Ahmed Diané Sémega, vice-président du Mouvement citoyen : « Il n’est pas cohérent de créer un parti politique »

0




L’interview ci-dessous a été réalisée et publiée par le journal «Aurore» dans sa  livraison N° 1078 du  14 fevrier 2005. Les questions évoquées au cours de l’entretien sont aujourdhui plus d’actualité. Toute chose qui nous incite à vous la soumettre de nouveau à la lecture à la lumière des faits d’actualité.  




AURORE : Que représente, Monsieur le Vice-président, le Mouvement citoyen en tant qu’entité politique ?

SEMEGA : Le Mouvement Citoyen, par sa nature juridique, est une association. Mais au-delà, c’est un mouvement de soutien au Président de la République. C’est pour cela qu’il a été conçu, à la faveur de la campagne présidentielle de 2002, pour d’abord convaincre le Président de se présenter, ensuite servir de catalyseur au soutien de ses actions en sa qualité de Président de la République. Vous comprenez que cette tâche est encore d’actualité. Par la grâce de Dieu, il a été élu en 2002 et le Mouvement Citoyen, de mon point de vue – il s’agit d’un point de vue largement partagée au sein de notre association -, devrait donc continuer à exister pour soutenir et amplifier les actions du Président en servant de relais auprès de l’opinion publique. Comme vous le savez, certainement, il y a une mue qui s’opère entre le candidat et le Président, un changement de statut, avec nécessairement des conséquences différentes selon les périodes. Il fallait donc que le Président, en tant qu’indépendant n’appartenant pas à un parti politique, puisse avoir un socle sur lequel repose le soutien à son action. Au-delà même de l’accompagnement populaire, au-delà aussi de tous les  partenaires politiques qui, ensemble avec le Mouvement citoyen, ont bâti la plate-forme électorale ayant abouti à  l’élection du Président. Bref, le Mouvement Citoyen est une association – certes à caractère politique parce que le Président de la République est une institution politique, mais il se démarque des partis politiques. Notamment par la vocation et la spécificité que je viens de décrire à savoir : un mouvement fédérateur des synergies autour du Président et qui sert de relais à son action afin que le peuple perçoive l’ampleur de sa mission dans toutes ses dimensions.

Eprouvez-vous une satisfaction par rapport au chemin parcouru ?

Pour être honnête, je dirais qu’on peut mieux faire. Mais je suis globalement satisfait. Je le suis d’autant que le leadership du Président de la République nous a finalement conduits à une situation qui fait que le Mali se trouve aujourd’hui sur le bon chemin. Après des débuts difficiles, nul n’ignore, en effet, les conditions qui prévalaient en juin 2002 : la crise ivoirienne, les sécheresses cycliques sans  compter les divers fronts sociaux qu’il fallait nécessairement satisfaire au plan de la demande et qui l’ont justement été grâce  à l’action et l’effort conjugués du Président de la République et de tous les partenaires politiques qui se sont associés à notre combat. En définitive, si je disais que je ne suis pas satisfait, ce serait pure mensonge. Ma satisfaction est fondée sur les actions quotidiennes dont je suis un témoin privilégié. Je sais quelles sont les difficultés, l’implication et la volonté impulsées et qui font que, malgré les défis et les difficultés, le pays avance dans un océan de troubles. Il offre l’image d’un pays apaisé et démontre, tous les jours, à la face du monde que le pessimisme ne sied pas à toute l’Afrique et qu’il y a des modèles qui marchent avec la conscience politique de tous les acteurs ayant cru de bonne foi à la sincérité du Président de la République. Tous les jours on démontre que c’est par cette voie que l’on peut sortir le pays de  l’ornière. Si vous vous souvenez, le leitmotiv du président de la République lors de la campagne, c’était " retrouvons ce qui nous unit". C’était le socle sur lequel s’est bâti son projet de société, la trame qui conduit aujourd’hui les actions du Président de la République dans tous les actes. Moi, en tant que vice-président du Mouvement, en tant que membre d’une association devant servir de relais à ses actions, je suis satisfait de constater que ces engagements sont renforcés tous les jours par des actes concrets allant dans le sens de la consolidation des acquis. Même si des difficultés existent et dont on ne peut se cacher. On ne peut tout  de même, sauf à être de très mauvaise foi, occulter le fait que le Mali est un pays apaisé, un pays qui avance, un pays-modèle. Ce n’est pas pour faire plaisir à qui que ce  soit : c’est simplement le constat, enfin, d’un pays qui marche dans une Afrique où l’afro-pessimisme le dispute aux désespoirs. Il faut aujourd’hui, malgré les difficultés et le chant de certaines sirènes, que chacun sache que le pays ne se porte pas aussi mal que certains le pensent. C’est cela le fondement de ma satisfaction. Je précise tout de même que nous ne sommes pas au bout de nos peines : mais il y a une conscience responsable qui fait que notre pays, tous les jours, s’inscrit dans une dynamique qui nécessairement tend vers les progrès. Oui, je suis satisfait, en tant que vice-président du Mouvement citoyen, des efforts quotidiens qui crédibilisent l’action du Président de la République et toute la classe politique. Parce que c’est la classe politique aussi qui, dans son ensemble, appuie cette démarche.

