Adema-Pasj : L’implosion ?

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Soutenir le président Ibrahim Boubacar Keïta ou présenter un candidat Adema-Pasj à la présidentielle de 2018. Un choix cornélien qui fait bourdonner dans la Ruche où plusieurs courants (clans ?) se livrent bataille. À moins de contenir les dissensions internes, le parti de l’abeille solitaire (ou du moins ce qui en reste) risque de voler en éclats. Les ingrédients sont réunis pour le grand clash au sein de ce parti historique, déchiqueté, au fil des élections présidentielles, par des conflits d’intérêts au sommet.

Aujourd’hui, le triste scénario de 2013 est en passe de se rééditer. Cette année-là, au sein du parti avait éclaté une querelle de positionnement, faute de consensus sur le candidat à présenter à l’élection présidentielle. Parti en rangs dispersés à ce scrutin, les abeilles sont sorties de la course dès le premier tour.

Dans la « guerre actuelle », des noms sont cités et soutenus par des clans, représentant chacun un pan (groupe d’intérêt ?) du parti. Globalement, deux tendances se dégagent. D’un côté, des cadres, dont le président du parti, Tiémoko Sangaré, qui s’estiment redevables d’IBK, sont à la manœuvre pour que le parti soutienne l’actuel président à avoir un second mandat. Cette tendance compterait dans ses rangs plusieurs membres du gouvernement qui, sans doute, ne lésineraient pas sur les moyens pour gagner la partie et surtout sauvegarder leurs pains.

Pendant ce temps, la multitude de clans qui composent la seconde tendance se préparent déjà pour la prochaine présidentielle. Ils n’ont en commun que l’ambition de présenter un candidat issu du parti. Au nombre des partisans de cette tendance, il y a l’ancien ministre Dramane Dembélé qui s’est déclaré candidat. « Candidat à la candidature, c’est une question de cohérence avec moi-même. L’agenda, qui doit être au-dessus de tout le monde, c’est l’agenda du parti. Les textes du parti sont clairs en la matière. L’Adema doit faire un appel à la candidature. L’Adema va avoir son candidat », avait-il tranché. Aujourd’hui, les soutiens de « Dra » crient à la trahison de valeurs et d’idéaux du parti, voire même une volonté d’anéantissement d’une profonde mémoire politique. Au sein de la même tendance, est suscitée la candidature de Kalfa Sanogo (maire de Sikasso) et de Moustapha Dicko (ancien ministre). D’autres adémistes estiment que Dioncounda Traoré, ancien président du parti et président de la transition de 2012, serait la meilleure chance du parti de retrouver la magistrature suprême après Alpha Oumar Konaré.

En effet, l’union a été, depuis la fin du régime AOK, le talon d’Achille de l’Adema. La situation actuelle constitue la preuve de la guerre des clans qui mine ce parti depuis des années. Et cela à cause de conflits d’intérêts, entretenus à travers le principe du primaire interne… La situation « désastreuse » donne raison aux géniteurs de l’Adema, notamment le président Alpha Oumar Konaré, qui se sont farouchement opposés au principe même des Primaires étant convaincus que ces élections conduiraient le parti à sa perte. Ils n’ont pas été entendus. Et le parti en fait les frais. L’Adema est au bord de l’implosion après les séismes de 2002 et 2013 qui l’ont disloqué.

Aujourd’hui, à cause des nombreuses intentions déclarées ou non, le parti opte pour la même méthode. Est-il, pour autant, à l’abri d’un énième séisme ? A-t-il tiré les leçons du passé ? Que non ! De plus en plus et à seulement six mois de l’élection présidentielle de 2018, le risque d’implosion se précise. Dommage pour ce grand parti qui a été longtemps le premier parti de l’ère démocratique parce qu’il était fondé sur un socle de valeurs partagées par l’ensemble de ses militants. « Il a été de sa création à la fin du mandat du président Alpha Oumar Konaré un parti solide, discipliné autour de son projet de société », selon un cadre du parti qui préconise le retour aux fondamentaux.

 

Chaque élection, le clash !

Pour mémoire, en 1992, l’Adema-Pasj remporte la majorité absolue des sièges aux élections législatives en février et mars et son candidat Alpha Oumar Konaré est élu président de la République lors de la première élection présidentielle de la 3è République 26 avril 1992.

Mais le parti connaît sa première division avec la création du Mouvement pour l’indépendance, la renaissance et l’intégration africaine par Mamadou Lamine Traoré, ancien vice-président du parti. Le 25 août suivant, l’élection du candidat officiel de l’Adema-Pasj Ibrahima N’Diaye comme maire du district de Bamako marque le début de la guerre de succession du président Alpha Oumar Konaré. Un autre candidat de l’Adéma, proche d’Ibrahim Boubacar Keïta, Boubacar Bâ s’était présenté.

