Les 123 députés présents à l’hémicycle le vendredi 2 décembre 2011 ont adopté la dernière mouture du Code des personnes et de la famille. Par cet acte, ils font une amende honorable au peuple malien, même si cela a été au détriment de l’objectif initial recherché.
C’est un ouf de soulagement pour les honorables députés ! Le 2 décembre 2011, ils ont, à l’unanimité des 123 députés présents, adopté l’ultime version du Code des personnes et de la famille. C’était en présence de deux membres du gouvernement : Maharafa Traoré (Justice) et Dr. Abdoulaye Sall (Relations avec les institutions).
Après le tollé soulevé par la première mouture en 2009, les députés, à la demande du chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, étaient invités à revoir leur copie pour la conformer aux valeurs sociétales prônées par les organisations de la société civile, avec en tête le Haut conseil islamique.
Ainsi que les 51 articles, jugés attentatoires, ont été révisés. C’est donc un Code, avec ses 1143 articles acceptés, que les députés ont voté le vendredi dernier, à la grande satisfaction du peuple malien. Parce que le problème du Code était presque inextricable.
Cette satisfaction était perceptible lors du vote dans la salle Modibo Kéita de l’Assemblée nationale. A commencer par le chef de l’institution, le Pr. Dioncounda Traoré (lequel avait retrouvé le sourire), IBK, Me Mountaga Tall, etc., tous candidats à la présidentielle de l’année prochaine et convaincus qu’il ne fallait pas aborder l’électorat fortement musulmane avec cette épine au pied.
La question est désormais réglée et Me Tall peut se féliciter qu’on a pu trouver la solution à un débat qui a été posé à l’Assemblée nationale depuis 1994. Les députés ont même, à la limite, reconnu la raison du peuple protestataire contre la première mouture, en expliquant, à l’image d’IBK que « le Mali est ancré dans ses valeurs, ouvert à tous les courants extérieurs, mais dans le plus grand respect de sa civilisation ». Voilà une analyse intelligente qui en dit long sur le mea culpa des honorables à propos de l’acte antérieurement posé.
Toutefois, cette nouvelle mouture n’est pas forcément du goût de tous les partenaires du Code. Les ONG et associations féminines, le gouvernement et les PTF n’apprécient pas ce Code révisé à sa juste valeur. On l’a même lu dans l’intervention du ministre de la Justice, Maharafa Traoré : « Rien à dire par rapport à ce consensus obtenu, car l’objectif du président de la République est la stabilité du pays ».
Il se dit que les différents partenaires reprochent à l’Assemblée nationale d’avoir tellement accepté de compromis avec les organisations religieuses que le Code a été dévié de ses objectifs initiaux, voire même charcuté. Une Malienne nous a clairement indiqué que les femmes n’ont pas eu ce qu’on leur avait promis.
Abdoulaye Diakité