Le jeudi 4 septembre dernier, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), a bouclé l’an I de son premier quinquennat. Un moment de premier bilan pour l’opposition qui a organisé un grand meeting, le dimanche 7 septembre, au palais de la culture, à Badalabougou. Occasion pour l’opposition de dénoncer les atermoiements du régime dans la gestion de la crise du nord et le recours à un mode de gouvernance où l’opacité l’emporte sur la transparence.
A travers cette rencontre, l’opposition a tenu à prouver toute sa vitalité de l’opposition. En effet, la manifestation a drainé une foule de militants qui se sont retrouvé dans la grande salle Djéli Baba Cisoko du palais portant de la Culture Amadou Hampathé Ba. Le meeting a enregistré une forte participation des femmes et des jeunes militants des partis politiques de l’opposition.
«L’opposition, pour le salut du Mali !» C’est sous ce slogan que le meeting a été organisé. Ont répondu à l’appel des organisateurs, des milliers de militants, tous habillés aux couleurs de leurs formations politiques. Dans le lot, des militants de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), du parti pour le développement économique et social (PDES), Parti pour la Renaissance africaine (PARENA), du PRVM Faso Ko, du PIDS, de la FCD, du parti socialiste Yelen Koura (PS)…
L’ouverture du Meeting très solennelle, s’est effectuée au son de l’hymne nationale du Mali. Ensuite, un film qui fait le bilan des 12 premiers mois du président de la République, a été projeté. Il fait la synthèse des grands actes et des hauts faits qui ont jalonné cette première année d’exercice du pouvoir. Parmi ceux-ci : la visite que Soumaila Cissé, accompagné des membres de sa famille a effectué au domicile d IBK pour le féliciter (avant même la proclamation des résultats d second tour), la prestation de serment devant la Cour constitutionnelle, la formation du gouvernement Oumar Tatam Ly et sa démission cinq mois après, la nomination de Moussa Mara comme chef du gouvernement, les débats houleux lors, à l’Assemblée nationale, lors de sa Déclaration de politique générale rejetée par le groupe parlementaire de l’opposition, VRD. Le film fait également ressortir les conditions dans lesquelles le Mali a perdu de fait toute autorité sur Kidal, après la visite du 17 mai dernier, qui a été suivi du massacre dans des circonstances abominables de plusieurs éléments de l’armée et plusieurs sous préfets, représentants l’Etat à Kidal.
Le meeting a donné lieu à plusieurs interventions, qui ont débuté avec celle des femmes. Mme Dandara Touré a, au nom des femmes cadres des partis politiques de l’opposition, passé au crible un an de gouvernance qui met au second plan tous les engagements pris en faveur des femmes.
Les femmes, a tenu à précisé Dandara Touré, ont été de tous les combattants pour le renforcement démocratique au Mali. A cet égard, a-t-elle poursuivi, elles ont largement concouru à la victoire d’IBK, 2013. Selon elle, un an après, l’opinion des femmes change vis-à-vis d’un homme, d’un régime qui s’est engagé à avoir à cœur les préoccupations des femmes et le sort de leurs enfants. A cette tribune de l’opposition, les femmes ont tenu à dire haut et fort toute leur déception. «Oui, si nous savions que le panier de la ménagère allait subitement maigrir, suite à l’augmentation incontrôlable des prix des denrées de première nécessité. Si nous savions que le prix du gaz domestique allait être doublé peu de temps et en cette période de crise. Si nous savions que la gratuité des soins subséquents au paludisme des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes, allait tomber en sommeil. Si nous savions que les tarifs de l’eau et de l’électricité allaient augmentés. Si nous savions que nos gouvernants investir autant dans un seul avion au lieu de nous acheter des médicaments…, les femmes du Mali n’auraient pas contribué à l’avènement de ce régime », a lancé Dandara Touré avant de demander aux femmes de faire désormais preuve de beaucoup de vigilance dans le choix de ceux qui veulent diriger notre pays.
Seydou Cissé, le président de la jeunesse Parena a rappelé les conditions dans lesquelles IBK est porté à la magistrature suprême. Son élection, a-t-il déclaré, avait suscité l’espoir pour tous les Maliens. Et beaucoup étaient ceux qui, en son temps, estimaient, qu’IBK était l’homme de la situation de crise que traverse le Mali. Pour le porte parole de la jeunesse, c’était également un moment où il (IBK) avait également toutes les cartes en mains : une légitimité historique, le soutien de la communauté internationale, de l’Union africaine et de la Cedeao. «Malgré tous ces atouts, IBK a instauré un gouvernement de favoritisme surfant sur le pilotage à vu, l’improvisation, l’impréparation et la cupidité financière qui a mis le Mali dans une situation plus grave que celle d’avant son élection», a déclaré M Cissé. Pour M Cissé, durant cette première année, le pouvoir IBK s’est illustré par un déni des réalités, les mensonges d’Etat, la fuite en avant, les dépenses de luxe, l’immixtion de la famille dans les affaires du pays.
Pour le secrétaire général du Parena, Djiguiba Keïta, en un an IBK a réussi très peu de choses sur les attentes légitimes du peuple, notamment dans le domaine de lutte contre la corruption, dans l’amélioration du manier de la ménagère, le redressement de l’école, la gestion de la crise de Kidal. Sur ce dernier point, Ppr estime que le président IBK a obtenu des résultats plutôt lamentables. «Avant Kidal faisait encore parti du Mali, le drapeau du Mali y flottait encore et l’administration bien en place. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Seul le drapeau du Mnla flotte sur Kidal», se désole Ppr.
Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition et challenger d’IBK lors des élections de 2013, dresse un bilan négatif de 12 mois de gestion du pays par «le vieux » comme il l’appelle. Selon lui, depuis un an que le vieux est à la tête du pays, lui et son entourage réponde toujours qu’ils ont trouvé le Mali dans l’abime. Pour M Cissé, c’est une réponse qui ne peut pas couvrir leur échec face aux attentes légitimes du peuple malien. Pour l’élu de Niafunké, 12 mois après, IBK a instauré une gouvernance des affaires publiques qui ne rassure pas. Les Maliens sont de plus en plus dans la misère et le pays ne cesse de s’enfoncer. Pendant ce temps, le chef de l’Etat et son équipe peine à débloquer les fonds que la conférence des donataires a promis à notre pays pour accompagner ses efforts de sortie de la crise. «Un an après, l’impression que j’ai, c’est que le président semble totalement à bout de souffle », a conclut Soumaïla Cissé.
Papa Sow