C’était le samedi 14 mars dernier, sous la présidence de Dr Choguel Maïga, ministre de l’Economie Numérique, de l’Information et de la Communication, porte parole du gouvernement.
Pour l’occasion, le parti du tigre a ouvert le micro à deux éminents littéraires, Prof. Issiaka Singaré et Prof. Oumar Kanouté.
A l’entame de cette conférence de cadres sur fond d’échanges sur le document de l’accord d’Alger, le président du MPR, non moins ministre Porte parole du gouvernement, Dr Choguel Kokalla Maïga a tenu à planter le décor en ces termes : « le MPR en tant que parti membre de la mouvance présidentielle doit se mettre en pointe sur la réflexion et l’explication de cet accord, paraphé par les plus hautes autorités du Mali, et qui continue de susciter beaucoup d’intérêts et de débats. C’est pourquoi des missions d’explication des membres du gouvernement sont actuellement à l’intérieur du pays. Il est un devoir pour chacune des composantes de la majorité présidentielle de prendre des initiatives en ce sens ». Car selon lui, ce sont les cadres politiques, après avoir analysé la portée, la signification et les contradictions de ce document peuvent porter loin le message. C’est donc fort de cette réalité, à l’en croire, que le MPR a pris cette initiative, afin de mettre tous ses cadres au même niveau d’information, pour que ceux-ci à leur tour s’attèlent au même exercice à leur base (sections, sous sections, quartiers, grins et familles). « Le gouvernement Modibo Kéita s’est engagé à privilégier la pédagogie de communication dans toutes ses actions », note Dr Choguel.K. Maïga.
Touchant du doigt au thème de cette conférence de cadres, le président du MPR, dans un langage empreint de franchise, dira que cet accord n’est que le résultat des négociations librement enclenchées. Or : « Qui parle de négociations, parle de compromis. Et dans ces négociations l’objectif principal de notre pays était de nous permettre d’acquérir l’entièreté de notre territoire et rendre possible le vivre ensemble sur l’ensemble du territoire national. Par rapport à l’existence du mot Azawad dans le document, devenue l’argumentaire principal de certaines personnes pour formuler leur désapprobation vis à vis du document de cet accord, le tigre en chef, dira que pourtant ce mot était dans tous les accords précédents. D’ailleurs que dans cet accord, la précision a été apportée qu’il fera l’objet de discussion au niveau national. « On ne peut pas mettre en cause tout un document à cause d’un seul mot. Quand il ne s’agit ni de fédéralisme, d’indépendance ou d’autonomie » s’est insurgé le ministre de l’Economie Numérique, de l’Information et de la Communication, Dr Choguel Kokalla Maïga. Avant d’inviter les uns et les autres à bien assimiler l’expertise des conférenciers du jour. A savoir, Prof. Issiaka Singaré et Prof. Oumar Kanouté, lesquels, à l’en croire, ont participé à tous les processus des accords précédents, signés entre le Mali et les groupes armés du nord.
Après les propos liminaires du président du parti du Tigre débout, c’est Drissa Traoré en sa qualité de vice-président du BEC qui a ouvert cette conférence des cadres du MPR par une allocution. Au cours de laquelle, il a tenu à remercier tous les responsables, militants et sympathisants du MPR qui ont honoré cette activité par leur présence massive. A ses dires, cette conférence vise à édifier les indécis et convaincre les septiques sur la portée de l’accord d’Alger du 1er mars. «Il est indispensable pour vous, responsables politiques qui seront tout de suite édifiés, de s’approprier de ce document, s’imprégner de son contenu afin d’être suffisamment à l’aise dans sa présentation et son interprétation au niveau de vos bases » a instruit Drissa Traoré. Avant d’adresser, au nom du président du parti et de l’ensemble des membres du BEC, les chaleureuses félicitations du MPR, à l’équipe de médiation malienne, qui selon lui, a accompli avec brio sa part de mission. « En effet, avec habilité et clairvoyance elle a réussi à préserver l’essentiel. En aucun moment la ligne rouge tracée par le Président de la République n’a été transgressée. Nulle part, l’unité, l’intégrité territoriale et la forme républicaine du Mali n’ont été affectées » a indiqué, ‘’Bougouni Drissa’’. Qui dira que l’atteinte des objectifs, à savoir la paix et la réconciliation, est liée désormais à l’acceptation de l’accord par toutes les parties, afin que sa mise en œuvre correcte et diligente soit effective. Que cette part de mission incombe aux cadres politiques.
