Presque sans aucune surprise, ce 17 avril, l’actuel chef de l’exécutif algérien, Abdel Aziz Bouteflika, à l’instar de six autres candidats, brigue pour une quatrième fois consécutive le mandat présidentiel de son pays. Pourquoi, malgré l’évidence de sa maladie voire de son inaptitude physique, le Conseil Constitutionnel a-t-il validé sa candidature ?
En Algérie, la loi n’oblige aucun candidat à battre soi-même campagne, même si elle exige que le candidat élu président doit obligatoirement prêter serment. Ainsi, le président sortant n’aura pas besoin de se déplacer çà et là pour faire des discours de persuasion. Car, il dispose d’une «machine électorale» désormais très rodée à la tâche. Laquelle se compose de ministres, syndicalistes, d’associations déjà opérationnels sur le terrain avant même le début officiel de la campagne électorale. Mais ce n’est certainement pas la seule raison de la candidature du vieux maquisard qui porte difficilement ses 77 ans.
Malgré son état quasi-grabataire l’homme est, semble- t-il, très apprécié par ses compatriotes. Lesquels l’apprécient pour avoir, en quinze années de règne, permis de ramener relativement la paix et la quiétude sociales en Algérie (naguère en proie à une véritable guerre civile qui aura fait des centaines de milliers de morts). Ce, à travers ses fameuses lois de réconciliation nationale dont il est l’incarnation vivante. Mieux, au cours de ses trois mandats, Bouteflika a pu se constituer un dynamique réseau de soutien à travers le pays. Un réseau prêt à tout pour le faire maintenir au pouvoir !
C’est pourquoi, bien qu’il soit candidat indépendant, le président sortant est encore soutenu par le FLN (le parti historique à l’origine de l’indépendance du pays). Un parti dont il est président d’honneur. De même, on peut aisément comprendre qu’à travers ce parti, il puisse bénéficier du soutien de la plupart des caciques du pouvoir.
Or, on sait en Algérie, la réalité du pouvoir appartient aux généraux. Lesquels, tirant les ficelles à l’ombre, font et défont les pouvoirs depuis l’indépendance du pays. Ainsi, le maintien de sa candidature ne serait naturellement que l’œuvre de ces derniers. Qui constituent l’ossature du FLN, un parti dominant (pour ne pas le qualifier de parti unique). Bouteflika, n’est plus désormais qu’un pion aux mains des Apparatchiks du régime pour sauvegarder leurs intérêts économiques, en attendant de lui trouver un successeur consensuel.
Cependant de plus en plus de voix s’élèvent pour un changement générationnel et d’hommes à la tête de l’Algérie. Regroupés au sein d’un mouvement de contestation, la «Barakat», les partisans de cette nouvelle Algérie manifestent au quotidien afin d’impulser une nouvelle dynamique dans la marche d’un Etat miné par le népotisme et la corruption, malgré ses immenses richesses gazières et pétrolifères. Les généraux algériens issus des maquis passent pour les véritables hommes d’affaires du pays car propriétaires des PME et PMI, chaînes de télévision et journaux, bref du tissu économique !
En somme, le maintien de Bouteflika à la magistrature suprême n’est qu’un moyen parmi tant d’autres pour les caciques du pouvoir de se maintenir au sommet de l’Etat. L’homme n’assurerait qu’une transition. Mais cette transition pourra-t-elle poser les bases d’une véritable recomposition de l’architecture politique du pays ? Rien n’est moins sûr !
De toute façon, on ne peut pas payer éternellement la paix civile dans un pays. La fuite en avant rattrape souvent les sprinteurs les plus véloces. Actuellement, les Algériens veulent le changement et ne cessent de lancer des signaux à travers les innombrables manifestations de rue. Les jeunes veulent de l’emploi qui leur est offert de moins en moins. Dans ces conditions, la période postélectorale n’est-elle pas lourde d’incertitudes pour ne pas dire de périls ?
Want and see !
Par Gaoussou M. Traoré
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