Les maliens ont eu vent des concertations en cours pour la mise en place du nouveau gouvernement. Ils se réjouissent de la perspective d’une entente entre les différents protagonistes. Toutefois, on peut craindre que ce qui semble être une solution de sortie de crise n’aboutisse qu’à un simple partage de gâteau entre oligarques. Ce ne serait pas la première fois que des politiciens récupèrent les revendications populaires légitimes pour justifier un combat personnel. Depuis un certain temps, tous les accords politiques n’ont donné naissance qu’à des gouvernements “d’union ou de mission” acquis à la cause des partis. Et l’histoire de la démocratie malienne nous a prouvé que la cause des partis n’est pas celle du peuple.
Dans l’intérêt supérieur du peuple, il faut, qu’au sortir de ces négociations, une équipe restreinte de technocrates soit mise en place pour mener une politique d’austérité. La situation catastrophique du pays, sur le plan économique et sécuritaire, doit interpeler et inciter à une gestion rationnelle des deniers publics. Cela implique une réduction drastique des dépenses publiques et amélioration des performances des entreprises publiques. Doivent disparaître, les ministères inutiles (celui du culte, du dialogue social, de l’intégration africaine, des maliens de l’étranger…). Le président de la république doit désormais être un chef d’orchestre rationnel et recentrer la gestion du pays entre les mains d’une équipe de technocrates indépendants. Si, au lieu de cela, il joue le jeu des partis pour un apaisement précaire (il y aura toujours des mécontents) et adopte une soi-disant “solution politique”, son régime (déjà affaibli par son laxisme) portera la responsabilité d’une dégringolade de la démocratie malienne.
Pour satisfaire les ambitions légitimes du peuple (plus de justice, plus de sécurité, moins d’insécurité alimentaire, une amélioration de la santé publique…), il faut repenser le mode de gouvernance. Les solutions adoptées depuis 92 ont échoué parce que les équipes gouvermentales manquent de vision. Elles viennent pour résoudre les crises du moment et les actions manquent de cohérence. Le Mali regorge de technocrates capables de leadership. Il est temps de faire appel à cette main d’œuvre hautement qualifiée pour labourer les champs nationaux dans l’intérêt supérieur du peuple.
Vive la république
Vive le Mali
Dr Moussa Dougouné