En parlant de satisfaction, nous faisons également allusion à votre apport intrinsèque, la contribution du Mouvement au tableau élogieux que vous venez de décrire.

Quand on est dans l’arène politique, il est difficile, sauf à n’avoir pas de prise réelle avec les choses de la vie politique, d’être satisfait. Toutes les  actions et les actes que l’on se pose sont jugés à l’aune des résultats obtenus. Or, dans l’arène politique, surtout dans le contexte qui est le nôtre, n’étant pas d’un parti politique, les contraintes qui pèsent sur l’action sont hautement plus  complexe. Elles vous obligent constamment à un équilibrisme forcé pour tenir sur la ligne : d’un côté la nécessité de répondre à des demandes politiques très fortes, de l’autre celle de rester en dehors du champ traditionnel de la politique. Il est donc difficile disais-je d’évaluer avec une pertinence certaine les résultats atteints. A en juger par l’adhésion de plus en plus massive des Maliens aux idéaux du Mouvement et à la dynamique de relais des actions du Président de la République ; si l’on en juge par la multiplication des structures à travers le pays, par le désir constamment renouvelé des sympathisants de s’impliquer davantage dans la vie de notre association, nous sommes satisfait en tant que responsables. Et malgré certaines insuffisances. Il y a une avancée significative qui est inscrite dans la dynamique de valorisation du Mouvement en tant qu’outil de relais des actions du Président de la République. De l’autre côté, force est de le reconnaître que les faiblesses sont  telles qu’il peine à trouver ses marques. Cela est aussi le fait de l’équilibrisme dont j’ai parlé et qui est lui-même une conséquence du Mouvement en tant qu’association à caractère politique mais qui  n’est pas un parti politique. C’est tout le débat autour de la création d’un parti politique.

Nous sommes néanmoins satisfaits en dépit du long chemin à parcourir et de certaines démarches de remise en confiance à entreprendre. Beaucoup de sympathisants du Mouvement ne comprennent pas, par exemple, son absence au devant de la scène, même si ce n’est pas sa vocation. Il y a aussi l’impatience de certains qui, pour avoir soutenu le président dès le départ, pensent nécessairement participer à la gestion publique. Tout ceci, de mon point de vue, participe d’un manque de communication criard – il faut qu’on accepte de l’avouer – au niveau de l’instance dirigeante, le CENA. Celui-ci, de mon point de vue, devrait communiquer, de façon non équivoque, pour que tous les sympathisants et au-delà tout le Mali comprenne le positionnement réel du Mouvement, les enjeux de sa structuration et surtout  ses décisions. Ce travail, même s’il a été entrepris de manière timide, n’a  pas été fait. C’est pourquoi le besoin s’impose de l’entreprendre de manière constante et pérenne ; de façon à ce que ce soient perçues sans équivoques les missions de l’association et la nécessité de les ancrer dans une dynamique cohérente avec la démarche prônée par le président de la République. Je suis satisfait de  l’existence du CENA, de la convivialité qui y règne, mais pas de  la dynamique d’action : il y a des insuffisances à corriger impérativement. Même si des plans d’actions ont été validés et qui font que le Mouvement est quand même présent sur le paysage politique. N’eut été lesdites actions, je crois qu’aujourd’hui on n’en parlerait pas ; il aurait disparu comme beaucoup de petits partis. Mais je le répète il y a des insuffisances à corriger impérativement en donnant plus de visibilité à notre action, plus de lisibilité à nos plans d’action, par rapport aux objectifs et aux missions assignées à notre mouvement, pour que désormais s’estompent et disparaissent ces faux clivages entretenus entre pro ou contre telle ou telle idée. Les gens doivent plutôt comprendre la dynamique collective qui fonde l’unité du Mouvement.

