Comme à l’accoutumée, à chaque fois que le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita s’adresse à la nation, l’on aperçoit des mots qui ne trompent pas. En s’adressant à la nation le 31 décembre 2014IBK a tenu à rappeler que le Mali est un et indivisible. « Il sied que je vous parle des épreuves que le pays a traversées en 2014, ainsi que de celles qu’il lui reste à franchir », a dit IBK, pour qui, les incidents de Kidal en mai dernier, ont été une de ces épreuves vécues au détriment de nos forces armées. « Fort heureusement, les amis et partenaires du Mali ont été d’un concours inestimable à nos côtés », a consentit le chef de l’Etat.
« Si tout est en train de rentrer dans l’ordre, grâce à la bonne foi du gouvernement et de nos partenaires, je tiens à redire que rien n’a été fait dans un dessein délibérément attentatoire à l’intérêt national. Et je voudrais ici renouveler le serment de toujours servir ce pays, ma seule ambition restant celle de l’avènement rapide d’un Mali émergent ».
Dans ses propos, il est ressorti que des défis auxquels le pays est confronté sont loin d’être totalement maîtrisés, car la plupart sont des défis structurels à caractère multiforme.
Pour lui, le gouvernement et l’administration publique doivent être salués pour s’être surpassés et pour les résultats tangibles atteints, malgré les contraintes sévères que nous avons connues.
Pourparlers et décentralisation
La décentralisation, les pourparlers d’Alger, la réconciliation nationale ont occupé une place de choix dans l’adresse à la nation du président IBK.
A ses dires, la décentralisation au sein d’un pays unitaire, est le socle des pourparlers inclusifs inter-maliens engagés à Alger. Il a lancé un clin d’œil au président Abdel Aziz Bouteflika, et le gouvernement algérien, pour l’appui qu’ils ont apporté et pour avoir aidé à porter le processus au niveau d’un préaccord qui devrait être conclu lors du prochain round des négociations. « De ce fait, pourra être signé et célébré prochainement en terre malienne, l’acte final, l’accord de paix global et définitif », a dit IBK qui a rendu hommage à tous les acteurs impliqués dans le processus d’Alger. « Je me félicite de leur participation active à ces négociations et des résultats auxquels ils ont abouti à cette date, des résultats qui constituent à n’en pas douter une base sérieuse de négociations pour un préaccord ».
Aussi, IBK a-t-il saisi l’occasion pour réaffirmer sa détermination et celle de son gouvernement à résoudre par la voie du dialogue cette épineuse question du Nord. Par la même occasion, il s’est engagé à prendre toutes les dispositions requises pour assurer une mise en œuvre diligente et complète des engagements du futur accord de paix. « La paix, la stabilité, l’intégrité territoriale et la cohésion sociale du Mali, tout comme la justice et l’équité, l’inclusion sans distinction et la réconciliation nationale sont nos objectifs premiers, tandis que la forme républicaine et laïque de l’Etat et son indivisibilité ne sont pas négociables ».
Le président de la République a insisté sur les efforts déployés par le gouvernement en vue de renforcer les capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité en matériels roulants, en matériels de communication et de maintien d’ordre et de protection.
« Nous devons nous-mêmes tirer les leçons de ce douloureux moment de l’histoire de notre peuple. Tout en observant le strict respect de nos engagements internationaux, aspect auquel je veillerai personnellement, il est également impératif de bâtir et renforcer les moyens nationaux dans le domaine de la défense et de la sécurité. Nous avons ainsi adopté l’avant projet de loi de programmation militaire 2015-2019 qui permettra aux forces armées d’acquérir la capacité d’exécuter pleinement leur mission, avec l’effort de financement supplémentaire requis couvrant toute la période. »
Les finances
Pour le président IBK, le cadre macroéconomique s’est nettement amélioré. A ses dires, l’économie malienne a renoué avec la croissance avec un taux de croissance de 1,7% à la fin de l’année 2013 contre 0,0% en 2012. La reprise, soutenue par le secteur agricole, devrait être plus forte en 2014, avec un taux de croissance estimé à 5,8%.
A l’en croire, le suivi des engagements pris par le gouvernement et les PTF lors de la Conférence de Bruxelles du 15 mai 2013 s’est traduit par le décaissement d’environ 1.100 milliards de Fcfa, soit de 51% des montants initialement annoncés. Le règlement du service de la dette du pays s’est élevé à ce jour 44,5 milliards de Fcfa environ dont 30,8 milliards aux créanciers multilatéraux et 13,7 milliards aux créanciers bilatéraux.
« A la date du 31 octobre 2014, les régies financières ont recouvré environ 742 milliards de Fcfa de ressources intérieures sur une prévision d’environ 973 milliards de Fcfa, soit un taux de réalisation de 76% ». Et d’ajouter que le projet de Loi de finances 2015 a été déposé à l’Assemblée nationale accompagné du projet de loi de règlement 2013.
Services sociaux de base
S’agissant des secteurs sociaux, particulièrement la santé et l’éducation, le chemin à parcourir reste encore très important, a consenti le chef de l’Etat
Selon IBK, en 2014 la production d’eau potable a connu une augmentation significative, passant à 36 300 m3/jour, soit la couverture des besoins supplémentaires de plus de 700 000 personnes.
Pour ce qui est de l’énergie, aux dires du président, les réalisations ont porté sur les réhabilitations des infrastructures énergétiques, y compris dans les régions du Nord du Mali. Des centrales hybrides ont été testées dans les localités de Koro, Bankass et Tominian. « Celles de Nara, Diéma et Ansongo sont en cours de réalisation ».
Concernant l’Equipement et les Transports, l’année 2014 a été marquée par l’achèvement de plusieurs travaux des routes, notamment, la 1ère phase de Bamako-Ségou, la réhabilitation du Boulevard du 22 octobre 1946 et de l’Avenue du 5 septembre à Bamako…
Le bilan ne serait pas complet sans les thèmes de l’école, de l’agriculture, de la formation et de l’emploi, des sujets qui tiennent à cœur le président parce qu’ils constituent le moteur du
développement du Mali. Il a mis l’accent sur le bon déroulement de l’année scolaire 2013-2014, à travers l’organisation des sessions ordinaires des différents examens dans tous les établissements, à l’exception de Kidal, et d’une session spéciale du DEF à l’intention des élèves du camp de réfugiés en Mauritanie.
Concernant l’emploi et la formation professionnelle, selon IBK, l’Observatoire national de l’emploi et de la formation et l’Institut national d’ingénierie de la formation professionnelle ont été créés et opérationnalisés parallèlement à la relecture des textes de l’APEJ et de l’ANPE. « 1 049 jeunes ont été formés à la culture entrepreneuriale ». Il ajouté qu’en 2014, 393 projets de jeunes ont été approuvés pour un financement de plus de trois milliards de Fcfa et dont 2 761 emplois directs sont attendus.
Pour la Fonction publique, les actions menées ont porté notamment sur l’adoption d’une nouvelle grille indiciaire pour les fonctionnaires régis par le Statut général des fonctionnaires avec date d’effet au 1er janvier 2014 pour une incidence financière de plus de 4 milliards de Fcfa.
En substance, il ressort du discours du président que beaucoup a été fait. Mais c’est comme si tout reste à faire puisque le pays est vulnérable. « Nous ne baissons pas les bras cependant. Dans aucun secteur, dans aucun département ministériel, nul n’a démérité, tous se sont surpassés ».
Kamaye Kondo