Le PDES a fait son come back le week-end dernier à la faveur de sa 2ème convention qui s’est achevé hier dimanche, au CICB. La rencontre s’est conclue par la mise en place d’une nouvelle instance dirigeante sous la férule, mais elle aura servi auparavant de tribune propice à la l’opposition malienne qui a affiché complet pour la circonstance. Aussi n’a-t-elle pas choisi la langue de bois dans son appréciation de la réalité du pays ainsi que dans l’affirmation de sa volonté de consolider la grande famille FDR (Front pour la République et le Démocratie) à laquelle appartient le PDES.
Un rendez vous fortement convoité
La cérémonie d’ouverture de la deuxième convention du Parti pour le Développement Economique et de la solidarité aura donné lieu à une convergence inhabituelle de grands leaders politiques. Car à l’appel du président Ahmed Diané Semega et de ses camarades, la famille de l’opposition a répondu par la mobilisation d’une constellation de célébrités au nombre desquels Soumaila Cissé, l’ancien Pm Modibo Sidibé, Djiguiba Keita PPR du Parena, ou encore Iba N’diaye entre autres figures emblématiques. .
Côté PDES (le parti hôte), outre le président sortant arrivée de Dakar pour la cause, l’ancien ministre Abdoulaye Amadou Diallo, Me Maliki Ibrahim ou encore de Fatoumata Sako dite Djinè, émergent parmi tant d’autres célébrités ayant mis à profit l’événement pour afficher leur loyauté à ATT et réaffirmer leur engagement pour les valeurs qu’il incarne. Ahmed Diané Semega n’y est point allé par le dos de la cuiller pour condamner sans fioriture le coup de force de Mars 2012 qu’il juge ”stupide” en qualifiant ses auteurs de “marionnettes ennemies du progrès”. Il s’est dit fier d’avoir contribué au progrès du Mali en servant ATT dont assume par ailleurs les ” réussites et échecs …les forces et faiblesses de sa gestion…”.
L’ancien ministre de l’Equipement et des Transports en a aussi profité pour apporter un cinglant démenti aux rumeurs d’une brouille avec son mentor à la veille du putsch et conjure par la même occasion les présages sordides d’un d’un destin politique scellé avec son exil au Sénégal.
Le PDES aura bel et bien pour crédo la défense des acquis obtenus par le Mali sous le leadership politique du Président Amadou Toumani Touré et la pérennisation de sa vision politique, a laissé entendre le président Séméga, exhortant ses camarades à la cohésion en ces termes : ”restons soudés avant tout car notre capacité à transcender les questions crypto personnelles, pour refléter et mériter davantage les valeurs d’union et de rassemblement caractérisant le PDES feront du parti une famille forte capable de relever tous les défis”.
A ceux qui pensent que le parti militera sans l’ombre d’ATT il lance ceci : ”Le PDES assume son bilan avec fierté” C’est sur ces mots qu’il a clos son discours d’ouverture avant de laisser les invités des autres tendances politiques s’exprimer.
Une tribune appropriée pour relancer le FDR
Les leaders politiques présents n’ont pas été avares en mots au conclave des héritiers d’ATT, qui a été l’occasion, pour les tendances politiques hostiles au putsch, de revivre l’atmosphère des affinités ayant prévalu jusqu’à la présidentielle 2013. Iba N’diaye, vice-président du FDR, a salué ses camarades du PDES, premières “victimes collatérales” de la crise. Selon lui, ” le Mali est dans une situation grave” et les Maliens doivent se retrouver pour avoir des solutions : société civile, majorité et opposition. Quoique militant convaincu du PASJ, formation de la majorité présidentielle, l’ancien président par intérim de l’Adéma estime qu’un changement de cap est nécessaire au Mali et que l’opposition, de concert avec tous les patriotes, doivent pousser le pouvoir au vrai changement.
Les FARE de Modibo Sidibé sont allés plus loin. S’exprimant en lieu et place de l’ancien PM d’ATT, Modibo Sidibé, le jeune candidat à la présidentielle 2013, Alhousseini Abba Maiga, a pris à partie les autorités sur la très mauvaise gestion des matériels militaires ayant conduit le FMI à imposer un audit des marchés y afférents. Il s’est dit inquiet pour le Mali où le délétère climat social s’est traduit par la levée in extremis du mot d’ordre de grève l’UNTM. Les FARE se disent disposés à profiter du retour du PDES sur la scène politique pour cheminer avec lui dans la poursuite des objectifs communs.
