Amadou, Mariam et le front social

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Amadou continue de mener paisiblement sa barque, grâce à laquelle il traîne la classe politique dans son sillage. Mettant des pieds et des mains pour s’assurer une bonne succession, si jamais il y a succession. Serait-ce possible ? Difficile de le croire. En effet, la question que se posent bon nombre d’observateurs, c’est de savoir de quoi sera faite l’année 2012. Une année qui aurait dû être le véritable tournant dans l’histoire nationale et marquée par le départ véritable du processus démocratique.

L’actuel chef de l’état est à son deuxième et dernier mandat réglementaire. Pendant dix ans, il n’a eu de cesse de colmater les brèches laissées à la nation par dix autres longues années de gestion catastrophique d’un pays d’où étaient exclus plusieurs des droits fondamentaux qui font une république démocratique basée sur un Etat de droit, dénis de justice et de droits dont ont été victimes aussi bien les citoyens lambda que les partis politiques qui ne voulaient pas s’aligner. Dix années au cours desquelles les nouveaux maîtres ont érigé la corruption, la délinquance financière et la gabegie en système.

Si l’ère ATT ne fait pas non plus l’unanimité en matière de gouvernance économique et politique, on s’attendait au moins à ce que l’actuel locataire de Koulouba mette en place les conditions adéquates et nécessaires à une bonne succession. Au contraire, ATT semble dire à tous : après moi, le déluge !
En effet, à quelques mois des échéances électorales de 2012, rien ne semble être fait pour des élections libres, transparentes, calmes et apaisées. Tout est contesté : les réformes politiques et institutionnelles, le futur fichier électoral, la nouvelle CENI.

Cette dernière a même reçu le plébiscite officiel du gouvernement, ses membres ayant été reçus en grandes pompes, vendredi dernier, par le Premier ministre. Et comme il est maintenant un «secret de polichinelle» qu’ils se sont fait nommer dans la Commission pour profiter d’une manne, ils ne sont pas gênés pour demander à Mariam de vite mettre à leur disposition la bourse publique.

Pourtant, le chef du gouvernement a mieux et plus urgent à gérer. En effet, à l’heure actuelle, le front social est en pleine ébullition. Les problèmes de l’Université sont loin d’être réglés et l’année scolaire est en passe de «blanchir» avant même de commencer. Même si Amadou, dans une envolée lyrique et onirique, promet d’ériger des universités à foison. Des enseignants du SNESUP, de la COSES, et de l’enseignement privé sont sur le pied de guerre, prêts à en découdre  avec le gouvernement pour la satisfaction totale de leurs revendications. Le must, c’est le préavis de grève de quarante-huit heures déposé sur la table du ministre du travail et de la fonction publique par la centrale syndicale Union Nationale des Travailleurs du Mali. En effet, l’UNTM, tenant compte du manque de motivation du gouvernement à donner une suite crédible à ses revendications, considérant que ces doléances remontent pour la plupart au Protocole d’accord du 18 juillet 2007, estimant le caractère impérieux des besoins exprimés pour améliorer les conditions de travail et de vie des salariés et impulser le développement économique et social du Mali, décide d’observer une grève les mardi et mercredi prochains.

Les syndicalistes semblent ne pas comprendre que l’Etat engage les fonds publics, des milliards de FCFA puisés des caisses du trésor national et de l’aide internationale, dans des réformes inopportunes, des commissions électorales douteuses, des élections pipées d’avance, et que, paradoxalement, ce même Etat se révèle incapable d’appliquer l’accord sur l’équilibre de la grille de la fonction publique et les conventions collectives, de payer les droits des travailleurs compressés et les indemnités des partants volontaires à la retraite omis, de publier le bilan de la privatisation pour que le peuple sache ce qui a été bouffé et ce qui reste, d’accélérer la relance du secteur postal et procéder à la libération de la part de 10% du capital de la SOTELMA réservée au personnel, de rehausser le montant des différentes primes, en élargissant les primes de zone aux autres secteurs d’activités de la fonction publique, les primes de logement, les frais de mission des chauffeurs, d’établir un plan de carrière en faveur des fonctionnaires, en distinguant les emplois politiques des emplois administratifs, d’intégrer dans la fonction publique les contractuels occupant des emplois permanents notamment à la santé et à l’éducation, réinstaurer le Fonds minier, etc.

Les syndicalistes ont entamé les négociations avec le gouvernement, vendredi dernier. Et ils ne démordront certainement pas de leur cahier de charges. En sachant quand même que le chef de l’Etat n’a en tête que «ses» réformes et ses semblants d’élections.
Cheick TANDINA
 

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