Accord de Ouagadougou : Dioncounda Traore briefe les responsables politiques

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Samedi 27 avril 2013. CICB : forum national sur la gestion de la crise du nord du Mali présidé par le président de la république Dioncounda Traoré
Samedi 27 avril 2013. CICB : forum national sur la gestion de la crise du nord du Mali présidé par le président de la république Dioncounda Traoré

Le président de la République s’engage dans un marathon d’audiences pour expliquer l’esprit et la lettre de l’accord préliminaire signé entre le gouvernement et les groupes  armés.

 

 

Certes l’accouchement a été difficile mais tout est bien qui finit bien : après une dizaine de jours d’âpres discussions, les autorités de la transition et les groupes rebelles qui écumaient le septentrion sont parvenus à s’accorder sur le texte proposé par le médiateur de la Cedeao. Baptisé « Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali », le texte marque le début d’un long et complexe processus de rétablissement de la paix.

 

 

Pour mettre toute la classe politique au même niveau d’information, le président de la République par intérim a entamé jeudi une série de rencontres avec les responsables de partis politique pour, justement, leur expliquer les tenants et les aboutissants, l’esprit et la lettre de l’accord de Ouagadougou.

 

 

Le premier responsable de partis politiques que Dioncounda Traoré a reçu hier est l’actuel président par intérim de l’Assemblée nationale, Younoussi Touré, qui représente l’URD, deuxième force politique en nombre d’élus de notre pays. L’entretien a duré près de deux heures. Or, théoriquement, le président Traoré doit consacrer une heure à chacun des 35 responsables de partis politiques programmés. Ce qui augure d’un harassant marathon d’audience qui s’étirera jusqu’à mercredi prochain.

 

 

Après l’audience, le président du parti de la poignée de main a confirmé que le chef de l’Etat lui avait « fait le point des négociations qui ont eu lieu à Ouagadougou, les résultats qui sont obtenus et qui permettent aujourd’hui d’évaluer la mission qui a été confiée au Gouvernement de transition qui comporte deux volets : le volet sécuritaire et l’organisation d’élections avant la fin de l’année ».

 

 

Pour Younoussi Touré, ces deux volets sont aujourd’hui des « acquis dans la mesure où l’armée malienne sera déployée très rapidement à Kidal ». Suite aux résultats des négociations, il reste maintenant à organiser les élections, a relevé l’ancien Premier ministre qui ajoute que le président de la République a demandé aux partis politiques et à toutes les populations maliennes de faire en sorte que les élections se passent dans les meilleures conditions.

 

 

« C’est de faire en sorte que les Maliens comprennent que c’est une situation de transition qui ne doit pas durer outre mesure, qu’elle doit prendre fin. Et elle ne peut prendre fin qu’avec l’organisation d’élections paisibles et transparentes », a développé le responsable politique en soulignant que « les partis politiques qui sont les rouages essentiels de la démocratie doivent jouer pleinement leur rôle ». « C’est pourquoi, poursuit-il, le président de la République nous a fait part de ses idées en la matière et a sollicité que l’URD, ayant une certaine taille, travaille à ce que les élections se passent dans les meilleures conditions ».

 

 

RATISSER LARGE. Quel jugement porte-t-il sur le contenu des accords signés à Ouagadougou ? « L’accord qui a été obtenu est un accord préliminaire et ça a son sens », a souligné Younoussi Touré, avant de développer : « l’accord préliminaire est un accord qui permet d’aller à une étape supérieure et cette étape supérieure, c’est l’organisation d’élections. Et après, des négociations plus approfondies seront engagées entre les parties pour trouver tous les éléments nécessaires à même de ressouder la nation malienne. C’est un accord préliminaire qui atteint, de mon point de vue et du point de vue de mon parti, ses objectifs ».

 

 

Pour se faire comprendre, le président Traoré ratisse large. Hier, aujourd’hui et demain, il discute avec Ibrahima Ndiaye de l’Adema, Younoussi Touré de l’Urd, Hamed Diane Séméga du PDES, Ibrahim Boubacar Keita du Rpm, Choguel Kokala Maïga du MPR, Mountaga Tall du CNID, Tiéblé Dramé du PARENA, Tiéman Hubert Coulibaly de l’UDD et Kassa Traoré du MIRIA. Dimanche, il a rendez-vous avec Boubacar Diarra de l’Um-Rda et Oumar Hammadoun Dicko du PSP.