Le 9 octobre 2000, Ibrahim Boubacar Keïta, président du parti, démissionne de toutes ses fonctions alors qu’un « courant rénovateur », opposé à la candidature de l’ancien premier ministre, a obtenu lors de la conférence nationale la relecture des statuts de l’Adema-Pasj. Le 28 février 2001, Ibrahim Boubacar Keïta quitte le navire. Il créé une association baptisée Alternative 2002 et est rejoint par 33 députés de l’Adéma-Pasj, des élus locaux et d’anciens ministres comme Issa N’Diaye. Le 30 juin 2001, il crée un nouveau parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM). Dioncounda Traoré est alors élu, en 2001, président. Et le 5 janvier 2002, lors d’une convention, Soumaïla Cissé est investi candidat à l’élection présidentielle face à Soumeylou Boubèye Maïga, ministre de la Défense. Le Premier ministre Mandé Sidibé, candidat à l’élection présidentielle avait décidé de ne pas se soumettre aux primaires organisés par le parti. Mandé Sidibé est exclu du parti tout comme Ahmed El Madani Diallo, ancien ministre du Développement rural qui se présente également à l’élection présidentielle.

Le 28 avril 2002, Soumaïla Cissé, candidat officiel du parti, arrive second au premier tour de l’élection présidentielle avec 21,32 % des voix derrière Amadou Toumani Touré (28,71 %). Entre 2002 et 2012, l’Adema est resté un parti dominant, allié au président Amadou Toumani Touré. Aux élections législatives d’août 2002, l’Adéma-PASJ se maintient comme première force politique du pays en obtenant 51 députés. Mais la division de l’Adema-Pasj se poursuit. Soumaïla Cissé, candidat à l’élection présidentielle quitte le parti pour former le 1er juin 2003 l’Union pour la république et la démocratie (URD).

Pour l’élection présidentielle de 2007, l’Adema-Pasj constitue avec l’Urd et 12 autres partis politiques, l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) pour soutenir la candidature d’Amadou Toumani Touré.

Soumeylou Boubèye Maïga qui décide de se présenter contre le président sortant est exclu du parti lors de la conférence nationale des 24 et 25 février 2007 avec plusieurs de ses sympathisants.

Et à l’épreuve de la présidentielle de 2013, la désignation de Dramane Dembélé comme  candidat du parti a occasionné une véritable saignée. Petit à petit, l’Adema s’est vidé de ses hommes. Soumeylou Boubeye Maïga (revenu dans la ruche) et Sékou Diakité ont quitté  avec des milliers de militants. Le premier a créé l’ASMA – CFP et le second a déposé ses bagages à  la CODEM. Quelques mois après, d’autres grosses pointures quittent le navire. Il s’agit d’Iba N’Diaye qui a rejoint  l’URD et Oumarou Ag Mohamed Ibrahim,  alors président en exercice du HCCT, qui a déposé ses valises au RPM. Ce parti aussi bien que l’URD sont  tous sortis des entrailles de l’Adema-Pasj.

C’est dire qu’à chaque élection présidentielle, c’est le clash au sein de l’Adema.

Le parti de l’Abeille parviendra-t-il, en vue de la présidentielle de 2018, à surfer sur les vagues de ces divergences pour adopter une démarche claire et acceptée par tous ?  Pour éviter une implosion du parti, des membres fondateurs de l’Adema auraient entrepris auprès des protagonistes des démarches discrètes.

Sambou Diarra

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9 COMMENTAIRES

  1. On peut citer un parti au pouvoir au monde où les qualificatifs de corruption,de népotisme,de vol…ne sont pas monnaie courante,surtout en Afrique.
    C’est rare aussi de voir un parti au pouvoir garder son UNITÉ s’il s’agit de trouver un successeur au président sortant.
    Au Sénégal tout près,le départ de ABDOU DIOUF a créé une saignée au sein du parti au pouvoir.
    Ce parti ne ressemble t’il pas à l’ ADEMA-PASJ actuellement?
    Le parti d’ABDOULAYE Wade a connu les mêmes déchirures.
    L’ ADEMA-PASJ doit être jugé sur son bilan que sur les pratiques malsaines communes à tous les partis au pouvoir.
    Il va de soi que les cadres qui ont conduit l’ ADEMA-PASJ au pouvoir sont ,de loin,MEILLEURS que ceux qui le conduisent actuellement en terme de conviction politique.
    Il faut dater la transformation de l’ ADEMA-PASJ à partir du départ de Mohamed LAMINE TRAORÉ consécutif à l’ arrivée d’Ibk à la tête du parti .
    La présidence d’Ibk a indéniablement transformé le parti en machine d’opportunistes pour se SERVIR des deniers publics .
    Ces opportunistes ont fini par chasser le peu d’hommes CRÉDIBLES pour se retrouver entre eux.
    L’ ADEMA-PASJ a perdu son âme.
    Ce n’est plus un parti politique au sens noble du terme,c’est un groupement pour la défense des intérêts de ses membres.
    Un candidat qui va sortir de ses rangs ne peut en aucun cas satisfaire les maliens.
    IL SERA DE LA MÊME CATÉGORIE QU’ IBRAHIM BOUBACAR KEITA.
    La division actuelle exprime l’opportunisme de ses membres.
    Un camp qui veut présenter le candidat car il a été abandonné par IBK.
    L’autre défend le soutien d’Ibk à cause de sa présence dans le gouvernement et les différentes structures de l’ ÉTAT .
    La décennie ADEMA-PASJ a été sauvée par les cadres valables réunis autour de son premier président ALPHA OUMAR KONARE qui ont chassé IBK du parti.

