Accord politique et déni: le parjure du FSD

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Un changement de braquet intriguant qui n’en est pas moins un parjure met le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) en marge, autant de l’Accord politique de gouvernement, que du Dialogue National Inclusif (DNI). Précurseur des deux offres politiques, l’on est tenté de s’interroger à son sujet : tout ça pour ça ? Décryptage.

Le précurseur

Lors de sa présentation des vœux de Nouvel An 2019 aux militants et à la Nation, le Président de l’URD, Chef de file de l’Opposition, Soumaïla CISSE, sans innover, a créé la sensation par un discours qui a été une véritable surprise pour ceux qui l’attendaient corseté : « au Mali, il faut un vrai DIALOGUE POLITIQUE RÉPUBLICAIN ! (…) Le DIALOGUE RÉPUBLICAIN doit déboucher sur un ACCORD POLITIQUE sur la gestion des crises que connaît le pays : les crises sécuritaire et humanitaire, sociale, politique et postélectorale, économique et financière et même morale.

C’est dans un second temps qu’on peut nommer des Experts et des émissaires pour la rédaction et la mise en œuvre des fruits de l’Accord ».

Le discours est prophétique. Il pose les jalons d’une sortie de crise qui se décline en diverses facettes. Le DIALOGUE RÉPUBLICAIN et l’ACCORD POLITIQUE sont deux idées clés que le Chef de file de l’Opposition met à la disposition du peuple malien pour ouvrir la porte de la paix, de la sécurité, de la cohésion sociale. Ce serait donc un truisme de dire qu’il est précurseur autant de l’Accord politique que du Dialogue national dont le processus est en cours. Que par une pirouette politique de haut vol, le Gouvernement transforme l’Accord politique en Accord politique de gouvernement signé le 2 mai 2019 ou qu’il se voit imposer la dénomination ‘’DIALOGUE NATIONAL INCLUSIF’’ en lieu et place de ‘’DIALOGUE POLITIQUE INCLUSIF’’ par l’Atelier national de validation des TDR, l’histoire retiendra que la matrice de ces démarches n’est autre que l’URD et partant le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD).

À l’origine de cette offre, se trouve incontestablement la bonne disposition du Chef de file de l’Opposition d’apporter sa précieuse contribution au désencerclement du Mali pris à la gorge de toute part, assailli par les crises sous lesquelles il s’écroule, sans réel moyen de se relever. Soumi champion acceptait ainsi la main tendue du Président IBK, mais cela sur une base claire : il faut se dire la vérité, toute la vérité, simplement la vérité et rien que la vérité ; le dialogue politique doit être sincère, global, inclusif, interactif, dynamique et transparent ; en plus de l’écoute, de l’exigence d’honnêteté et de respect mutuel, le dialogue doit être direct, franc, loyal et basé sur la bonne foi ; un dialogue où la main tendue est ouverte, généreuse et visible ; un dialogue aux contours bien définis sous l’égide de médiateurs avertis et objectifs.

 

La première rebuffade

Derrière nous, la contestation post-électorale, les manifestations contre le redécoupage administratif. Désormais ; l’heure est à la détente et l’année 2019 démarre sous les meilleurs auspices. La multiplication des rencontres bilatérales entre partis politiques qui, quelques mois plus tôt, se regardaient en chiens de faïence, si ce n’est en ennemis jurés, atteste de cette embellie socio-politique saluée d’ailleurs par les partenaires du Mali qui ne cesseront d’être surpris par le particularisme malien.

Mais, la bonace a été bouleversée. Comme dit un proverbe français : ‘’mieux vaut être lâche pour durer, qu’un grand cœur pour endurer’’. L’embellie n’aura finalement pas résisté aux attaques répétées et de plus en plus violentes et arrogantes contre le FSD à travers le cadre de dialogue qu’il a défini. La bonne dynamique enclenchée était-elle une illusion d’optique ?

Les relations idylliques se sont terminées en eau de boudin, certainement parce que le Gouvernement a fait de l’Accord politique un outil du jeu politique qu’il instrumentalise à sa guise. L’escalade de la discorde a atteint un point de non-retour. Et le FSD a décidé de s’auto-exclure de l’Accord politique devenu accord politique de gouvernement. Ainsi, par une lettre adressée au Premier ministre, en date du 1er mai 2019, le regroupement réaffirme par son Président Soumaïla CISSE : ‘’j’ai l’honneur d’accuser bonne réception de l’aimable invitation que vous avez bien voulu adresser au Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) à la cérémonie officielle de signature de l’Accord politique qui a fait effectivement l’objet d’échanges entre nous. Je voudrais vous confirmer à nouveau que le FSD, en tant qu’entité, n’est pas signataire dudit document’’.