A travers Djiguiba Kéita, le Parena de Tiébilé Dramé n’est pas non plus passé à côté du rendez-vous. Dénonciateur attitré des dérives de l’actuel pouvoir, le Secrétaire général du Bélier Blanc, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports avant le coup d’Etat, a condamné sans ambages la prise du pouvoir par les armes, avant de saluer le changement de régime qui se dessine au Burkina voisin et la décision du peuple burkinabè à se débarrasser de ‘’l’assassin de Thomas Sankara”. Djigiba Keïta PPR s’en est par suite pris au pouvoir d’IBK dont “l’impunité est la marque de fabrique”, selon lui, avec notamment les bourdes du PM Moussa Mara et sa mauvaise gestion de la crise du Nord.
En recevant le témoin de son prédécesseur, Ahmed Diané Séméga, le nouveau président du PDES mesure le poids mais également les avantages d’être premier responsable d’un parti chassé du pouvoir par un coup de force. Être responsable d’une formation fidèle à l’ancien président ATT n’est pas une couronne de lauriers mais de feu, à cause des intimidations et même les éventuelles privations de liberté auxquelles ce privilège pourrait exposer. La tâche, selon Amadou Abdoulaye Diallo, pourrait toutefois être facilitée par les errements du pouvoir actuel comparativement au riche bilan de l’ancien régime. Il est en effet convaincu que pour peu de labeur politique le PDES pourra renouer avec les « poses de premières pierres et les inaugurations», à cause notamment de sa singularité d’être un parti qui n’a pas besoins de promettre monts et merveilles aux Maliens et dont les acquis socio-économiques sont déjà si éloquents. «Un nouveau jour se lève pour le PDES », a-t-il déclaré, hier, à la clôture des travaux, avec l’espoir, a-t-il ajouté, qu’ATT et son épouse regagneront bientôt le bercail. A propos du brûlant héritage de la question du Nord, le nouveau président a laissé entendre que l’histoire a donné raison au PDES et à ATT, et pour cause. Après avoir tout tenté sans succès, la voie et la négociation se sont imposées après que les autorités aient perdu tant de temps dans les tâtonnements.
Un PDES à la croisée des chemins
Pour ce qui est de sa cuisine interne, la 2ème Convention a consacré le renouvellement des instances dirigeantes du PDES dont les enjeux se sont quelque peu cristallisés avec le retrait de son président sortant, Ahmed Diané Séméga. L’ancien ministre d’ATT n’étant plus en mesure de se consacrer à la gestion courante du parti, l’ouverture de sa succession a profité à son ancien collègue du gouvernement, Amadou Abdoulaye Diallo, au bout d’une brève confrontation d’ambitions où l’instinct de survie a finalement pris le dessus sur les appétits. Jusque-là président par intérim M. Diallo, ancien ministre de l’Industrie et du Commerce, dirige désormais un bureau kilométrique et consensuel de 76 membres où figurent les plus fidèles ayant résisté à la tentation de bruler leurs dieux à un moment où une salle de 200 place suffit pour contenir les événements du Parti d’ATT. On peut citer, entre autres, Djibi Tall, les anciens députés Mme Ascofaré Oulématou Tamboura, Séli-Séli Magassa, Hamadaou Sylla, l’unique député en exercice du parti Ilias Goro, etc. Ce n’est pas tout. S’y ajoutent également le Maire Sadou Diallo, Me Malick Ibrahim, Nouhou Togo entre autres, auxquels s’ajoute Mme Séméga Dominique, épouse du désormais ancien président devenu président d’Honneur du PDES.
Ce maillage, selon nouveau président, aura pour tâche de supporter un héritage difficile à assumer car, être responsable du PDES n’est pas «une couronne de lauriers mais une couronne de faux», a-t-il déclaré, allusion faite aux possibles intimidations et éventuelles tracasseries judiciaires. Mais le parti ne se dérobera pas de son destin, a prévenu également le nouveau président en promettant de remettre ses rangs dans la voie d’une reconquête du pouvoir et du renouement avec les poses de premières pierres et d’inaugurations. Cette tâche, à ses yeux, pourrait être facilitée par la singularité du PDES, qui fait figure d’alternative politique crédible par son enviable héritage socio-économique. «Le peuple se souvient que nous somme issus de lui », a clamé le successeur d’Ahmed Diané Séméga, en pointant du doigt les approches approximatives des pouvoirs actuels face à la question du Nord par exemple.
Idrissa KEITA