A seize mois du 8 juin 2012 :ATT partira ? Partira pas ?

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Dans sa parution N° 2994 du 29 novembre 2010, INFO MATIN rapportait une interview qu’a accordée le président Amadou Toumani Touré à trois organes de presse mauritanienne.

 

De cet entretien avec la presse étrangère, il ressort en substance que le président de la République n’aura pas à redire sur une quelconque volonté des Maliens, si ces derniers décident souverainement de procéder à un référendum pour changer n’importe quel article de la Constitution.

– Y compris l’article 30 ? répliquent les hommes de presse.

 

– Y compris l’article 30, répond le président de la République ; qui poursuit : les Maliens peuvent le faire. La clé, c’était de dire, aucun article ne change que par référendum. Ce qui a permis de limiter les velléités.

 

– En vous écoutant parlez de cet article 30, peut-on penser que vous préparez vos compatriotes à le changer ?

– … Je ne vois pas qu’est-ce qui fait que je prépare les Maliens à quoi que ce soit. Dans tous les cas, ma voix n’est qu’une seule. C’est le Mali qui décide et je suivrai la voie qu’il dit de prendre.

 

Bien dit ; l’opinion se rappelle que cela a également conduit certains intellectuels de notre pays à soutenir que la limitation du mandat présidentiel est anti-démocratique.     

                              

Il est évident, que d’une élection libre, transparente et crédible, quoi que difficile à réaliser, toute volonté de la majorité du peuple est frappée de l’empreinte de la démocratie.         

 

Il est également évident, que l’opportunité d’une révision constitutionnelle relève des prérogatives présidentielles.

 

Il est tout aussi évident que les dispositions devant faire l’objet d’une relecture, ainsi que les projets de reformulations sont des initiatives présidentielles.

C’est à ce niveau que se situe ce nœud cornélien, qui a fait  reculer le président Alpha Oumar Konaré ; l’article 118 de la Constitution précise que : « … Le projet ou la proposition de révision doit être voté par l’Assemblée nationale à la majorité des deux tiers de ses membres… » Comment franchir ce pas, dans la mesure où un possible désaveu du Parlement n’est pas à écarter, tout comme ce désaveu pourrait venir d’une population actuellement désillusionnée, mais à la limite très remontée.

 

Dans une autre parution N°3026 du 1er février 2011, INFO MATIN rapporte une autre interview accordée, aux journalistes de «Les Afriques», par le président de la République, qui annonce ceci : «Je ne soutiendrai aucun candidat. Je me contenterai de tout faire pour organiser des élections libres, transparentes et crédibles. Tous les candidats pressentis ont plus ou moins des rapports personnels avec moi.

Le plus important pour moi, et là c’est le soldat qui parle, c’est qu’à la fin de ma mission, je souhaite au Mali d’avoir un très bon président, pondéré, ouvert, disponible, travailleur et, surtout, profondément enraciné dans nos valeurs de culture. Quel que soit celui qui sera élu, il n’y a pas de problème pour moi. J’attendrai de connaître toutes les candidatures pour savoir pour qui je vais voter».

 

A la lecture de ces deux points de vue divergents que nous rapporte le quotidien « INFO-MATIN», des Maliens ont-ils des raisons légitimes de porter des doutes sur les dires du président de la République ?

 

Certains disent avoir à l’esprit comme si c’était tout juste hier, cette phrase lancée par le président de la République, comme une insulte à la face des candidats à l’élection présidentielle : «Seul un fou ou un idiot chercherait à être président du Mali». Nous étions en 1992 ; mais qu’est-ce qui a pu se passer entre 1992 et 2002 pour que le général Amadou Toumani Touré se lance à la conquête du pouvoir.

On nous dira qu’en 2002, ce sont des hommes et des femmes regroupées au sein d’un rassemblement appelé "Mouvement Citoyen", qui ont, depuis Sikasso, lancé un appel au général Amadou Toumani Touré afin qu’il soit candidat.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette fois-ci, ce sont des femmes de divers horizons qui demanderont au président Amadou Toumani Touré de se présenter à sa propre succession en 2007 ; elles s’obligeront même à payer la caution de dix millions de francs CFA à la place de leur candidat. Comme il n’y a jamais deux sans trois, attendons de voir.

 

Cependant, il faut reconnaître qu’instaurer actuellement un débat sur une révision de l’article 30 de la Constitution, ou cet autre qui concerne une éventuelle harmonisation des différents mandats électifs, pourrait être compliqué à cause du facteur temps.

 

Mieux, la question mérite d’être posée ailleurs, si l’on tient compte du simple fait que le président Amadou Toumani Touré a toujours été invité à se présenter. Il ne fait aucun doute qu’il ne peut pas se permettre de donner, à seize (16) mois  de la fin de son second et dernier mandat, des réponses autres que ce qu’il a avancé. Surtout que toute réponse contrairement n’est et ne saurait être qu’une violation de la Constitution.

Cependant les Maliens doivent se convaincre, surtout les prétendants à l’élection présidentielle de 2012, que le pouvoir ne se donne pas comme un témoin dans une course de relais ; d’où le terme consacré de «la conquête du pouvoir». Bien naïf celui qui fait fi de cette vérité. Si dans une très grande majorité, les partis politiques ont, simplement, refusé la compétition à la fin du premier mandat du président Touré, ils se rendront à l’évidence que l’affrontement, qu’ils ont esquivé en 2007, aura bel et bien lieu en 2012.

 

En politique, aussi bien que dans tout autre domaine, le manque de courage se paye cash. Le président du Rassemblement Pour le Mali (RPM), Ibrahim Boubacar KEITA, ne le démentira pas, lui qui n’a jamais été si près de la consécration qu’en 2002. Hélas, sans prophétie, cette opportunité ne lui sourira plus jamais.

Safounè KOUMBA

 

 

L’INTER DE BAMAKO 

Son Excellence Monsieur le Président de la République

Objet : Demande d’interview

 

Dans le cadre de la célébration du 20è anniversaire des évènements de Mars 1991 dont vous avez été l’acteur clé en parachevant l’œuvre du peuple malien par un coup d’Etat le 26- Mars, point de départ de l’avènement de la démocratie dans notre pays, la rédaction du journal L’Inter de Bamako souhaiterait que votre Excellence lui accorde une interview sur les questions relatives aux acquis, faiblesses de la démocratie malienne, la réconciliation nationale, l’élection présidentielle de 2012, les réformes institutionnelles ainsi que sur toute autre question que votre Excellence voudrait aborder.

Il reste entendu que nous nous accommoderons du lieu et de la date que vous aurez choisi pour cette interview.

Veuillez agréer, Son Excellence, l’assurance de nos sentiments respectueux.

La directrice de la publication

 

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