Achat de conscience : IBK et son clan menacent la démocratie malienne

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Après avoir perdu des soutiens de taille qui l’ont propulsé à la tête de l’Etat, en 2013, Ibrahim Boubacar Kéita n’est pas passé par mille chemins pour les remplacer. Il a porté son choix sur l’achat de conscience à travers l’argent dont son clan s’est enrichi à travers les scandales politico-financiers qui ont émaillé tout le long de ces cinq (05) ans.

La démocratie malienne est sortie très affaiblie du scrutin du 29 juillet qui mettait aux prises vingt-quatre (24) candidats dont le président sortant.  Et les résultats proclamés par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation n’en font que rajouter du sel à cela. Sauf IBK arrivé en tête avec 41,42%, les résultats ont été contestés par certains candidats qui parlent d’attribution de points et non de leur score réel et dénoncent aussi l’intrusion de l’argent-roi sur la scène politique.

De quoi inquiéter l’opinion nationale d’une éventuelle crise post- électorale dont personne ne mesure l’ampleur des conséquences sur un pays qui vit déjà au rythme d’attaques terroristes et d’affrontements intercommunautaires, depuis 2012.

S’il y a une opinion largement partagée, c’est bien le bon déroulement du premier tour de la présidentielle du 29 juillet. Il témoigne de la maturité du peuple malien à la recherche d’un chemin pour sortir du cercle vicieux dans lequel les pseudo-démocrates l’ont enfermé pour mieux profiter des richesses nationales à eux confiées. Ce jour, en dehors des localités où les bandits ont empêché les citoyens de voter, les électeurs maliens se sont rendus dans les bureaux de vote pour accomplir leur devoir citoyen dans le calme et dans la sérénité. Ils ont, par leur sagesse, déjoué les pronostics des oiseaux de mauvaise augure qui présageaient déjà des affrontements entre les supporteurs des candidats pour semer le chaos.

Mais si ce comportement exemplaire du peuple malien est à saluer, il est à déplorer que l’argent a beaucoup contribué à ternir l’image d’une démocratie chancelante qui peine à se relever depuis le coup d’Etat électoral de 1997 réalisé par Alpha Oumar Konaré. Ce dernier a profité de ce coup pour installer une bourgeoisie bureaucratique et      compradore dont les seuls bénéficiaires seraient leurs progénitures au détriment des femmes et des hommes qui ont sacrifié leur vie pour l’avènement de la démocratie. Il est à noter que certains d’entre eux ont perdu un fils, un parent, un ami dans cette quête du bien être.

‘’Ainsi donc, notre système démocratique a été dévoyé. Il consacre désormais le règne de l’argent-roi et propulse au-devant de la scène, des prébendiers et des requins de tout acabit qui vont festoyer sur les dépouilles d’un peuple accablé et à terre‘’, déplore Nouhoum Keïta, journaliste à la radio Kayira. Ce constat amer de notre confrère fait déjà débat dans les cercles de réflexion qui sont préoccupés du devenir de notre pays et de la prise en otage de la démocratie malienne par une élite mafieuse encline à l’argent facile pour réaliser ses rêves mondains. Et face à cette situation inquiétante et destructrice, un front de rempart contre les sangsues de notre peuple s’est déjà mis en place autour des anciens ministres Aminata Dramané Traoré, Issa N’Diaye et du peintre Ismaël Diabaté.

Et pour étayer les propos de Nouhoum Keïta, l’ancienne ministre de la Culture, au cours d’une de ses sorties devant la presse, ne vas pas avec le dos de la cuillère: «Non à une démocratie marchande, libérale, affairiste et clientéliste

Avec cette élection, la démocratie malienne vient de prendre un coup sérieux et l’argent-roi menace ses fondements qui ont été bâti sur les corps des Maliennes et des Maliens qui ont accepté d’affronter les foudres du général Moussa Traoré, en 1991. Il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que la machine électorale de fraude mise en place par l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ), depuis 1992, marche à merveille pour ne jamais perdre le pouvoir malgré la dispersion de ses dirigeants dans certains partis politiques comme le MIRIA, le RPM, l’URD. Cette dissémination a d’ailleurs été un atout pour l’ADEMA et ses rejetons de conserver ou de rôder autour du pouvoir.  Et pour demeurer éternellement aux affaires de l’Etat, c’est l’argent volé au peuple qu’ils utilisent pour se maintenir au pouvoir. Si dans les années 1990, l’argent était distribué aux électeurs, c’est à visage découvert qu’ils ne font maintenant. On ne pourra pas nous démentir.

Partout où nous avons passé le jour du vote, le constat était alarmant. C’était un véritable ballet diplomatique autour des hommes et des femmes qui représentaient des candidats surtout le président sortant. Ils ne s’en cachaient pas. L’argent a coulé à flot pour acheter et détourner certains électeurs de leur choix. Ceux-ci à leur tour étaient contents d’empocher une somme minable juste le prix des condiments d’un jour.

Les faits ont donné raison à l’ancien Premier ministre Moussa Mara quand il déclarait: «IBK ne pas gagner une élection sans argent». Le scrutin du 29 juillet a montré que  sans argent les soixante partis de ‘’Ensemble pour le Mali’’ et les innombrables mouvements et  associations de soutien à la candidature d’IBK  ne peuvent aucunement remporter une élection. Il a étalé au grand jour, contrairement à ce qu’on dit, qu’ils ne disposent d’aucune base électorale.

IBK a obtenu les 41,42% des suffrages exprimés grâce à l’argent que son clan a volé au peuple malien à travers des scandales politico-financiers (achats de l’avion président, d’équipements militaires; affaire d’engrais frelaté) monté de toute pièce pour enrichir le clan en un temps record.

Le clan Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) passe par l’achat de conscience pour la simple raison qu’il n’est pas puni par la Loi électorale. Qu’à cela ne tienne, un candidat doit dignement gagner une élection pour faire face aux problèmes urgents de ses concitoyens. Avec cette victoire nauséabonde au premier tour, IBK doit être sanctionné par les Maliens pour lui dire que l’argent ne pas ouvrir toutes les portes.

Un homme qui se maintient par la corruption est capable de tout. D’ailleurs, il est le seul candidat à ne pas se soucier du rôle joué par l’argent pour fausser les jeux. Et s’il s’en glorifie même en demandant aux électeurs de l’accompagner. Au lieu de présenter son bilan, il a misé l’argent volé aux Maliens.

Pire, l’armée qui doit être loin des combines politiciennes n’a pas échappé à l’achat de conscience.

L’élection présidentielle du 29 juillet est la preuve matérielle qu’IBK et son clan sont une menace pour la démocratie malienne. Cela n’est pas étonnant dans la part de ceux qui n’ont nullement participé aux événements de mars 1991. A commencer par leur chef, IBK qui n’a aucun passé militant. C’est pourquoi il a fait de son jeu favori la gabegie, un train de vie ostentatoire, etc.

Yoro SOW

 

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