Activisme politique : Ras-Bath adulé comme IBK en 2002

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C’était au début de l’ère démocratique entre 1992 et 2002 sous la conduite du premier président démocratiquement élu, après la chute du régime Moussa TRAORE. Les débuts de la démocratie malienne ont été difficiles. Les demandes sociales étaient fortes et les ressources très limitées. Pour les maliens, la démocratie voulait dire avoir tout et tout de suite, alors qu’il fallait consolider les bases démocratiques sur le plan national pour donner confiance aux bailleurs de fonds susceptibles de nous aider. Dans les lots de la demande sociale, celle des élèves était la plus pressente et le pouvoir devait  en  tenir compte, car ils ont été le fer de lance de la révolution populaire de 1991, à Bamako et dans les capitales régionales qui étaient en permanence en ébullition par les mouvements des élèves et des partis d’opposition. Alpha était ébranlé et doutait même de sa capacité à faire face à la situation. Ce jeudi d’avril 1994 fût un jour de très grande inquiétude pour le président Alpha. En effet, ce jour-là Maitre Mountaga TALL fut invité à Koulouba par le président Alpha  afin de négocier avec les partis de l’opposition réunis au sein du Collectif des Partis Politiques de l’Opposition ( COPPO). Au cours  des négociations Alpha avait proposé à Maitre TALL et au COPPO, trois ministères et le poste d’Ambassadeur du Mali en France. Maitre TALL à sa descente de Koulouba a appelé sur téléphone un autre leader du COPPO, malheureusement, il était sur écoute. TALL a semblé dire aux membres du COPPO que leur victoire est certaine et qu’il va  falloir  le faire partir de Koulouba en exigeant sa démission. Lorsqu’Alpha a écouté cet enregistrement de Maitre TALL en présence du ministre de l’administration et du premier Ministre IBK, Alpha a eu des maux de tête terrible. Il a fallu que le Ministre de l’administration de l’époque le Colonel Sada SAMAKE, ouvre son sac et lui  fasse avaler  de l’aspirine qui finalement a mis fin à ses maux de tête. Alpha était sur le point de démissionner à travers une adresse à la nation d’ailleurs n’a-t-il pas dit la veille que l’Etat malien est fragilisé . C’est ainsi qu’IBK et Sada SAMAKE ont pris le problème à bras le corps en décidant d’arrêter tous les leaders du COPPO.

IBK le tout nouveau premier Ministre et le Colonel  Sada SAMAKE, en charge de l’administration territoriale et de la sécurité lui ont donné toutes les assurances   pour  mettre fin à la situation de pagaille dans le pays. Cet engagement ferme  pris par ces deux responsables lui a permis de garder le calme et de renoncer à sa démission. Voici comment Alpha a été sauvé par son premier Ministre et son Ministre de l’administration territoriale. Cela explique aussi les raisons de la complicité entre ces deux hommes que seule la mort a séparé. Après cet acte, ils ont entrepris en catimini non seulement, une lutte sans merci contre  les chefs rebelles des différents mouvements armés  dans le nord du Mali, mais aussi la réalisation de beaucoup de projets dans cette partie du pays. Voilà donc pourquoi  le peuple a apprécié à l’époque  les actions du premier Ministre IBK pour la stabilisation du pays. Voilà aussi pourquoi  le peuple l’a soutenu lorsque le Président Alpha a voulu se débarrasser  de lui en 2000 en le débarquant de la Primature, mais aussi de  la tête de l’une des plus grandes formations  politiques d’Afrique après l’ANC de Nelson Mandala l’ADEMA. Le malien à horreur   de  l’ingratitude et de  l’injustice des responsables politiques. Il n’hésite pas à rendre justice face à  ces deux attitudes. Cela explique le soutien du peuple malien en 2002 au candidat IBK qui avait gagné avec 52,04%.  En réalité Alpha ne voulait pas de lui. Il ne l’a d’ailleurs pas caché. Avant de prévenir   les maliens en leur disant qu’il est très dépensier, moins travailleur, bourgeois etc…, donc des maux contre lesquels un peuple pauvre doit se battre. Les maliens à l’époque n’ont pas compris le Président Alpha. Onze ans après et suite aux évènements de mars 2012 c’est-à-dire la crise multidimensionnelle, IBK qui avait  laissé dans l’esprit des populations  des  caractères comme la fermeté, comme homme allergique   à l’injustice   lorsqu’il était premier Ministre a eu les faveurs du peuple malien  a-t-on dit.  A travers ce plébiscite les populations voyaient en lui ‘’l’homme de la situation’’  voir le sauveur pour ressouder le Mali et conforter la démocratie en 2013. Malheureusement,  quatre ans après   le peuple est très déçu, surtout par rapport à la corruption à ciel ouvert qui est devenu tutti munti, la concussion, la prévarication, le clientélisme et ‘’la famille d’abord’’ qui a supplanté ‘’le Mali d’abord’’. Au lieu de ressouder le Mali, il a divisé et faire perdre au Mali, sa présence au nord. Malgré tout  cela, il cherche  à se tailler une constitution sur mesure en surprenant le peuple. Cette déception du peuple a créé des blogueurs, des associations de défense des droits à l’information, des activistes de la société civile et des artistes rappeurs contre lui et sa gestion calamiteuse. La haute portée et la consistance de leur message a fini de convaincre le peuple par rapport à la mal gouvernance en celui en qui, il a placé  sa confiance à 78,78% en 2013. Ces informateurs de la société sont adulés de nos jours par ce peuple, comme IBK l’était en 2001 et 2002, l’histoire n’est t-il pas   répétition d’après Henry Irené Jarou ?

