Cette question mérite d’être posée, quand on sait que, contrairement à la campagne présidentielle du 29 avril, en tout cas, pour le moment, les membres du FDR semblent mettre un peu d’eau dans leur vin en cessant de tirer à boulets rouges sur le Président ATT et ses proches, notamment les membres de l’ADP. Que traduit donc leur silence ? Il y a-t-il certains qui comptent garder leurs places, ou du moins en avoir dans le gouvernement ou à l’hémicycle ? Dans tous les cas, au sein du FDR, c’est l’intérêt personnel et non l’intérêt du regroupement qui prévaut en ce moment.
Faut-il le rappeler, dans la ferveur de l’élection présidentielle, les Maliens ont assisté à la création de deux regroupements politiques. Il s’agit de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès (ADP) et du Front pour la Démocratie et la République (FDR). Le premier, composé de 43 partis politiques et associations, avait pour objectif d’assurer la réélection du Président ATT, candidat à sa propre succession. Et le second, composé de 14 partis politiques et associations, dirigé par le Président du RPM, Ibrahim Boubacar Kéïta, avait pour objectif de faire l’alternance.
Ainsi, avant et pendant la campagne, quelques leaders des partis membres du FDR, notamment IBK du RPM, Tiébilé Dramé du PARENA, Blaise de la CDS, Soumeylou Boubeye Maïga de Convergence 2007, avaient adopté un système machiavélique qui consistait à mentir au peuple malien et à abattre le Président ATT par tous les moyens. Mais, ce dernier a su se comporter en bon démocrate et en bon républicain en ne répondant pas aux agressions verbales de ses adversaires. Toute chose, en plus d’un bon bilan, qui lui a valu une victoire éclatante avec 71,20% .Ces formations et associations politiques , ont toutes fait une piètre prestation. Autrement dit, des nombres de voix qui ne reflètent pas du tout l’ombre d’un regroupement politique qui ambitionne de faire l’alternance.
Juste après les élections, des Maliens se sont rendus compte que le FDR n’était qu’un regroupement électoral circonstanciel. L’investiture du Président ATT le 08 juin dernier et à l’élaboration des listes de candidatures pour les législatives du 1er juillet ont mis à nue les divergences en son sein. En témoignent la participation de Ibrahim Boubacar kéïta et de Mamadou Sangaré dit Blaise, aux festivités de l’investiture du Président de la république. Et le refus catégorique de Mandé Mansa, candidat à la députation en Commune IV, de partir sur une liste commune avec la candidate du PARENA s’est soldé par la rupture entre les deux partis.
Que traduit le silence du FDR ?
Contrairement à la campagne présidentielle du 29 avril dernier, le FDR, pour le moment, est plongé dans un silence inhabituel. S’agit-il d’un système politique dont la stratégie consiste souvent à attendre la dernière minute pour bondir de l’ombre afin de prendre au dépourvu son adversaire ? Le FDR, en se rendant compte de l’inefficacité de son agitation politique, est-il revenu à de meilleurs sentiments ? Ou mise-t-il sur une participation massive à la formation du nouveau gouvernement qu’ ATT envisage après les législatives ?
Dans tous les cas, le silence en politique n’est pas gratuit. On a vu comment ATT, avec son consensus, est parvenu à taire ceux qui, jadis, se réclamaient de l’opposition.
En somme, ce qui est visible et frappant en cette période de campagne électorale, c’est que le FDR ne se porte guère mieux. Il est en panne et ne voit pas l’avenir en rose. Ses candidats, discrédités pour la plupart, n’ont que dix jours pour regagner la confiance dans leurs circonscriptions. L’ADP, quant à elle, dispose de nombreux députés sortants solidement implantés.
L’idée d’un remaniement ministériel habite beaucoup les responsables de certaines formations politiques membres du FDR, qui misent sur un poste dans le futur gouvernement. Cette situation peut expliquer en partie, le silence du FDR.
ATT acceptera t-il de faire participer le regroupement de Ladji Bourama à la gestion du pouvoir ?
Moussa TOURE
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