Première formation politique malienne à avoir déjà répondu du digne nom de parti et l’une des rares à en répondre encore, l’Alliance pour la Démocratie au Mali-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (ADEMA-PASJ) est un géant au pied d’argile.
Fruit de plus de vingt ans de lutte acharnée contre la dictature militaire, l’Alliance pour la Démocratie au Mali-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice naît le 25 mai 1991.
La ferveur démocratique alors est au faîte de son pouvoir. Le 8 juin 1992, les alliés Africains pour la Solidarité et la Justice portent à la magistrature suprême du pays le Professeur Alpha Oumar Konaré. Celui-ci a obtenu 69,01% des suffrages exprimés. La même année, le parti enlève 76 sièges sur 116, aux élections législatives, notamment. Et 214 conseillers sur 749, aux élections municipales. Une machine électorale naît.
La même machine a reporté le même Professeur Alpha Oumar Konaré au pouvoir en 1997, avec 95,9% des suffrages exprimés. Et le parti se gargarise avec 128 députés sur 147.
Aux élections communales de 1998, l’ADEMA-PASJ se taille 16 communes urbaines sur les 19. Et, 1739 sièges sur 2 823 aux élections communales de 1999 dans les quatre régions du nord.
Pourtant, à la succession du Professeur Alpha Oumar Konaré, le parti aura droit à une huile frelatée pour sa machine.
Son image en sera fort écorchée. Mais pas détruite. Puisque Soumaïla Cissé, le candidat officiel du parti s’en tirera avec 34, 99% des suffrages exprimés. Le parti a 51 députés sur 147. Et 258 maires sur 703 ainsi que 3336 conseillers communaux sur 10 777, à l’issue des communes de 2004, notamment.
En 2007, ironie du sort ou appât du gain, l’Alliance pour la Démocratie au Mali- Parti Africain pour la Solidarité et la Justice se range. Elle ne jure plus que par le Président sortant, son rival au second tour des présidentielles de 2002. De surcroît, un indépendant. Et, surtout un militaire qui n’a jamais eu le courage politique de démissionner de l’armée. Cela, conformément aux exigences constitutionnelles et démocratiques du pays. Le coût est trop grotesque pour passer inaperçu.
L’essentiel, finalement, pour une ruche n’est-il pas de produire? Pour sûr, oui.
Sauf que, les productions des abeilles sont destinées à tous. Et, non, aux seules abeilles.
Or, en 2007, pour qui les abeilles ont-elles produit ? Rien que pour elles-mêmes, pensent certains. Et, même pas, pour d’autres qui pensent que les abeilles ont plutôt produit pour une minorité privilégiée d’elles-mêmes. Vrai ou faux ? L’ADEMA-PASJ demeure aujourd’hui encore la première puissance politique du pays. Mais pour combien de temps encore ?
L’ADEMA-PASJ, puissance fragile
Une réelle menace pèse aujourd’hui sur l’ADEMA-PASJ. Une menace qui provient de l’indiscipline caractérisée de certains de ses militants et responsables. Ceux-là qui confondent vitesse et précipitation, comme diraient certains. Il y a aussi, affirment d’autres, des militants et cadres mus par leurs seuls intérêts malheureusement inavouables. Le plus grand malheur étant les choix alambiqués de la présidence de l’ADEMA-PASJ, à en croire un nombre important de militants et sympathisants du parti. Des choix, pour eux, si alambiqués qu’ils voient mal le Président Dioncounda Traoré s’assumer en 2012.
Et, des abeilles et assimilées évoquent déjà le choix du Président Dioncounda Traoré et ses proches de rouler pour le PDES. Au détriment du projet d’alliance ADEMA-RPM-URD-PARENA. Un choix qui se justifie par le seul appétit glouton de certains cadres du parti, poursuivent-ils. Et, ils prennent le Président Dioncounda Traoré pour responsable. Pour seul responsable. Puisque, s’il est Président, disent-ils, ce n’est pas pour ouvrir sa bouche et regarder les autres agir à sa place. A moins qu’il ne soit homme lige. Et de qui ?
D’ici là, disons simplement que « l’on a toujours besoin d’un plus petit que soi ». Même première puissance politique. Et une alliance ADEMA-PASJ-PDES se révèle contre nature. Le PDES étant plus une association de parvenus qu’un parti politique, rouspète-t-on au sein du peuple. Y compris du peuple ADEMA. En revanche, qu’est-ce que le RPM, l’URD, le PARENA sinon l’ADEMA-PASJ, se demandent beaucoup d’observateurs avertis ?
Une interrogation qui ne passe pas encore dans le Directoire du parti qui semble être parti pour s’embourber dans ses errements.
Pourtant, en novembre 2010, le Président Dioncounda Traoré a sans ambages affirmé : « Nous ne sommes pas des mauvais élèves ». Autrement dit, qu’ils ont tiré les leçons du passé. En l’occurrence, leur passé de la rénovation. Selon le Professeur Dioncounda Traoré, il faut alors tourner dos à la rénovation. La fameuse rénovation qui a conduit à la débâcle des abeilles.
L’ADEMA-PASJ a-t-elle vraiment tiré les leçons du passé ?
Hawa Diallo