles, plus transparentes et moins frauduleuses.

L’harmonisation des élections empêchera le Président nouvellement élu d’avoir une influence sur les scrutins municipaux et législatifs. En effet, il ne pourrait pas effectuer des alliances en sa faveur, car si toutes les élections se tiennent en même temps, les différents candidats (aux présidentielle, législatives et communales) ne pourraient que s’occuper chacun de son propre sort politique.
rnChez nous, le constat est généralement basé sur des calculs effectués sous le contrôle du Président élu. Le plus souvent, l’actuel mode électoral malien avantage le camp du Président élu. Il donc est clair que si les listes électorales (législatives ou municipales) sont conçues à l’image du Président de la République, cela ne peut que lui être favorable : toute chose qui fausse généralement les vrais calculs politiques.
rnDe nos jours, de nombreux leaders politiques sont pressés de voir le partir le Président ATT, avant même son second et dernier mandat, si possible. Mais le départ d’ATT pourrait-il arranger les choses ? Toute la question est là. Dans un pays dont une grande partie de l’économie dépend des voisins de l’Occident, il va de soi que les animateurs de la chose politique jouent aux plus intelligents afin de surmonter les coûts électoraux sans trop de problèmes.

Notre économie n’ayant pas les moyens financiers nécessaires de supporter, chaque deux ans et demi, les coûts des élections démocratiques, il appartient au président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, et aux élus de la nation d’analyser l’hypothèse d’harmonisation des élections générales (présidentielle, législatives et communales). Les députés devraient donc se dessaisir de toute coloration partisane et se pencher sur ce dossier qui ne pourrait qu’être salutaire pour l’économie de notre pays.
rnMême si elle n’est pas obligatoire, une prolongation du mandat du Président de la République et des députés de l’Assemblée nationale s’impose tout de même, quitte à maintenir le Chef de l’Etat sortant (qui ne pourra plus briguer un nouveau mandat, conformément aux dispositions de la Constitution), mais en lui donnant mandat de diriger un Gouvernement de transition entre 2012 et 2014. Lui et les membres de son Gouvernement seront aussi disqualifiés de toute participation aux élections : ils ne devront donc se présenter ni aux législatives, ni aux communales. Un tel scénario est fort possible, mais il reste à savoir si les Maliens adhéreront à une telle proposition…
rnIl est clair que même si ATT partait le 8 juin 2012 au terme de son second quinquennat, le Président qui lui succédera pourrait être confronté aux mêmes débats concernant l’harmonisation des élections. Après une analyse propre de l’évolution politique, les Maliens doivent se retrouver autour d’une même table pour discuter largement sur la question.

Seulement, à certaines personnes intentionnées ou ambitieuses, il y a lieu de faire comprendre qu’au lieu de réclamer une prolongation du mandat du Président sortant (espérant être un jour appelées à occuper des postes de responsabilités), elles doivent plutôt chercher à organiser, autour de la faisabilité d’un tel scénario, de véritables débats élargis et touchant toutes les sensibilités. 

Il est bon de récompenser les mérites d’un homme. Mais s’il nous est donné de le faire, nous devons le faire sans arrière pensée ou sans nourrir l’idée d’un quelconque poste de responsabilité. (A suivre)
rnPar Zhao Ahmed A. Bamba

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