La Constitution malgache prévoit une élection présidentielle tous les cinq ans. Pour sacrifier à cette tradition constitutionnelle, les autorités de la Grande Ile ont convié, ce 16 novembre 2023, les électeurs à élire leur prochain président. Le sortant, autorisé à briguer un second mandat consécutif, est candidat à sa propre succession. L’enjeu de ce scrutin présidentiel est de taille. Il permet au pouvoir en place d’affirmer son hégémonie sur la scène politique et laisse aussi une chance à l’opposition d’accéder à la tête de l’Etat. En somme, il reste la seule voie à l’alternance au pouvoir.
Cependant, la singularité du rendez-vous du 16 novembre est perçue comme très «crisogène» voire problématique par de nombreux observateurs politiques.
Arrivé au pouvoir pour la première fois en 2009, suite à un coup d’Etat militaire, le président sortant est fortement soupçonné par l’opposition d’avoir mis en place d’importants moyens de fraude. En plus du fait que le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (C.en.i) n’est autre que l’époux d’un ministre de son Gouvernement. Et du fait que la Haute Cour Constitutionnelle est majoritairement composée de ses proches.
Or, sa candidature est jugée constitutionnellement anormale, du fait de sa double nationalité : malgache et française. Une situation qui devrait en principe lui faire perdre sa nationalité malgache, selon la Constitution de 2010 en vigueur. Mais la Haute Cour Constitutionnelle n’a eu cure de cette incongruité et a validé sa candidature. Ce que contestent la majorité des candidats en lice.
Un autre détail encore plus grave, qui ne semble pas garantir une élection saine : l’actuel président du Sénat malgache, un militaire à la retraite, est connu comme étant un proche du président sortant. C’est constitutionnellement ce denier qui devrait assurer l’intérim. Mais pour davantage favoriser son allié, il renonça à ce poste qui est revenu à un collège gouvernemental, piloté par le Premier ministre de celui-ci. Juge et partie, nul doute que ce dernier ne pourra pas organiser une élection crédible et transparente !
Qu’en est-il de la crédibilité du fichier électoral ? De nombreux observateurs politiques et l’opposition malgache estiment des anomalies sur sa mise à jour. Qui risquent de biaiser les résultats de cette élection présidentielle. C’est notamment le cas du manque de transparence sur le nombre de votants et sur celui des bureaux de vote. N’est-ce pas autant de raisons de douter de la transparence et de la sincérité de la future présidentielle ?
Gaoussou Madani Traoré