Une avancée vers la paix !
A sa suite, la conférence proprement dite a débuté par la communication du Prof Issiaka Singaré. Lequel de prime abord, indiquera que le MPR a suivi avec beaucoup d’intérêts les différents processus de ces pourparlers inter-maliens. Toute chose qui lui a permis à chaque étape du processus de formuler ses observations, critiques et suggestions sur les différents documents. A cet effet, Prof, Singaré dira que le comité de réflexion institué au sein du MPR, se réjoui du fait que nombreuses de ses appréhensions ont été prises en compte dans le document final. C’est pourquoi, il estime que ce document issu du cinquième round des négociations laisse entrevoir une énorme avancée. « Certes, tout ne donne pas satisfaction dans ce texte, mais force est de reconnaitre que l’essentiel a été préservé », indique Prof. Singaré. A l’en croire, rien ne prouve qu’il s’agit d’un document imposé par l’Algérie, contrairement à ce que certains continuent à le faire croire.
Dans une démarche scientifique, le conférencier concentrera sa communication sur les points, qui font l’objet de diverses interprétations. Notamment, l’Azawad, la création de zone de développement spécifique, le processus de recherche de financement des projets… A ces chapitres, Prof. Singaré a été on ne peut plus clair. Selon lui, le nom Azawad dans le document ne doit pas faire peur. Car, à l’en croire cela a été toujours le cas. Comme anecdote, il rappellera que le mot Azawad était dans un document de 1924 du gouverneur de Tombouctou. Mais cette fois-ci la tâche a été rendue facile, car il n’est dit nulle part qu’il s’agisse d’une entité étatique ou autre. Toute chose qui amènera l’ensemble des Maliens à donner un sens universel définitif à ce terme à travers une conférence nationale, comme prévue dans le document de l’accord. Par rapport à la disposition qui consacre la création d’une zone de développement spécifique, Prof. Singaré dira qu’il ne s’agit aucunement d’une mesure discriminatoire à l’encontre d’autres régions du pays. Selon lui ce qui est valable pour une zone l’est aussi pour toutes les régions du pays. A titre d’exemples, il est revenu sur des cas de mesures similaires aux Etats-Unis sous Roosevelt et en Russie.
Un document qui préserve l’essentiel !
En somme, Prof. Issiaka Singaré indiquera que quand on vient aux négociations c’est toujours avec une stratégie et un objectif. Que challenge fut relevé par les autorités maliennes qui ont fait de la relance de la décentralisation leur stratégie et la préservation de l’intégrité territoriale du Mali, leur objectif.
Dans la même foulée, Professeur Oumar Kanouté n’a pas fait langue de bois par rapport aux acquis issus de ces pourparlers. N’empêche, il dira qu’un travail complémentaire mérite d’être mené, à savoir le processus d’explication sur les sujets de polémique. Dans cette démarche, il expliquera que tout accord de paix ne peut être qu’un compromis, qui nécessite des concessions de part et d’autre. C’est pourquoi dans un langage clair il précisera que personne ne peut dire qu’il est totalement satisfait de ce texte là. « Le gouvernement a dit qu’il s’agit d’un texte équilibré » a-t-il rappelé, tout en expliquant que cela sous entend que chacune des parties aux négociations a des motifs de satisfaction et d’insatisfaction. « Il ne peut pas y avoir totalement de satisfaction pour une seule partie, sinon il y aurait déséquilibre », a-t-il laissé entendre. Par la suite, durant sa longue communication, Prof. Kanouté est revenu de long en large sur ce qui doit être la conduite à tenir par tous les Maliens. A savoir, s’approprier du document et soutenir le gouvernement pour sa signature définitive. Sinon se fier aux dispositions de l’article 65 du texte, qui donne pouvoir au comité de suivi de trancher les dissensions. En outre, à l’en croire, par rapport aux interprétations négatives, l’article 1er, alinéa A du document résout tout le problème. En ce sens qu’il exige aux parties : « le respect de l’unité nationale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Etat du Mali, ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc ».
Moustapha Diawara