Même son de cloche naturellement chez l’URD qui, dans un communiqué, le 1er mai 2019, décide de boycotter le Gouvernement Boubou CISSE qualifié de gouvernement de large ouverture (pas d’union nationale) : ‘’le Bureau Exécutif National de l’URD, réuni ce mercredi 1er mai à son siège, en session extraordinaire, a décidé de ne pas participer au prochain Gouvernement du Premier ministre Boubou CISSE’’.

Pourquoi un clash aussi spectaculaire que retentissant ? Il faut dire que si le FSD a pris le lead de l’initiative relative à l’ACCORD POLITIQUE, le tempo et l’agenda lui ont échappé. Dans son entendement, c’est le DIALOGUE RÉPUBLICAIN qui devait déboucher sur un ACCORD POLITIQUE sur la gestion des crises que connaît le pays : les crises sécuritaire et humanitaire, sociale, politique et postélectorale, économique et financière et même morale. Mais la formule proposée par le Gouvernement trahit en tout point de vue l’idée de départ. Ainsi, le FSD se retrouve à quai, après avoir été la locomotive d’une solution de sortie de crise réussie pour notre pays.

 La 2e rebuffade

Le Parti de l’Honorable Soumaïla CISSE a eu une position avant-gardiste par rapport au dialogue national dont il justifie l’impérieuse nécessité par des arguments imparables dans un de ses communiqués : ‘’l’URD rappelle qu’il est de notoriété publique que notre pays traverse une crise multiforme (sécuritaire, sociale, économique et politique) qui annihile toute initiative de réconciliation, de paix et de sécurisation de notre pays.

C’est pourquoi l’URD informe l’opinion nationale et internationale qu’il a toujours eu une très forte conviction selon laquelle pour sortir de cette crise multiforme, notre pays a besoin d’un dialogue politique national inclusif, sincère, global, interactif, dynamique et transparent avec l’ensemble des forces vives de la Nation.

Le Dialogue que notre parti réclame avec d’autres forces politiques et sociales, depuis plus de trois ans, doit aboutir à des résolutions fortes permettant d’enclencher des réformes institutionnelles et politiques nécessaires pour une sortie de crise réussie.

L’URD proclame sa disponibilité à ne rien ménager pour la réussite de ce dialogue et permettre à notre pays de retrouver la paix, la sécurité et la cohésion.

L’URD estime que participer à un tel dialogue ne nécessite pas d’être obligatoirement même du Gouvernement’’.

Cependant, nonobstant des intentions louables, le FSD fait à présent montre d’une fébrilité qui trahit une délicatesse avec les engagements souscrits. Comme il l’a fait pour l’Accord politique, il s’auto-exclut du Dialogue inclusif national en arguant de prétextes relevant de jugements de valeur. En fait, il y a lieu de s’interroger sur la conception même du dialogue au niveau de regroupement politique d’opposition. En considérant la définition suivante du dialogue, l’on est tenté de croire à des malentendus : ‘’le dialogue désigne un type de communication entre plusieurs personnes ou groupes de personnes. Le dialogue se distingue de la discussion et du débat : il réfère à un mode de conversation qui comporte nécessairement raison, discernement, exactitude et sagesse, ainsi qu’une interpénétration des arguments convergents et convaincants, au fur et à mesure de ce que le dialogue se déploie parmi les interlocuteurs.

Comme toutes communications, le dialogue comprend au minimum un émetteur et un récepteur. Cependant, le dialogue se distingue dans le processus qui unit ces deux protagonistes. Alors que la donnée émise est le message, le but du message est l’objectif de la communication ; dans un dialogue véritable, le but n’est donc pas le sujet de l’énoncé, il ne s’agit pas d’avoir raison du récepteur ni de lui imposer un point de vue cognitif, une perspective ou référence’’.

In fine, il semble y avoir une espèce de dogmatisme au niveau du FSD quand rien n’est gravé dans le marbre sur le Dialogue National Inclusif. Aussi, en se mettant en marge d’un mouvement d’ensemble visant à mettre en convergence diverses sensibilités, il prend ses aises avec la Constitution du 25 Février 1992 qui dispose en son article 22 : ‘’la défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen’’ et en son article 23 : ‘’tout citoyen doit œuvrer pour le bien commun’’. Et Soumi, par cette rebuffade, est rattrapé par ses vœux pieux de ce début d’année : « en ce début d’année nouvelle, je formule des vœux très ardents pour que notre pays retrouve son honneur, sa dignité, sa prospérité, la stabilité, la paix et la concorde.

Que cette nouvelle année nous permette de contribuer, tous ensemble, à faire avancer notre idéal commun.

Faisons nôtre, cette recommandation d’un grand écrivain : « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent ». Oui, je m’engage, avec vous, à tout donner au présent, pour que demain, notre pays vive en paix et que s’ouvre pour nos enfants une réelle espérance, un avenir radieux ».

 

PAR BERTIN DAKOUO

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