Quelle est l’influence réelle de votre entité sur le mécanisme décisionnel de l’Etat ?

J’avoue que la question est pertinente. Vous savez, l’influence d’un mouvement politique dépend de deux choses. La première c’est la capacité de ses animateurs à rendre visibles et intelligibles ses actions, son discours, à les cadrer dans des actes concrets qui valident, auprès de l’opinion, la viabilité de toute organisation, sa crédibilité. La deuxième chose s’est le message lui-même du mouvement, de l’association ou de l’entité concernée. On peut écrire tous les slogans du monde, on ne réinventera pas la roue ; on peut être animé de toutes les intentions du monde mais, sans un discours cohérent, un message intelligible et surtout crédible, il n’y a pas d’influence. Je pense  très honnêtement, quand vous regardez le Mouvement citoyen, malgré son manque d’organisation (une réalité qu’il ne faut occulter), malgré son manque d’automatisme et de mécanisme propres au partis classiques, il est tout de même influent du point de vue des messages qu’il véhicule. Et ce message est un message enraciné dans la volonté du Président de la République, un message porté par son projet de société. Je suis vice président du Mouvement, Djibril Tangara en est le  président, etc. Chacun, dans le domaine qui le concerne, dans les missions à lui confiées, tente tous les jours de coller à l’éthique qui sous-entend ce projet de projet de société en faisant de sorte que le message soit. Afin qu’à l’heure du bilan soit perçu, sans équivoque, la contribution du Mouvement Citoyen à l’avancée démocratique au Mali. Je pense qu’aujourd’hui personne ne peut remettre en cause cela. L’influence n’est pas nécessairement déterminée par le choix de tel ou tel responsable à un poste politique. Heureusement que le Mali a dépassé ce cadre : le Président de la République l’a dit – et c’est un principe appliqué au Mali – ce n’est pas parce que vous êtes membres d’un parti politique influent que vous avez droit à tel ou tel poste. C’est aujourd’hui la compétence qui compte. Malgré les grincements de dents de tous ordres, qui sont peut-être justifiés dans certains cas, ce qui prime aujourd’hui au Mali c’est  la compétence. En ce qui me concerne, je me réjouis de ce que je fais même si l’action que  je mène est apprécié par certains, décrié par d’autres selon qu’il parte ou non dans le sens souhaité. En définitive, je trouve que le Mouvement Citoyen a une influence réelle. Ce n’est certes pas une influence comparable à celle d’un parti politique, comme c’était le cas autrefois au Mali, mais le Mouvement est parfaitement en phase avec les objectifs que le Président s’est assignés. Pour cela nous sommes fiers de ce que nous faisons.

Vous-vous accommodez  donc de votre représentativité dans la sphère administrative et étatique.

Le plus important pour nous c’est d’exister, de travailler, de rendre crédible ce que nous faisons. C’est cela la mesure de l’influence que nous avons aux plans politiques et de l’action publique. Si nous parvenons aujourd’hui à encrer cette dynamique dans la durée, je puis vous affirmer que quel que soit le temps, quels que soient  les acteurs, la situation, le Mouvement sera influent indifféremment des périodes.

Votre association connaît aussi des désidératas relatifs notamment à son érection en parti politique. Les contraintes d’équidistance – dont vous faisiez allusion – ne sont elles pas une raison de s’afficher nettement en évoluant vers une formation tant réclamée ?

