A situation nouvelle, une nouvelle légalité de la transition: L’état d’urgence vu comme une reponse immunitaire

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La mémoire de l’histoire se retrouve dans pareilles injonctions. À travers cet état d’urgence, le gouvernement vient nous rappeler une priorisation, une démarche qui veut dire : chacun a une dette envers le Mali.

Il faut apprendre à se méfier de cette tyrannique des émotions. Ici, il ne s’agit pas, à proprement parler, de pouvoirs exceptionnels. Le Président Traoré est limité dans ses prérogatives dans l’intérim. Ici, seul l’Article 72 de la Constitution joue, et n’oublions pas qu’il ya une loi d’habilitation qui court. Enfin, cet état d’urgence ne nous prive pas des droits fondamentaux, mais les autorités peuvent prendre certaines mesures restrictives. Le week-end dernier à la télé, nous avons entendu les explications fournies par M. Samaké, le directeur de la nouvelle ENA, sur ce que nous disent nos lois sur l’état d’urgence. Rappelons que l’homme fut aussi un temps le Secrétaire général du gouvernement. Des exemples, il en donne et répond à des questions qu’il se pose lui-même sans qu’on y trouve matière à plaisanter. Sur le sujet du jour cependant, temps qui passe, mémoire déjà floue ? Si nous regardons les carnets internes de nos libertés publiques, on y verra au passage cette période allant du 20 juillet 1960 (date de l’éclatement de la Fédération du Mali) jusqu’aux premières heures de l’indépendance du pays (22 septembre 1960 et jours suivants). L’état d’urgence et l’état de siège furent décrétés, et on ne sait pas quand ces mesures furent rapportées. Une « obsession intégrationniste » tenait les dirigeants de l’époque. On aura un autre remake de cette disposition règlementaire en 1990, dans des régions nommément ciblées (6è et 7è régions) où un certain Iyad Ag Ghaly se fit connaître.

Suspendre totalement ou partiellement la légalité ? Les Constitutions le prévoient

Nous avons aujourd’hui l’état d’urgence car notre démocratie a été nécrosée par une querelle et elle se retrouve invalidée dans les faits liés à la guerre du Nord. Où est l’hypocrisie ? Détachée des rapports de force qui se passent, la fiction d’une démocratie qui marchen’est pas tenable. Aujourd’hui, écoliers, marchands, pêcheurs, forestiers, soldats ou agriculteurs doivent marcher ensemble, pour montrer des Maliens rassemblés comme sur « la main de Fatma ». Notre République actuelle est contestée au Nord par des bandes rebelles disant que nous étions dans une République artificiellement unifiée, au forceps.Cependant, leur contestation s’est trompée en prenant la forme ou en accueillant le terrorisme. La décision du décret d’urgence de sonner la mobilisation générale ne peut être rediscutée, repolitisée, surtout si l’on pense à la notion de péril immédiat. Mieux vaudra pour nous digérer ces petits désaccords plutôt que de voir les « barbus » venir un jour ici mettre tout le monde d’accord sous une bannière non tricolore, avec un sabre au milieu. Cette décision apparait enfin salutaire si l’on pouvait résister à la critique facile face aux urgences de l’heure. On vous a dit peut-être que le droit était apolitique. Soit. Mais sacraliser de ce fait l’état de droit, c’est arriver aussi à transformer la politique en police et rendre illégitimes tous les autres désaccords. Ce qui ne va pas sans danger. Si on apporte notre concours, c’est parce qu’on veut, jusqu’aux pires adversaires de notre République, qu’ils comprennent ce mouvement de consensus comme une réponse définitive face aux nécessités du drame national que nous vivons depuis cet autre 17 janvier 2012. Voici donc une formidable défense immunitaire de notre vouloirvivre en commun afin que quiconque n’agisse plus de sa propre initiative, comme un… rebelle.

S.Koné

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