Lors des séries de consultations avec les différentes couches sociales à Koulouba, alors que le curseur était monté d’un crans, suite à l’ultimatum de la plateforme ‘’Touche pas à ma Constitution’’ lequel l’intimait de retirer carrément son projet taillé sur mesure avant le vendredi 18 août 2017dans un pays où les 2/3 du territoire sont occupés, IBK a répondu qu’il reste là par la volonté du peuple, et qu’il n’était donc pas le président auquel on adresse un ultimatum.
Depuis 2012, le Mali vit la pire des crises de son histoire. Le contexte est délétère et la conjoncture nationale est périlleuse marquée sur l’ensemble du pays, par des conflits inter et intracommunautaires, en plus d’une situation socio-économique difficile qui enfoncent chaque jour davantage le pays dans le chaos. C’est dans ce contexte alarmant que le Président IBK a voulu faire passer par référendum une constitution taillée sur mesure pour faire main basse sur le pouvoir et partant sur les prochains scrutins de 2018. Malgré les réserves de la majorité du peuple sur le dit texte, il a voulu s’abriter derrière un arrêt d’une cour constitutionnelle dévouée à sa cause. Ce qu’il n’a pas mesuré c’est la détermination du peuple à rejeter tout arrêt qui lui empêchera de débattre de la légitimité de la dite révision constitutionnelle.
Toutes les facettes de la dite révision n’étaient pas connues totalement par le peuple. C’est lorsque la preuve a été établie de l’existence de deux versions du même projet, l’une a effectivement fait l’objet de consultations et la seconde nullement, qu’il y a eu une cacophonie dans le processus d’examen à l’Assemblée Nationale. Mais quelles ont été les vraies raisons d’une révolte populaire contre le projet de texte constitutionnel ? Il y a plusieurs raisons à savoir le fait que :
- Le contenu du domaine de la loi est laissé au bon vouloir du gouvernement et du parlement.
- Toutefois, le gouvernement, le Président de l’Assemblé Nationale ou le Président du Sénat peuvent décider de saisir les deux chambres de tout projet ou de toute proposition de loi d’intérêt national.
- La transformation généralisée de tout projet de loi en ordonnance décrétée par le gouvernement
- Lorsque le parlement ne s’est pas prononcé dans un délai de soixante-dix jours, les dispositions du projet peuvent être mises en vigueur par ordonnance après avis de la cour constitutionnelle. Les délais prévus au présent article sont suspendus lorsque le Parlement n’est pas en session.
- L’adoption du budget d’Etat sans aucun débat ni vote parlementaire.
- L’engagement de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée Nationale sur le vote d’un projet de loi de finances. Dans ce cas, ce projet est considéré comme adopté.
- L’engagement de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée Nationale sur le vote d’un texte
- Le changement de formulation de la même matière législative entre la liste énumérative et les attributions faites au parlement et à l’Assemblée Nationale.
- La création d’une nouvelle catégorie de loi « portant organisation du référendum ».
- Le silence assourdissant de la constitution sur la représentation assurée par le sénat.
En somme les modifications proposées dans la loi de révision constitutionnelle contiennent de nombreuses carences juridiques qui mettent en cause la crédibilité même de l’opération référendaire en la transformant en un hold up institutionnel anti- républicaine.
D’autres catégories de la société civile se sont mises dans l’intermédiation. Ce sont les religieux et les familles fondatrices de Bamako. Elles ont mesuré la portée de la tension créée par le manque d’évaluation de la situation sécuritaire par IBK dans laquelle le Mali est plongé depuis 2012. Elles ont également anticipée sur la possibilité d’une future guerre civile à cause de l’entêtement d’un président qui n’a presque rien apporté de positif au Mali au cours de ses 4 ans de mandat. IBK acculé jusqu’à bout a fini de déclarer qu’il renonçait à nommer le tiers des sénateurs et le président de la cour constitutionnelle. Cela n’a pas suffi pour atténuer la colère de la plateforme ‘’Touche pas à ma Constitution’’, IBK devrait sans délai retirer son projet. L’engagement des partis de l’opposition et de la société civile a eu raison du projet d’IBK finalement.
Lors de l’audience du 12 août 2017, les familles fondatrices de Bamako, ont demandé simplement le retrait de ce texte qui est entrain d’empoisonner le climat social au Mali. Les leaders religieux sont allés dans le même sens que les familles fondatrices de Bamako. En définitive ils ont coupé toute retraite à IBK qui n’avait plus de chemins par où passé. Alors il n’avait d’autre choix que de laisser tomber son affaire malgré lui-même au risque de voir le peuple tout entier se dresser contre lui et sa gouvernance. Cette révision constitutionnelle a prouvé que les ministres maliens n’ont pas l’amour de leur pays pour plusieurs raisons.
- D’abord, ils ont trahi le peuple en donnant leur quitus au texte référendaire sachant bien qu’il ne devrait pas être examiné en une seule séance de trois heures lors d’un conseil extraordinaire des ministres.
- Ensuite, ils ont songé à protéger leurs postes plutôt que l’intérêt du peuple. Sans exception ils ont tous mené la campagne du oui. Ce qui nous a surpris, c’est bien le cas des ministres Bathily, ceux de l’ADEMA, Me TAPO, le Ministre de la justice, Soumeylou Boubèye MAIGA, etc…Certains ont même fait le griot, tel que Baber GANO, Amadou KOITA et
- Les membres du gouvernement ont montré au peuple qu’il ne faudra pas compter sur eux pour sauver le Mali, car ils sont devenus des béni-oui-oui.
Le forcing pour vouloir faire passer le projet a démontré aux maliens que le problème du Mali, c’est bien IBK et personne d’autre. Le voleur de poussin, c’est bien IBK, car le poussin a fait pion ! pion ! sous son manteau. Le retrait définitif de cette constitution même si IBK continue à dire le contraire est le troisième du genre en 25 ans de démocratie. Cela signifie que le sang des martyrs a l’œil sur la constitution de 1992. Gare à celui qui va la tripatouiller encore.
Badou S KOBA