  2. FB tu ne peux pas cacher le soleil par tes deux mains et meme ton patron IBK ne peut pas le faire malgre sa magie de la SURFACTURATION, tout est cousu de fils bancs ici, merci d’avoir essaye de nous tromper sur les vraies raisons de cet act illegal et anti-democratique contre le Maire Coulibaly

  3. Personnellement, j’ai su que s’en était fini pour ce parti le jour où, un certain Tiémoko Sangaré en est devenu le président.
    Comment comprendre que cet énergumène qui a quitté l’ ADEMA pour en créé un autre (le MIRIA), soit devenu aujourd’hui son président. Mieux, il fait partie de ceux qui représentent le même partie dans le gouvernement.
    Qu’il fasse partie de ceux qui ,au sein du bureau de l’ADEMA, sont en faveur du soutien de la candidature de IBK dès le premier tour ,ne doit pas surprendre.

  4. Comment peut-on gérer un parti par le seul clanisme et des trahisons de toute part, le tout colorés par des mensonges, des tricheries, les égos trop forts, des vols en bande organisée, des bassesses sans limites, des comportements éhontés, des actes indignes envers un humain, des gabegies exagérées, il s’agit en un mot d’un parti de faux types qui ne peuvent plus gérer le Mali d’aujourd’hui. Avec le comportement de ces hommes et femmes de ce parti qui a exercé le pouvoir pendant dix dans des comportements exécrables un grand ouragan traversera sans équivoque le Mali. Ils sont exceptionnels et sans honte, sans dignité, sans aucun esprit de partage, ils ne croient qu’à l’argent, l’argent et l’argent et pour sa seule poche personnelle, pour eux les autres maliens sont des moins que rien, avec çà comment peut-on développer ce pays? Malgré cet abîme profond dans lequel le pays se trouve, aucun membre de ce parti ne pense comment peut-on travailler collectivement pour faire sortir ce pays du gouffre dans lequel il se trouve. Seule la poche personnelle compte les autres sont des imbéciles. Un parti bizarre, bizarre et très bizarre.
    Premier parti à exercer le pouvoir dans cette ère démocratique, ce parti mérite de disparaitre pour le bonheur des bons maliens et c’est cela qui se ferait sans nul doute et très prochainement.

  5. @yugo, a dit “Le fait que la démocratie soit un échec au MALI est imputable à ce parti maudit qui fut l’école de formation de Kleptocrates comme IBK et consorts” C’est vrai mais yugo c’est au RPM qu’IBK est devenu Specialiste avec la MENTION TRES HONORABLE dans ” La Famille D’abord”, la “SUPER SURFACTURATION” et la grande Manipulation des Marches avec l’achat d’un avion a 3 prix differents Si a l’ADEMA IBK etait pourri au RPM il est devenu pourri a la PUISSANCE 1000.

  6. IBK etait le president de l’ADEMA! Il est le meilleur choix que ce parti a. Il serait sage pour les membres de l’ADEMA de faire alliance avec le RPM! Ils doivent surtout se rappeler que PM Modibo Keita qui a servi sous IBK est toujours ADEMA!

    • Wuruwaye et digne fils de wuruwaye, pourquoi les militants ont chasse IBK de l’ADEMA? Poses-toi cette question et la reponse te servira. L’ADEMA as ses regles comme tout parti qui se respecte alors ses dirigents doivent agir dans l’interet du parti et ne pas ecouter le roi BIDON de segou celui-la meme qui a dechire son act de naissance Malien, un citoyen de Mr Trump qui a rejete la nationalite Malienne.

  7. Béni sera le où ce Parti-Mafia et ses clones (RPM, URD, MISMA, MIRIA, ….)disparaîtront à jamais du paysage politique Malien. L’ADEMA avait toutes les cartes en main pour faire de la démocratie Malienne un outil de développement. Au lieu de cela, il a développé la corruption, le clientélisme, l’achat de consciences, le favoritisme et le vol du denier public. Le fait que la démocratie soit un échec au MALI est imputable à ce parti maudit qui fut l’école de formation de Kleptocrates comme IBK et consorts.

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