 

 

Les audiences se poursuivent lundi avec Moussa Mara de Yéléma, Jeamille Bittar de l’UMAM, Youssouf Traoré de l’UFDP, Younouss Hameye Dicko du RDS, Abdoul Ba du PDJ, Daba Diawara du PIDS, Soumana Sako du CNAS-Faso hère, Sékou Keita du FARE An Kawuli, Tamba Dantioko du MDD, Mamadou Sangaré de la CDS, Cheick Oumar Sissoko du Sadi et Abdoulaye Amadou Sy du MPlus Ramata.

 

 

Le lendemain, mardi, Dioncounda Traoré recevra Chaka Diarra  de l’UFD, Ousmane Ben Fana Traoré du PCR, Cheick Bougadary Traoré du CARE, Cheick Modibo Diarra du RdPM et Modibo Soumaré de l’URP.

 

 

La boucle sera bouclée mercredi par des discussions avec Koniba Sidibé du MODEC, Oumar Ibrahim Touré de l’APR, Hamed Sow du RTD, Amadou Koita du PS, Mme Touré Safiatou Traoré du Synouma et Soumeylou Boubèye Maiga de l’ASMA-Cfp.

 

 

Avec toutes ces personnalités, il sera donc question des négociations qui avaient débuté dans un climat de grande méfiance à Ouagadougou sous l’égide du médiateur Blaise Compaoré, lui même, assisté d’un parterre de diplomates. Il faut rappeler que le 6 juin, à la veille même de l’ouverture des discussions, l’armée malienne s’était ébranlée en direction de Kidal et s’était emparée d’Anéfif sans grande résistance. Le statut-quo n’était plus de mise. Il faut dire qu’il avait déjà été mis à mal quelques jours auparavant lorsque le MNLA avait déclenché une chasse au faciès à Kidal.

 

 

Dans la foulée, l’émissaire du président de la République, l’ancien ministre Tiébilé Dramé demande et obtient que deux autres groupes armés du Nord – la Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance (CMFPR) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) – participent aux négociations. L’armée n’est plus très loin de Kidal. Les négociations qui avaient été suspendues pour de profondes divergences entre les parties pouvaient démarrer avec trois jours de retard.  Les points de friction ne tarderont pas émerger : Bamako veut un désarmement du MNLA dès l’entrée de ses troupes à Kidal. Les rebelles touaregs, eux, exigent la suspension des poursuites judicaires contre de certains de leurs membres.

 

 

Face au blocage, le chef de la diplomatie burkinabè, Djibril Bassolé, débarque à Bamako (le 12 juin), accompagné des représentants de la communauté internationale. A Koulouba, Dioncounda Traoré réitère la position du gouvernement sur le désarmement, la justice, etc.

 

 

UN CESSEZ-LE-FEU IMMEDIAT. La médiation prend note et, de retour à Ouagadougou, produit une version corrigée de l’accord sur laquelle la délégation malienne demande à nouveau des modifications. Après d’ultimes tractations, le gouvernement dépêche à Ouagadougou le ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire, pour y signer l’accord.

 

 

Cet accord contient deux parties : la première doit gérer l’urgence et permettre la tenue de l’élection présidentielle y compris à Kidal dans un environnement sécuritaire stable le 28 juillet prochain.

 

 

Pour y arriver, il est prévu qu’une commission mixte, comprenant quatre membres de l’armée et quatre des groupes du Nord, se mette immédiatement au travail pour définir les conditions et le calendrier d’un retour de l’armée et de l’administration dès la signature de l’accord. Les Nations unies, l’armée française et la Minusma sont également représentées dans cette commission. Leur rôle : encadrer le processus sécuritaire qui s’engage pour éviter toute reprise des hostilités.

 

 

Le document exige des deux parties un cessez-le-feu immédiat, un cantonnement des combattants du Nord et un redéploiement en parallèle des forces de sécurité du Mali et de membres de l’administration capables d’organiser le scrutin présidentiel.

 

 

La seconde phase n’interviendra que deux mois après l’élection d’un nouveau président. Sous la houlette de la Commission dialogue et réconciliation, c’est cette fois un dialogue inclusif qui s’ouvrira englobant toutes les communautés du Septentrion.

 

 

A. M. CISSE

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