Les problèmes du Mali, c’est d’abord le régime issu des élections générales de 2013, selon l’Alliance des démocrates patriotes pour la sortie de crise(ADPS). « Les masques tombent, car, à travers ce projet de révision constitutionnelle qui ne répond à aucune demande ou préoccupation…le régime issu des élections générales de 2013 avoue, après l’avoir nié contre l’évidence même, que l’Accord d’Alger viole la Constitution de la République du Mali et qu’il convient de tordre le cou à celle-ci pour accommoder celui-là », souligne une déclaration du regroupement.
Les responsables de cette coalition dont l’ancien Premier ministre Soumana Sacko, président de la CNAS Faso Hèrè ; Lamine Coulibaly et Zenebou Maïga étaient face à la presse jeudi 1er juin. A l’ADPS, on estime que la motivation essentielle de la révision constitutionnelle est à chercher ailleurs, notamment une légitimation ex post de l’Accord d’Alger, « cet accord de la démission nationale qui viole allègrement la Constitution, la loi fondamentale de l’Etat ».
Les membres de l’ADPS indiquent que le projet de révision « est anticonstitutionnel (notamment au regard de l’article 118 de la Constitution), inopportun, mal inspiré, inutilement coûteux (entre autres, le Mali n’a pas besoin d’un sénat) et dangereux pour l’encrage et le raffermissement de la République et de la démocratie au Mali». Ainsi, la coalition invite l’Assemblée nationale qui planche actuellement sur le sujet à transformer l’essai par un rejet pur et simple du projet «démocraticide», visant particulièrement « à instaurer une dictature personnelle ».
Un autre sujet ayant fait l’objet de critique par les membres de l’ADPS est l’état de l’économie et la dégradation du climat social. « Passé maitre dans la pratique du miroir aux alouettes, le régime issu des élections générales de 2013 paie aujourd’hui le prix de sa propagande mensongère tendant à faire croire que les finances de l’Etat et l’économie nationale, y compris la production céréalière, seraient dans un état d’excellente santé comme le Mali n’en avait point connu auparavant », souligne la déclaration de l’ADPS.
Pire, les membres de la coalition rappellent que les tensions à la hausse sur les prix à la consommation observées sur les marchés maliens et les recours abusifs à l’émission de bons du Trésor(endettement intérieur) sont plutôt des signes d’alerte financière du pays. Dans ce contexte, l’ADPS soutient que la gestion de la crise sociale passe par une clairvoyante capacité d’anticipation et de dialogue dans la sincérité, la fermeté et l’esprit de suite permettant aux pouvoirs publics d’apporter des réponses réalistes.
S’agissant de la crise au Nord du pays, les responsables de l’ADPS accusent le régime IBK d’avoir laissé l’insécurité se généraliser un peu partout, notamment dans les régions centrales du pays, au prix de la fragilisation de la coexistence pacifique entre les différentes communautés et de l’absence de l’Etat. «L’Etat malien est aujourd’hui beaucoup plus absent sur le terrain qu’il ne l’était en septembre 2023 », rapporte la déclaration.
Pour Soumana Sacko et ses camarades, la conférence d’entente nationale fut un échec patent tout comme l’Accord d’Alger. «La soi-disant Charte d’entente nationale n’a même pas connu ne serait-ce qu’un début d’esquisse, d’autant plus moins que le cadre choisi ne débouchera jamais sur une réconciliation véritable et une consolidation de l’unité nationale, faute d’appropriation nationale du processus de sortie de crise », analyse la déclaration.
Soumaila T. Diarra