Je fais parti des premiers qui ont jugé nécessaire que ne soit occulté aucune question au niveau du Mouvement citoyen ; que l’on parle de son statut, de son évolution, son encrage afin de mieux appréhender les enjeux, fixer la direction et asseoir une dynamique durable dans le sens de ce que nous cherchons : la consolidation des acquis du Président de la République dans l’action et la compréhension de cette dynamique par notre peuple. Dans cet ordre d’idée, la création d’un parti politique, en lieu et place du Mouvement citoyen, son évolution vers un parti, le maintien du Mouvement en tant qu’association comme c’est le cas actuel, sa disparition au cas où l’on en juge qu’il a atteint ses objectifs comme simple plate-forme électorale, sont un débat politique par rapport auquel il n’y a pas de camisole de force, pas de tabou ni de limite autre que la conviction et le souci d’inscrire son action dans une cohérence. Cette cohérence, à mon avis, repose sur les objectifs initiaux de notre association en tant que Mouvement de soutien au Président de la République. Lequel a dû le rappeler à qui veut l’entendre qu’il n’était pas de sa volonté de créer un parti. Alors, le Mouvement, qui a fédéré toutes les énergies pour faire élire le Président, peut- il se transformer en parti sans le souhait de celui qui en est le dénominateur commun ? C’est la première cohérence. Donc, malgré la volonté grandissante d’un nombre de plus en plus important de sympathisants de voir la création d’un parti politique, il y  le souci de cette cohérence. Nous pensons aujourd’hui que le Président de la République a tout de même impulsé une dynamique novatrice  au paysage politique. Il s’agit du consensus qui, même s’il est décrié par certains oiseaux de mauvais augure, qui voient un complot partout, est porteur quand même d’un climat politique apaisé. Pas d’opposants en prison ; pas de contestations de la ligne politique qui fonde l’action publique, l’action gouvernementale… Le Mali avance et rien ne justifierait que le Mouvement citoyen se transforme en parti politique. Rien n’empêche aussi que le débat s’instaure, rien n’empêche à des intellectuels  et cadres d’un mouvement associatif sur son devenir, sur l’opportunité du changement ou du maintien de son statut. C’est pourquoi j’étais l’un des premiers à vouloir que le débat s’instaure afin que la question soit tranchée de manière sereine, pour une meilleure visibilité de ce que nous devons faire. Que cela ait été compris ou pas, peu importe. Le plus important aujourd’hui c’est que les facteurs rationnels pour la création d’un parti politique ne sont pas plus importants que ceux qui plaident pour le maintien du Mouvement dans sa forme actuelle. Le plus important c’est aussi de structurer le Mouvement, de rendre visible sur le terrain ses missions traditionnels. C’est cela qui fondera la nouvelle dynamique du Mouvement et rien d’autre. Autrement dit, il n’y a pas de facteurs objectifs aujourd’hui pour la création d’un parti politique. Sinon de faire comme les autres : créer un parti pour en créer parce qu’il est facile de le faire au Mali.

L’instance dirigeante de votre mouvement fait également l’objet de fortes contestations, à cause des conditions d’installation d’un CENA que d’aucuns jugent illégitime : qu’en dit le vice président que vous-êtes ?

Nous sommes en démocratie et chacun est libre d’émettre son opinion, mais la démocratie c’est aussi le respect de la volonté d’une majorité. Le mouvement citoyen, comme je le disais, est une phase de restructuration. C’est une kyrielle d’associations fondues dans un moule commun et qui est composée de personnellement ressources n’appartenant pas nécessairement à l’association, des organisations de société civile ayant soutenu la campagne du Président de la République. Il a fallu dès lors définir une ligne de conduite, de règles par lesquelles l’ensemble de ces entités devaient être fondues dans un même moule. C’est un travail que nous sommes en train de faire. Vous me direz sans doute qu’il est en train de prendre beaucoup de temps, mais mieux vaut avancer lentement et sûrement en prenant la précaution de le faire avec réalisme et objectivité que de se précipiter et constater amèrement après quelques temps qu’on s’est trompé et faire face aux difficultés de tous ordres, corriger le tir dans la précipitation. Nous sommes, disais-je, en phase de restructuration qui nécessite un leadership.

Les contestations semblent  d’autant justifiées que vous avez connu un revers électoral aux dernières communales…

Je le conteste. Le Mouvement citoyen n’a pas présenté officiellement de listes aux communales ; ce sont plutôt des candidats indépendants qui se réclament de l’association. N’étant pas d’un parti politique, et n’ayant pas les moyens d’un parti, en tout cas les plus importants, ces indépendants, qui se réclament du Mouvement citoyen de façon très noble, ont accompli une performance remarquable.  Quand vous regardez aujourd’hui la structuration de la classe politique, au su des résultats du scrutin communal, on remarque que le MC se trouve à la quatrième place. Pour une force qui n’est pas organisée, à l’image d’un parti politique, c’est plutôt remarquable !

Un dysfonctionnement décrié par une frange serait imputable au cumul des responsabilités par certaines personnalités dont vous-êtes. Qu’est-ce qui explique, de votre point de vue, la tenue irrégulière des réunions, ce manque d’activités tant récusé ?

