Sur les quinze députés que le PDES compte dans ses rangs, plus d’une dizaine feraient actuellement des pieds et des mains pour que la formation politique, qui se réclame héritière du président de la République, s’allie à l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti Africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) afin de soutenir son candidat à la présidentielle du 29 avril 2012. De sources concordantes, avec la décision de ne positionner de candidat pour la conquête du Palais de Koulouba, le PDES a mis en place une commission d’alliance qui pourrait se plier à la tendance de plusieurs députés du parti en faveur de la ruche.
Le président de la République, Amadou Toumani Touré, aura beau affiché ses intentions d’être neutre par rapport aux candidats (déclarés) à la présidentielle du 29 avril prochain, apartir du moment où une formation politique du sérail, en l’occurrence le parti pour le développement économique et la solidarité (PDES) se réclame de lui au point de faire de son épouse la marraine, ATT était contraint d’exiger de ses"poulains" pdéessiens d’être absents de cette course qu’il organise. On comprendrait mal, en effet qu’il puisse, prétendre à une quelconque équidistance vis-à-vis des prétendants à sa succession si l’un des "ATTboys " du PDES devrait être candidat au scrutin présidentiel du 29 avril prochain.
Ainsi, le locataire du Palais de Koulouba a eu à appeler ses héritiers en pleine querelle de leadership à la veille de la convention nationale de leur parti pour leur demander de surseoir aux débats concernant la candidature de cette jeune formation politique pour Koulouba 2012. ATT a dû prêcher le langage de vérité à ses amis : s’effacer de la compétition présidentielle et concentrer les forces sur lé référendum et bien préparer les législatives.
Cette position s’imposait à ATT qui aurait souhaité par ailleurs ne pas voir ses héritiers du PDES disputer sa succession aux partis comme l’ADEMA, l’URD, le RPM, le CNID dont l’accompagnement ne lui a jamais fait défaut durant ses dix ans passés à la tête du pays. Une manière bien minimaliste pour le soldat de la démocratie de faire comprendre que ses héritiers ne doivent pas concurrencer ces partis qui l’ont loyalement soutenu pendant ses deux mandats au sommet du Mali.
Seulement, le président Amadou Toumani Touré ne pouvait aller plus loin dans sa logique en donnant quelque consigne à ses amis du PDES. Ce qui a eu l’avantage de laisser une modeste marge de manœuvre à Ahmed Diané Séméga et ses amis. En un temps record, le Comité directeur national du parti a décidé de mettre sur pied " une Commission chargée de réfléchir à une alliance politique avec une ou plusieurs formations politiques dans la perspective des prochaines élections générales ". Il nous est revenu que cette Commission devrait étudier les chances réelles de succès de différentes formations politiques et de leurs candidats déclarés à la présidentielle afin de proposer le bon choix pour une alliance porteuse et dans l’intérêt des deux partis.
A peine cette commission (dont font partie certains députés) installée, l’on a noté avec bien d’appréhensions la récente sortie de l’honorable 4ème vice-président du PDES, Hamadaou Sylla, aux côtés du candidat de l’ADEMA, Pr Dioncounda Traoré (président de l’Assemblée nationale), à Banamba.
En effet, à la tribune de la conférence régionale des sections ADEMA de Koulikoro tenue à Banamba, le 4ème vice-président du PDES, non moins 3ème vice-président de l’Assemblée nationale, Hamadaou Sylla, avait remarquablement souligné les qualités de "rassembleur et d’homme de consensus " du candidat investi par le parti de l’abeille. Il n’avait pas manqué de laisser entendre qu’il n’y a plus aucune divergence de vue entre son parti et les autres dont le PASJ. C’est dans ce sens qu’il a décrété la fin définitive du contentieux postélectoral entre le PDES et d’autres partis dont l’ADEMA à Banamba issu des communales de 2009.
A travers cette intervention qui a vanté les mérites du candidat soutenu par l’alliance pour le renouveau politique (ARP), plusieurs observateurs ont déduit que l’honorable Sylla, dans son fief de Banamba, donnait des indices clairs des conclusions auxquelles son parti doit arriver quant à une alliance électorale ou politique avec le parti de l’abeille.
Pour un haut cadre du parti présidentiel qui a requis l’anonymat, "le PDES a beaucoup de choses en commun avec l’ADEMA. Si nous devons choisir de nous allier à un parti entre les formations politiques de la place, je crois que l’ADEMA est en ligne de mire ". Et ce vice-président du PDES d’expliquer que le président du parti de l’abeille (aujourd’hui candidat) était lui-même à la tête d’une forte délégation de son parti à rendre récemment une visite d’échanges au siège du PDES.
A cela, il faut ajouter le fait que le 4ème vice-président du PDES et le président du groupe parlementaire de ce parti, l’honorable Ousmane Bah, sont réputés aujourd’hui très proches du président de l’Assemblée nationale, Pr Dioncounda Traoré. C’est l’honorable Hamadaou Sylla qui a, d’ailleurs (comme cela arrive souvent), représenté le président de l’Hémicycle à l’ouverture du Forum que l’Assemblée nationale organise actuellement à Kayes.
En outre, faut-il rappeler que le PDES et l’ADEMA ont été les deux formations politiques dont les leaders respectifs ont clairement déclaré dans la presse que l’ex-Premier ministre, Modibo Sidibé n’est pas un des leurs et ne saurait être leur candidat. En cela, ces deux partis se sont rapprochés pour avoir identifié un adversaire commun susceptible de leur faire ombrage.
Comme on le voit, le PDES serait, à bien des égards, une quasi-roue de secours de l’ADEMA-PASJ et pourrait faire tomber ce masque afin de soutenir, à visage découvert, le parti de l’abeille dans la course pour la magistrature suprême du pays. Sans entacher la neutralité d’ATT, pour peu que les élections se tiennent à bonne date, avec le septentrion du pays plus qu’agité.
Bruno D SEGBEDJI
Depuis Kayes