AN 55 des indépendances : Le Mali à la croisée des chemins

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C’est le 22 septembre 1960 que le Mali accédait officiellement à son indépendance. Cela fait donc cinquante-cinq saisons que notre pays tente de forger un destin, imprimé jadis par le charisme des pères fondateurs de cette lutte de libération contre l’occupant français. Mamadou Tiéoule Konaté, mort prématurément ne cueillera pas le fruit de la lutte pour laquelle lui et ses compagnons se sont consacrés. A ce peuple malien, à la postérité, ils ont engagé un combat sans merci contre le colonisateur, suscitant de fait des ennemis au sein de leur propre camp. Qu’à cela ne tienne. Ils n’ont jamais renoncé à ce sacrifice ultime de gérer le destin des millions d’âmes, et d’en veiller sur chacune d’entre elle. Pour preuve, ils sont mort pratiquement sans le moindre sous, alors qu’ils avaient en charge de gérer le pays, avec tous ses biens. Ils ont refusé de se servir. Mieux, ils sont restés permanemment dignes et constants. Ils ont marqué la fin de leur siècle, pour transmettre aux générations nouvelles le souffle inextinguible. Hélas. Le Mali d’aujourd’hui est tout autre que ce qu’auraient voulu les pères fondateurs d’une indépendance qu’il fallait défendre par le sang, dans la douleur et les larmes. Pour certains observateurs même, cinquante-cinq années après, le pays a reculé de cent ans. Pour défendre un tel argument, ils n’hésitent pas à remettre en cause une éducation nationale en perte de vitesse. La politique nationale dans ce sens suggère une éducation de masse au détriment d’une éducation de qualité, qui responsabilise l’homme face à son destin et au devenir de son pays. L’Ecole fondamentale a perdu sa notoriété de faiseur d’hommes. C’est elle pourtant qui avait formé les premiers cadres et intellectuels de notre pays, dont nous étions si fiers. C’est de ses entrailles qu’ont jailli des hommes tels Modibo Keita, Seydou Badian, Demba Diallo, Alpha Oumar Konaré…Elle est devenue de nos jours un mouroir dans lequel le fils du pauvre est condamné à falsifier ses diplômes, parfois avec la complicité d’un enseignant, pour prétendre à un emploi.

L’armée non plus n’est pas dans une position confortable. Elle, chargée de défendre l’intégrité territoriale du pays s’enlise chaque jour dans une crise sans précédente. Ses rapports de force avec l’ennemi sont inégaux. Les Forces armées maliennes manquent de matériels, de formation et de moyens adéquats pour atteindre leurs missions. Avec de simples pistolets contre des bandits armés à l’arme lourde, que peut faire un policier en cours de munitions lors d’un braquage ? Que peut faire un militaire, à la fleur de l’âge, envoyé pour sécuriser une zone que même une grande puissance comme la France n’a pu pacifier.  «C’est le soldat qui meurt, et rarement le général, qui, lui, met la met sur le cœur quand le tien reçoit une balle», telle peut être une caricature de la situation, en empruntant les paroles du célèbre reggae man Tiken Jah Fakoly. Non, l’indépendance de l’armée n’est pas pour maintenant. Notre président l’a avoué à Sikasso, des puissances étrangères l’empêchent d’équiper sa propre armée. C’est un ultime appel au peuple car il se sent impuissant face à cette situation. Le pays entier doit prendre la mesure de cette confession publique d’IBK, en résistant, en combattant, dans l’union, l’occupation étrangère. Cela pourrait débuter par un boycott actif et accéléré des produits et biens de consommations provenant de ces puissances en question. Car l’heure est grave. Il n’y aura pas de salut en dehors d’un combat sanglant contre la présence de l’armée française au Mali. Il n’y aura pas de paix dans ce pays que nous a légué Soundiata Keita, sans la guerre. L’affront est inévitable! Tel pourrait être le sens caché du message du Président. Quand la France sera partie, le peuple pourra enfin se réconcilier avec son histoire. Le problème du Nord sera enfin réglé. Par la bataille. Car il n’y a pas de paix sans guerre. Allemands et Français se sont combattus hier, aujourd’hui l’Allemagne et la France constituent pourtant la locomotive de l’Union européenne.

Le Président IBK, à l’instar des millions de Maliens, est très inquiet pour le devenir du pays. Même si son calme olympien laisse penser qu’il contrôle la situation. A cette croisée des chemins, nous avons le devoir de constituer, chacun à son niveau, un pilier d’un pont historique pour la traversée de notre peuple. A  70 ans, la parole du président Keita raisonnant depuis Sikasso est le dernier appel pour la jeunesse. Son dernier combat peut-être. Retenons la leçon de Sikasso.

H.L

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1 commentaire

  1. On avait acquis notre indépendance le 22 septembre 1960, mais on l’a perdu huit ans plus tard…

    En ce moment, on est même pas seulement dépendant, on est parasite même… 🙁

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