Le président du parti Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-Cfp), Soumeylou Boubèye Maïga, a été placé sous mandat de dépôt par la Cour suprême dans l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel et l’acquisition des matériels militaires. Son incarcération a suscité la polémique et divise même les syndicats de magistrats.
Après les arrestations des anciens ministres de la Défense et de l’Economie et des Finances, respectivement Soumeylou Boubèye Maïga et Mme Bouaré Fily Sissoko, des mandats de dépôt seraient déjà prêts pour d’autres anciens dignitaires du régime d’IBK. Plusieurs noms circulent. Sur la forme et le fond, les premières arrestations orchestrées par la Cour suprême divisent même la famille judiciaire. Une chasse aux sorcières, une vraie justice, une justice des vainqueurs ou instrumentalisé ? En tout cas, la justice sélective n’a jamais été la bonne solution.
D’ailleurs, si on devrait mettre en prison tous ceux qui se sont enrichis sur le dos de l’État ces trois dernières décennies, la Maison centrale d’arrêt de Bamako(MCA), encore moins la nouvelle prison de Kiniéroba ne suffirait pas pour les accueillir. Des “guides spirituels” aux simples agents de l’administration publique, en passant par les hauts gradés de l’armée (devenus des milliardaires) et les opérateurs économiques, tout le monde s’est servi dans les caisses publiques. Que celui qui n’a jamais goûté à l’argent public jette la première pierre.
Dans tous les cas, les amis de Soumeylou Boubèye, ses camarades de lutte, ses proches parents, les militants et sympathisants de l’Asma-CFP,… doivent unir davantage leurs efforts pour qu’à l’issue de cette épreuve judiciaire, sa carrière politique ne soit définitivement brisée.
Le pouvoir, surtout en politique, est plus une question de relations (réseaux) que de véritable talent. Un homme politique dont la carrière est en déclin est évité de tous. Un leader n’est pas grand-chose s’il n’est plus soutenu par la population. La stratégie de la division n’a jamais été plus efficace qu’aujourd’hui : isoler l’individu du groupe afin qu’il se sente aliéné, seul, fragile, et vous l’affaiblirez considérablement. Ce moment de faiblesse vous laissera alors le champ libre pour l’acculer, le séduire ou le forcer à battre en retraite.
L’exil, la prison, l’exclusion du parti,… constituent des moyens pour abattre ou affaiblir un adversaire politique. À quelques mois des prochaines présidentielles, l’étau est en train de se resserrer autour de celui qui a participé de près ou de loin à toutes les manœuvres politiques de ces trois dernières décennies. Une chose est sûre, il ne faut jamais dire qu’un homme politique est mort tant que tu n’as vu pas son cercueil….
Sambou Sissoko