Acteurs Politiques au MALI : Quand l’esprit de conquête prime sur l’idéologie

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                Le Mali est l’un des seuls pays au monde où des acteurs différents des “professionnels de la politique” arrivent à remporter des élections de manière totalement transparente. Le résultat du président de la République aux dernières élections générales prouve ce constat. Les partis politiques sont pénalisés par l’absence de fermes idéologie et de conviction, ce qui explique les nombreuses divisions et scissions observées çà et là.

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                En effet, une idéologie est un concept qui porte sur une organisation sociale, les relations entre les individus au sein d’une communauté, et qui peut s’illustrer de plusieurs manières. Une idéologie, est ce qu’on appelle “une certaine idée de la société et de la vie” à laquelle on croit jusqu’à la situer au-dessus de sa personne et de celle des autres. C’est la toile de fond d’un projet de société, les repères d’un mode de vie et d’une façon de faire. Le socialisme, le marxisme, certaines formes de nationalisme ont été les formes les plus connues d’idéologie. Mais ce ne sont pas les seules.

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                Il est malheureux de constater que nos acteurs politiques ne disposent malheureusement pas d’idéologie. Ceci est une constat que partagent presque tous les pays africains avec quelques zones de résistances. L’Afrique est entrée de plein pied dans le moule et le mythe de l’occidentalisme avec une toile de fond de libéralisme qui érige en dogme la gestion monétaire, l’ajustement structurel, la quête d’investisseurs étrangers, les privatisations et la suppression des barrières douanières. Ces repères ont été rendus immuables et nos dirigeants sont obligés de les intégrés et de mettre en place leurs actions à l’intérieur de leur cadre.

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                Les partis politiques n’ont pas échappé à ce “formatage” et même les plus irréductibles d’entre eux intègrent parfaitement la libéralisation de l’économie et ce qui s’en suit comme des passages obligés. Les alternances se sont succédées en Afrique mais l’ajustement structurel est resté permanent.

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                Au Mali, on a vu et on voit actuellement des leaders politiques jadis de l’extrême gauche appliquer sans état d’âme des politiques capitalistes parmi les plus expéditives. On en  conclut qu’il n’existe plus parmi nos élites politiques cette capacité de réflexion et de proposition d’alternatives pouvant aider notre pays. Il n’existe plus dans nos partis politiques des convictions que d’autres alternatives sont possibles, des idéologies fortes et partagées qui vont cimenter leur groupe, au delà des situations personnelles. Il ne persiste plus que l’esprit de compétition, la volonté de conquête, l’ambition de victoire. Ce qui constitue un socle d’entente trop étroit et rend les partis très perméables aux secousses, dissensions, scissions…

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                On constate ainsi que la plupart des partis ont éclaté, non pas à cause de divergences d’idées mais, en raison de mésentente sur le choix des hommes, de “trahisons” réelles ou supposées, de brouilles personnelles ou plus prosaïquement de “débauchages” du pouvoir. Toutes choses qui sont rendues possibles par l’inexistence de fermentes idéologies, de croyances et de convictions à l’intérieur des structures. Les partis maliens n’ont que peu intégré la composante idéologique dans leurs actions. Ils n’ont pas été constitués sur cette base.

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                La plupart d’entre eux ont été constitués à la hâte dans le feu de l’action avec comme principale motivation la conquête du pouvoir. Les plus grands ayant accédé au pouvoir n’ont plus voulu se structurer pour assurer une plus grande homogénéité et se sont contentés de gérer les échéances électorales en s’appuyant essentiellement sur les avantages de partis au pouvoir. Ils ont ainsi contribué à appauvrir le débat et contraint ceux d’entre eux ayant un penchant idéologique à abandonner rapidement cette disposition et à se fondre dans le moule ou à abandonner.

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                L’absence d’idéologie contraint ainsi les acteurs politiques à naviguer à vue, à organiser des séminaires et ateliers de réflexions destinés à se trouver quelques éléments d’analyse qui seront vite abandonnés une fois au pouvoir ou après les consultations.

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Moussa TOURE


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Source : Pour un Mali meilleur

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