La question comporte deux aspects. La première a trait aux difficultés que vous avez évoquées. C’est vrai que le mouvement gagnerait plus en efficacité si on respectait les plans d’action ou les documents de travail que nous avions élaborés pour cadrer nos actions. Il n’y a pas de frange au sein du CENA. Il y a souvent des discussions très chaudes sur tel ou tel sujet, mais il n’y a ni disputes ni scissions. C’est vrai aussi que des gens ne sont pas contents, c’est vrai tout ce que vous dites. J’avoue qu’il y a un problème d’organisation. Ce serait vous mentir en disant que ça n’existe pas. Mais, même au sein des partis politiques  qui ont pignon sur rue, le même problème d’organisation existe sans avoir peut être atteint l’ampleur de celui du CENA. Mais cela appartient désormais au passé. Aujourd’hui, le CENA tient régulièrement ses réunions tous  les mercredis ; il a un siège, le mouvement est représenté presque dans tous les pays ; il y a un contact fréquent entre ses sympathisants. Quand il nous est donné de voyager dans certains pays, nous allons serrer la main à nos compatriotes.

Est-ce le cumul des actions gouvernementales ? Je ne le pense pas. Le M.C ne se réduit pas aux seuls présidents et vice président au sein du gouvernement. Il y existe d’autres compétences, des cadres valables, qui sont au niveau d’autres secteurs d’activités et qui peuvent valablement faire fonctionner la structure. Et ce, que le président ou son vice président soit présent ou non. Nul n’est indispensable au sein du Mouvement Citoyen. Notre mouvement est l’antithèse de ces formations où tout le monde fait allégeance à un seul individu, où tout s’arrête ou va mieux dans le meilleur des mondes  selon que ce dernier est présent ou absent. Non, chez nous, nous faisons le pari que nous avons des compétences sur lesquelles le Mouvement repose et qui peuvent le faire marcher. Nul besoin que le président, le vice président ou toute autre personne soient là ou pas. Ce qui est important c’est qu’il y ait une cohérence dans une dynamique durable.

Quelle est la nature des relations que le mouvement entretient avec le Président de la République ? S’implique-t-il dans la cuisine intérieure du Mouvement ?

Le président de la République ne peut pas être indifférent par rapport à ce qui se passe au sein d’un mouvement qui a servi de socle à sa candidature, à l’animation de la campagne présidentielle et qui sert aujourd’hui encore de relais à ses actions. Pour reprendre votre formule, il ne s’implique pour autant dans la cuisine intérieure du Mouvement. Certes, il suit de loin ce que nous faisons et il lui arrive de donner des conseils à titre individuel. L’un des traits caractéristiques du Mouvement citoyen c’est que chacun a de liens personnels et directs avec le Président de la République. Et, par ce biais, il peut donner des conseils ça et là. C’est dire que le Président de la République n’est pas directement impliqué dans la " cuisine intérieure " du Mouvement. Il ne lui est toutefois pas indifférent, comme il ne l’est pas vis-à-vis de la classe politique dans son ensemble. C’est d’ailleurs le fonctionnement de ce principe que certains décrient, mais qui fait notre fierté : le consensus politique. N’en déplaise aux détracteurs de cette vision politique !

Et avec les partis politiques ? Avez-vous  une préférence dans la classe politique nationale ?

Nos rapports avec les partis politiques ne peuvent pas être des rapports antinomiques ; ce sont  des rapports complémentaires. C’est vrai qu’il y a des amis politiques avec lesquels nous avons entamé et achevé la campagne en 2002. Ensemble, nous continuons à amplifier les actions du Président de la République. Mais les  autres partis politiques sont tout autant des partenaires parce que la dynamique qui fonde notre action est une dynamique consensuelle. On ne peut pas en vouloir à des gens parce qu’ils cherchent à s’entendre avec tout le monde, à moins de vouloir chercher autre chose. L’essentiel est de rester cohérent de savoir ce que l’on attend de l’autre et ce qu’il attend de nous. Nous n’avons pas de préférence ; nous cherchons à réunir le maximum de personnes. Un objectif qu’on n’atteindra en cherchant des préférences. Notre préférence va à l’endroit de ceux qui ont fait le choix du Mali. C’est la seule qui vaille, en dehors de la " politicaillerie " et de la chicanerie de tous genres.

Le Mouvement aura-t-il un candidat en 2007 ?

Notre candidature en 2007 ? Pour l’instant, nous sommes en 2005. Nous prévoyons de réfléchir sur la question extrêmement difficile.

     

Interview réalisée par A. Keïta  et B.S DIARRA

 

Commentaires via Facebook :