«Celui qui veut abattre son chien, l’accuse de rage». Ce vieux dicton corrobore avec les arrestations qui ont suivi le lendemain de l’agression dont a été victime le président de la transition, le professeur Dioncounda Traoré. En effet, l’on se rappelle le 21 mai dernier que suite à une grande marche de protestation contre son imposition par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest à la tête de la transition, le monde entier a été surpris d’apprendre l’agression dont a été l’objet le Pr. président alors jusque dans son bureau.
Si cet acte odieux a indigné plus d’un, les arrestations qui s’en sont suivies nous font penser à un vieux scénario qui se répète. L’on se rappelle qu’au lendemain des indépendances, le président Modibo Keïta, pour avoir les mains libres sur la gestion de l’Etat, a été amené à réduire au silence les opposants à son régime comme Fily Dabo et ses compagnons.
Dans la même lancée, après le coup d’Etat du 19 novembre 1968, le président Moussa Traoré, pour être le seul maître à bord, s’est vu obligé de se débarrasser de ses frères d’armes devenus trop gênants.
Même l’avènement de la démocratie en 1992 n’a pas échappé à cette «règle». C’est ainsi que le président de la transition, Amadou Toumani Touré (ATT) éloignera hors de la scène politique ses frères d’armes à l’image du commandant Lamine Diabira et ses camarades.
Les Maliens se souviennent encore que lors de ses deux mandats, le président Alpha Oumar Konaré, à un moment donné, avait arrêté Mady Diallo, un dirigeant de l’ex parti unique, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM), pour tentative de coup d’Etat et écroué tous les opposant à son régime. Parmi les victimes, on peut citer le Pr. Mamadou Lamine Traoré.
Aujourd’hui également, pour qui connaît l’engagement de ces deux responsables à savoir le président de l’association «Yèrèwolo Ton» et l’administrateur de la radio Kayira dans la lutte contre le maintien de Dioncounda Traoré à la tête de la transition, on a le droit de penser que l’histoire se répète. Ces arrestations ciblées visent à notre avis à réduire au silence tous ceux qui contestent les décisions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et s’opposent au maintien du Pr. Dioncounda Traoré à la tête de la transition.
Il faut noter que c’est l’association «Yèrèwolo Ton» qui a eu le courage d’aller voir le président Dioncounda Traoré, alors président par intérim, pour qu’il renonce à ses ambitions et quant à la radio Kayira, elle n’est plus à présenter parmi la chaîne des opposants au régime d’ATT et de l’ADEMA.
Les questions que l’on se pose sont de savoir : A quand la fin des traques des opposants ? Quand est- ce que nos pouvoirs politiques verront d’un œil constructif les critiques des opposants au lieu de les voir en ennemis à abattre ? Une démocratie sans opposants en est- elle réellement une ?
Daouda DOUMBIA