La dernière conférence de presse organisée par le président de l’Adema, Dioncounda Traoré, dont le menu principal était la candidature du parti à la présidentielle de 2012 provoque un tollé au niveau de la direction du parti qui rejette certaines prises de position du président, notamment au sujet de l’éventuelle candidature de Modibo Sidibé comme candidat du parti à la prochaine présidentielle.
«Dioncounda sait que son plus redoutable adversaire pour la candidature à l’Adema serait Modibo Sidibé », nous a confié un membre du CE de l’Adema. Ce responsable s’insurge en effet contre la sortie de Dioncounda Traoré qui a déclaré lors d’une conférence de presse que Modibo Sidibé n’est pas un militant de l’Adema et ne saurait donc être son candidat pour la présidentielle de 2012.
Les propos du président de l’Adema sont jugés incompréhensibles. Au sein du parti, il y a déjà une commission de candidature présidée par Ibrahima N’Diaye. Cette commission dont la composition n’est pas connue pour le moment doit être composée par 5 membres du Comité exécutif (CE), les représentants des commissions de travail et tous les Secrétaires généraux des sections du parti.
Pour le membre du CE qui nous a témoigné de son désaccord avec la prise de position de Dioncounda Traoré, c’est cette commission qui est appelée à recueillir les candidatures et à les soumettre au Comité exécutif qui se réunira, le 26 mars 2011, pour choisir le ou les candidats du parti. C’est la conférence nationale du 25 mai 2011 qui désignera en dernier ressort le candidat de l’Adema à la présidentielle de 2012. Les règles sont donc claires pour la direction du parti. Cette commission, en effet, doit fixer des critères dont l’intégrité du candidat, sa vision pour le parti et son attachement aux valeurs de l’Adema pour faire un candidat capable de conduire le parti à la victoire.
Dioncounda prépare sa propre candidature
Toujours à propos de Modibo Sidibé, le membre du CE qui nous a confié son désaccord avec la sortie du président de l’Adema a affirmé que « Dioncounda Traoré n’est nullement qualifié pour dire que Modibo Sidibé est militant ou pas de l’Adema ». Pour ce responsable Modibo Sidibé a toujours mouillé le maillot pour l’Adema. « A chaque fois qu’il a été sollicité, notamment lors des différentes manifestations du parti, il a apporté sa contribution. Pour l’instant, Modibo Sidibé n’a jamais déclaré qu’il sera candidat de l’Adema et le jour où il le fera, Dioncounda saura si Modibo est soutenu ou pas », a-t-il poursuivi.
Dans la perspective de la présidentielle de 2012, nombreux sont des responsables de l’Adema qui pensent que Dioncounda Traoré veut tout simplement prendre le devant, en essayant d’abattre ceux qui sont susceptibles de lui barrer la route de la candidature du parti à la présidentielle de 2012, a poursuivi notre interlocuteur.
Par ailleurs, on évoque déjà à l’Adema les relations difficiles que Dioncounda entretenait avec feu Mandé Sidibé (grand frère de Modibo Sidibé). Est-ce la raison de la prise de position de Dioncounda contre Modibo? S’interroge-t-on au sein du parti.
En tout cas, à propos de la conférence de presse, certains à l’Adema pensent que c’était une grotesque farce, sinon un montage fait par Dioncounda pour ouvrir sa propre campagne et barrer la route à d’éventuelles candidatures Adema pour la présidentielle. De toute évidence, cette conférence de presse n’aurait pas fait l’unanimité au sein de la direction du parti. Lorsque Dioncounda Traoré, au cours d’une réunion du CE l’avait prise, la majorité de la direction du parti était absente, indique-t- on.
Lors de la conférence de presse, deux membres du CE seulement (Assarid Ag Inbarcawane et Zoumana Mory Coulibaly) étaient présents. L’absence des autres membres influents de la direction prouve l’ampleur de la cassure au sommet du parti. Et aujourd’hui, cette fracture s’élargit au sommet où d’autres candidatures sont annoncées. Il s’agit notamment de celles d’Ibrahima N’ Diaye, de Tiémoko Sangaré et de Sékou Diakité. Pire, entre Dioncounda et ces derniers, le fossé n’a cessé de s’élargir depuis l’entrée des trois dans le gouvernement.
Soumaïla T. Diarra