Si en 2001 et 2002, Alpha avait voulu mettre IBK en prison à cause de son attitude démesurée de dépenser les fonds publics de l’Etat sans compter, en  dépensant  les  montants  au dessus de sa ‘’caisse noire’’ jusqu’à concurrence de 300 millions F CFA, le peuple allait crier au complot. C’est ce qui se passe maintenant avec Ras-Bath. Les hommes politiques en général promettent beaucoup lorsqu’ils veulent conquérir le pouvoir. Mais à la fin ce sont des promesses vaines. C’est là que vient la grande déception du peuple. Si l’on devrait révéler l’origine secrète et la nature intime de chaque régime, beaucoup de dirigeants qui se prennent pour  des messies  verraient alors la distance qui sépare l’origine de leur pouvoir et le niveau où ils ont été  placés. L’homme politique malien n’a jamais tiré les enseignements des évènements passés au Mali et en Afrique.  Pour son comportement il faudrait bien qu’il paye un jour  les pots cassés un jour.

Ivette GUINDO

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3 COMMENTAIRES

  1. Apparemment, l’adulation est une chose bien malienne, tout aussi malienne que le besoin de guide, si l’on s’en réfère à ce mouvement.
    Indépendance et liberté d’esprit, ou donc vous cachez vous?
    Dire la vérité est une chose, guider un troupeau en est une autre, de même qu’apprécier la finesse d’esprit est une chose, mais se montrer incapable de décision personnelle en est une autre.
    Choquer pour éduquer c’est bien. Mais pourquoi éduquer? L’assertion ne suppose t elle pas que le malien est un peuple enfantin qui se doit être éduqué? Sur ce, je vous laisse à ces considérations psychanalytiques et vous souhaite une excellente journée.

  2. “…Les Maliens ont élu M IBK avec le coeur et non avec la raison…” Cette lecture du journaliste M Gaoussou DRABO sur la personne IBK nous permet de porter un porte à faux sur la retrospective faite sur l’homme dans cet article, qui ne saurait faire de lui un homme de poigne comme on a laissé planer ce mythe sur la tête des Maliens au point de l’élir en 2013 à la tête de l’Etat, pour la simple raison que:

    1- Un homme politique qui décrète une année blanche comme en 1994…

    2- Un homme politique qui jette en prison des leaders opposants, des journalistes, des têtes syndicalistes…pour se soustraire des débats sur les maux du Front Social…

    3- Un homme politique qui morcelle et martèlent toutes les forces vives de la nation par le soudoyement ou la repression…

    4- Comme M IBK et M Sada Samaké l’ont fait au motif de sauver le régime AOK ne saurat être un homme de poigne, fait plutôt la démonstration de son manque de vision politique, d’où une impéritie totale à négocier, à diriger en utilisant les appareils de l’Etat comme moyens de repressions pour se faire entendre.Cheickh Anta Diop nous apprend pour le paraphraser qu’un intellectuel est celui qui est capable de réfléchir et trouver des solutions et les adapter aux problèmes de son milieu…

    5- Donc M IBK n’a jamais été ce personnage qui peut sentir son peuple, avoir le flair pour des situations critiques de la nation….

    6- La preuve est qu’il a paniqué pour aller remettre le destin du Mali entre les mains de l’Algérie, ce pays-là même qui a destabilisé le Mali par ses Agents secrets. Résultat le Mali en sort avec un Accord sans accord au nom duquel il veut réviser la constitution: le tollé général est d’actualité!

    7- Il signe un accord de réadmission avec l’UE au détriment de ses concitoyens…
    8- Il signe un accord de défense sans expliquer aux Maliens de quoi s’agit-il en réalité…
    9- Pour se disculper il met dos à dos les confreries religieuses entre elles et elles et la population civile, la jeunesse, le peuple contre ses institutions comme c’est le cas maintenant avec l’AN,la Justice…
    10- Il fractionne les partis politiques, les artistes, les hommes de castes, les chasseurs… Voilà ce dont est capable M IBK, ce manque de vison politique que l’on a qualifié ” d’engagement ferme…pour mettre fin à la situation de pagaille dans le pays…de garder le calme, de ne pas démissionner…de sauver donc un régime…”

    • Bien analysé, Mossad! Rien de plus clair que le tableau que vous brossez de l’homme IBK! Sans vision, voire sans ambition, il se convainc qu’il est encore maître du jeu alors que la réalité lui échappe ! Fasse Dieu que le Mali s’en sorte.

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