L’opportunité des réformes constitutionnelles fait couler, ces derniers temps, beaucoup d’ancre et de salive. Le débat prend une autre tournure avec le positionnement des uns et des autres. Si certaines couches de notre société optent pour les réformes constitutionnelles, d’autres par contre, estiment que de telles réformes ne sont pas opportunes. L’Association Appel du Mali (APMA) fait partie de la première tendance. Selon le président de cette association, le processus des réformes constitutionnelles a atteint le point de non- retour. Autrement dit, il n’est pas question de renoncer au référendum.
Le Pouce : L’APMA s’apprête à lancer une caravane dénommée « la caravane de la consolidation de la démocratie ». Qu’est- ce que c’est ?
Adama T Coulibaly : Cette caravane va nous permettre de donner la parole, de discuter et d’échanger surtout avec la jeunesse sur le bien fondé de ces réformes. Nous ne voulons pas faire du folklore. Nous voulons organiser dans chaque grande ville du Mali, une conférence- débat sur la révision constitutionnelle avec comme support les copies du projet de constitution qui sera soumis au référendum et des juristes et constitutionnalistes qui vont se charger d’expliquer aux populations article par article le contenu du projet.
Le Pouce : Cette caravane intervient au moment où une coalition dénommée « ne touche pas à ma constitution » fait bloc pour arrêter le processus de ces réformes. Qu’en pensez-vous ?
Adama T Coulibaly : Je ris, et je m’étonne de la méthode utilisée par certains de nos concitoyens pour contester ces réformes. Il ne faut jamais attendre la dernière minute pour faire des tapages. Leur réaction est tout simplement inopportune et tardive. Ceux-ci devaient s’opposer depuis la nomination de Daba Diawara en 2008. Ceux qui s’agitent aujourd’hui pour arrêter le processus ont tous été consultés par Daba. Les règles de la démocratie doivent être respectées. Que ceux qui s’opposent battent campagne auprès des populations pour rejeter les réformes, et non demander d’arrêter le processus dans lequel a été injecté beaucoup d’argent. Le processus a atteint un chemin de non retour.
Le Pouce : Une telle caravane doit couter chère. Peut-on savoir d’où l’APMA tire son financement ?
Adama T Coulibaly : Cette caravane est un débat d’idées que nous allons imposer. Nous allons nous appuyer sur la télévision d’Etat qui va sensibiliser avec nous. Nous allons solliciter le Ministère chargé des Réformes qui mettra à notre disposition des juristes pour nous accompagner.
Le Pouce : Beaucoup pensent que vous êtes manipulés. Que répondez-vous ?
Adama T Coulibaly : Malgré la présence de plus de 150 partis politiques, nous avons un indépendant qui gère le pays depuis dix ans. Et cette histoire de gestion consensuelle de pouvoir, pourquoi c’est à quelques mois du référendum seulement que des voix s’élèvent pour dire non ? Alors nous disons que non, nous ne sommes pas manipulés. Tout le monde ne peut pas dire oui, comme tout le monde ne peut pas ensemble dire non. C’est ça aussi la démocratie.
Le Pouce : Votre mot de la fin
Adama T Coulibaly : Il ne faut pas dire non, parce que les gens disent non et dire oui parce que les gens disent oui. Il faut dire oui avec ses raisons, ses arguments. Il faut également dire non avec ses raisons et ses arguments. Nous, nous disons oui avec nos arguments, parce que nous, nous avons lu le document et nous nous y reconnaissons. J’invite ceux qui disent non à s’organiser à développer leur argumentaire afin de convaincre les Maliens pour qu’ils puissent empêcher que le oui l’emporte. J’invite aussi ceux qui pensent que les réformes sont nécessaires à s’organiser afin de convaincre les gens du pourquoi on doit dire oui. Au sortir du référendum si le oui l’emporte tant mieux, mais si c’est le non qui l’emporte en ce moment ATT n’a plus le choix sauf si c’est un dictateur.
Mohamed DAGNOKO