Mamadou Awa Gassama Diaby, député Urd à Yélimané, assigné en justice par le maire Adema de la Commune I du district de Bamako Mme Konté Fatoumata Doumbia. Pour un simple problème de gestion d’ordures, une querelle de chiffonniers. Pourtant les deux personnages qui alimentent ce conflit ou qui en sont les principaux protagonistes ne sont pas des inconnus dans milieu politique malien, ils savent bien ce qu’ils veulent, et la bataille autour d’un tas d’ordures, dépôt ou décharge ne peut être qu’un prétexte.
Le malaise est plus profond et se jouera sans doute entre leurs deux partis. Comme pourraient en témoigner les arrière-pensées politiques et les propos des deux élus dans la presse. Quand le député déclare dans 22 septembre du 18 avril 2011 : « Mme Conté me cherche depuis longtemps. Récemment, lors des partielles à Yélimané, elle a quitté Bamako pour battre campagne contre moi. Elle m’a grossièrement insulté sur les radios de ma localité. Et je crois que c’est ce combat qu’elle continue de mener, sous d’autres formes». De son côté Mme le maire de la Commune I, Konté Fatoumata Doumbia soutient dans l’Indépendant de la même date : « des motivations politiques sont derrière toute la démarche de Diaby. Il a juré de faire tomber l’Adema en Commune I. Il aurait mis en place des associations dans le quartier de Dianguinébougou et entend en faire de même à Doumazana … Il veut user de la force en utilisant comme astuce un dépôt d’ordures, pour récupérer la population. Si c’est ainsi qu’il entend faire de la recupération politique, il se trompe, ce n’est pas par la violence qu’il y parviendra ».
Le jeu est clair, il s’agit de pêche en eau trouble. Ce que Diaby est accusé de faire en Commune I, il le reproche à Konté Doumbia à Yélimané, localité qu’il considère comme étant son fief. (Vrai ou faux ?)
Les faits sont d’autant suffisamment graves si l’on tient compte de la qualité de deux élus, Mamdou Awa Gassama Diaby aussi bien que Mme Konté Fatoumata Doumbia ont tous les deux des histoires tumultueuses, qui défraient par moments la chronique, ne s’embarrassant guère de diplomatie. Des histoires judiciaires et des ‘’brutalité’’ de Gassama aux élections tumultueuses de Mme Konté aussi bien à la tête de la mairie qu’à celle du mouvement des femmes de l’Adema, il y a à dire. Alors quand ces deux personnes typiques ou atypiques se rencontrent, c’est presque le choc qui bouscule les convenances. La tension s’alimente des aspirations des deux partis Adema et Urd qui ont la même origine et qui ont chacun un candidat à la présidentielle 2012 : Dioncounda Traoré et Soumaila Cissé.
Gravissimes ces histoires de voiture du maire calcinée le mercredi 13 avril, de course-poursuite de Mme le maire dans sa propre commune, pour échapper à un lynchage par la foule. Rocambolesque aussi le saut du maire par la fenêtre pour sauver sa peau, comme l’histoire de ce juge de Bougouni qui a sauté par la fenêtre et qui n’a dû son salut qu’en prenant sa jambe au coup. En tout cas le maire et ses collègues jurent de faire lever l’immunité parlementaire de l’honorable Mamadou Awa Gassama Diaby, élu Urd à Yélimané.
La tension n’est pas tombée : plainte contre le député pour tentative d’assassinat et incitation à la violence. Le député de son côté continue de réchauffer les siens pour une éventuelle intervention spéciale. Ils choisissent comme lieu de leur assemblée générale, le dépôt d’ordures de la discorde. C’est là que le message passe le mieux. Il leur demande de se mobiliser à l’image des jeunes du Maghreb et selon lui c’est à ce seul prix qu’ils sauront se faire entendre. Il faut, dit-il provoquer un printemps arabe, en soulevant les populations contre les dépôts d’ordures et le maire qui les incarnent. On s’accuse mutuellement sur l’origine de l’incendie des ordures qui a affecté le quartier et donné le point de départ des difficultés d’aujourd’hui. Peu importe celui qui a mis le feu pour, d’une part trouver un prétexte politique contre un maire en lui faisant porter le chapeau d’agissements machiavéliques ou d’autre part pour empêcher les jeunes d’assainir les lieux en feu le lendemain, et du coup faire au perdre le député le bénéfice politique de cette action salvatrice. Affaire à suivre.
B. Daou