" Nul n’est prophète en son pays ", cet adage sied bien à notre ATT national. Adulé et souvent ”vénéré”, en tout cas, dans nombre de pays africains, le président de la République, Amadou Toumani Touré, compte parmi les chefs d’Etat qui ont la cote chez les peuples.
Pour s’en apercevoir, il suffit de faire un tour dans certains pays africains où, beaucoup pensent que le Mali a la baraka de Dieu et de son prophète ; parce que pour eux, il a eu un bon président. Lors d’une rencontre à l’extérieur du Mali, un confrère camerounais nous disait ceci : " ATT est bon, il n’est pas comme les autres. J’ai eu très facilement une interview avec lui. En plus, il est sympa et il aime son pays. Nous avons des échos. Vous avez un bon président… ". D’autres, de la Côte d’Ivoire, du Niger, de la Centrafrique, du Burkina Faso ou encore de la Mauritanie, estiment aussi qu’ATT est un repère. Idem pour nombre de populations africaines. Bref, le président ATT fait l’unanimité en Afrique plus que chez lui-même. Tant mieux pour lui.
En Guinée Conakry, il n’est un secret pour personne que ATT est considéré comme un Messie par certaines couches de la population. Et, la semaine dernière, sa visite dans ce pays avait été vivement sollicitée par les protagonistes de l’après premier tour de la présidentielle. Sa médiation aura permis aux acteurs politiques de mettre de l’eau dans leur vin. Du moins pour le moment. On se rappelle les déclarations à l’emporte pièces du capitaine Dadis Camara, alors chef de la junte guinéenne, sur la personne du président ATT. Il voulait ressembler à ATT mais sans faire comme lui, c’est-à-dire faire une Transition, avant d’organiser une élection présidentielle à laquelle il ne se présentera pas.
En dehors du fait que ATT est un sapeur-pompier, à un moment donné sur le continent pour avoir contribué à ramener la paix dans certaines poudrières comme la Centrafrique ou la région des Grands Lacs, il a conquis surtout le cœur des Africains pour avoir quitté le pouvoir à l’issue d’une Transition démocratique, menée des mains de maître. Chose encore rare sur le continent. Car, on a plutôt coutume de voir des présidents qui s’accrochent au pouvoir. A tout cela s’ajoute sa modestie et son africanité qu’il revendique à tout bout de champ, surtout au cours de ses voyages à l’extérieur du continent.
A l’extérieur, il est rarement tiré à quatre épingles
En effet, en visite officielle en occident ou en Asie, ATT prend toujours le soin de se parer de ses grands boubous maliens et sahéliens, coiffé élégamment de son bonnet. Histoire de rester soi-même ou de montrer aux autres que nous aussi, on peut s’endimancher dans nos costumes à nous. Point de veste ni de cravate ! Au fait, ATT fait vendre l’Afrique partout où il passe.
Homme politique ou populiste ?
ATT s’est imprimé un style déroutant pour les calculateurs politiques. Il réussit à faire l’union sacré autour de lui de presque toute la classe politique du pays au nom de son fameux concept : " la gestion consensuelle du pouvoir. " Du jamais vu en Afrique et dans le monde. Il gouverne avec la majorité issue des partis politiques. Et, même ceux qui se réclamaient de l’opposition se veulent proches de lui. C’est de la baraka ou de la tactique politique ? En tout cas, les praticiens de la Sociologie politique pourraient certainement trouver de la matière à réflexion en cette trouvaille attentiste.
En 2007, lors de la campagne présidentielle, à un moment où certains de ses prétendants descendaient dans les caniveaux, il avait contre-attaqué : " je ne suis pas de ceux-là qui se promènent à travers le monde, je préfère plutôt la chaleur et le soleil du Mali que le climat de l’Europe ou encore le confort des avions ". Cette réaction pour le moins épidermique du président avait porté ses fruits puisque ses détracteurs mesurent, depuis, leurs mots.
Son talent politique avéré est combiné dans son populisme acquis depuis le 26 mars 1991 quand il mettait fin au régime dictatorial de Moussa Traoré, affaibli par le Mouvement démocratique.
L’Etat n’est pas Léviathan
Populiste devant l’Eternel, sa façon de gouverner a quand même porté un coup à l’Etat qui n’est plus Léviathan. Si le règne de ATT a un point noir, c’est certainement la faiblesse de l’Etat. Dans la pratique, le général n’est pas un adepte de la coercition contrairement à la formation militaire qu’il a reçue. C’est un homme de consensus. Il n’est pas, non plus, adepte de la pensée de Max Weber sur l’Etat selon laquelle : " l’Etat est un rapport de domination de l’homme par l’homme fondé sur les moyens de la violence légitime… ".
En clair, si en Afrique, certains lui attribuent les qualités d’un Messie, il n’en demeure pas moins que le président ATT possède des qualités patriotiques et humaines qui manquent à nombre des dirigeants de notre continent.
Alhassane H Maïga