8 Juin 2002-8 Juin 2011 : 9 années de galère pour le panier de la ménagère

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Le père de la démocratie Malienne, le Président Amadou Toumani Touré célébrera le 9ème anniversaire de son investiture à la tête de la Nation Malienne demain, 8 Juin 2011. Tout au long de son parcours, l’homme s’est toujours montré attentif, disponible, ambitieux et distingué.  Au-delà de toute réalité quotidienne, ces 9 ans de gouvernance ont-ils permis au Président Général Parachutiste de réaliser toutes ses promesses ?

Par son contact permanent avec  le peuple Malien, de son ouverture à l’innovation, à la mondialisation, le président ATT restera certainement dans les anales du Maliba. Pour autant, il est un Président très difficile à définir en matière politique. Surtout lorsqu’on jette un regard rétrospectif sur ses 9 ans de règne. Tout au long de ce parcours, ATT a certes donné une nouvelle image au Mali, mais il n’en demeure pas moins que son échec demeure cuisant dans certains secteurs comme : la corruption, l’éducation et le bien être des maliens.

Un parcours ambitieux :
Depuis son arrivée au pouvoir en Juin 2002, le Mali a connu un essor dans le processus de développement. Avec le Programme de développement économique et social (PDES), de nombreux chantiers ont été élaborés. L’accent a été mis sur la production et l’investissement qui font la richesse de tout pays. Au delà des infrastructures, les ambitions du Président ATT ont connu des fortunes diverses.

Sur le plan éducatif, des progrès ont été réalisés, même si l’éducation reste le tendon d’Achille de son parcours, tout comme son prédécesseur. De nos jours, la scolarisation a atteint près de 90% de la population juvénile. De nombreuses infrastructures scolaires ont été réalisées ou sont en cours (Université de Ségou), d’autres rénovées. De ce fait, le secteur privé a été encouragé à investir dans le secteur public. Ainsi le chiffre de l’analphabétisme a largement chuté de 8% en milieu juvénile. Malgré tous ces efforts certes salutaires, l’arbre ne doit cependant pas caché la forêt. L’école n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le niveau des élèves et des enseignants baissent de jours en jours dans l’indifférence totale. Pour ne rien arranger, les enseignants ont emboité les pas des élèves dans la rue. Que de grèves à répétition ! Résultat, des années académiques de 3 à 4 mois sont
devenues la règle. Le forum annoncé comme le remède miraculeux, tarde à faire ses effets. Bref, du cafouillage à tous les niveaux.

En politique :
Tout comme son prédécesseur, Alpha Omar Konaré, ATT n’a pas su répondre aux vraies préoccupations des Maliens. Le slogan du parti d’ATT, « Un Mali qui gagne »  ne dit pas ce que les maliens gagnent réellement. La corruption a été officieusement instituée. Cette seule situation périlleuse a compromis la démocratie Malienne à un échec cuisant sur le plan national. Parce que nos politiques, ne savent pas changer de comportement, même s’ils le clament souvent avant d’être dans les fauteuils dorés, ils ne tardent point à décevoir le peuple. Ces politiques demeurent inflexibles en matière de corruption qui mitigent jours après jours l’image de notre démocratie jugée crédible, mais particulièrement illusoire, par le simple fait que les lois demeurent une impasse dans beaucoup de situations. A cause de cette mauvaise manœuvre découlant du comportement de la classe politique, ATT est loin du Président démocrate en pratique.

Avec le multipartisme, les partis ont envahi la scène politique Malienne sans être efficace.

Le consensus politique instauré par ATT autour de la gestion du pays, constitue un recul pour notre démocratie. Connaissant les faiblesses du politique malien, il a pris goût à les instrumentaliser pour parvenir à ses fins. Y a-t-il une démocratie crédible sans une opposition forte ? Telle est la question sur la quelle ATT doit méditer.

Trois handicaps : la corruption, le chômage et la pauvreté.

Avec le régime d’ATT, faut-il le dire, la corruption a atteint un degré effroyable au Mali, presque difficile à combattre. Ainsi, depuis belle lurette, toutes nos institutions représentatives sont corrompues. Cela est vecteur des deux autres handicaps dont souffrent les Maliens. En réalité, si ATT ne se ressaisit pas pour réaliser au finish de son dernier mandat ses dernières promesses au peuple Malien, il va laisser à son prédécesseur un pays très difficile à gérer. La corruption, le chômage et la pauvreté qu’il a promis de combattre depuis 2002 continuent de gravir des échelons imprévisibles. Avec ce fléau mille fois périlleux que le paludisme et le sida, il devient incontestable que le Mali siègera toujours au rang des pays les plus pauvres et les plus endettés du monde. La corruption a englouti beaucoup de projets de développement prévus par le Président ATT. A en croire si les deux choses ne vont pas de pair.

Dans le domaine de l’emploi, des progrès ont également été réalisés avec la création de l’APEJ, même s’ils demeurent insuffisants. A ce jour, les deux seuls portent de sortie de la jeunesse malienne semblent être l’armée et l’enseignement qui recrutent à tour de bras. Au delà, c’est la misère qui frappe la jeunesse, surtout rurale. La seule porte de sortie semble être l’immigration. Tous les projets agricoles initiés sont attribués par affinités politiques ou familiales aux jeunes citadins. Paradoxalement à cette misère généralisée, le régime ATT s’est montré incapable de maitriser l’inflation. La situation est devenue du « Bè b’i ba bolo », pour traduire ce dicton Bamanan : « chacun est entre les mains de sa mère ». 


L’absence de transparence :

Contrairement aux autres régimes démocratiques, l’absence d’une transparence véritable accable le bien être des maliens, et cela depuis avant ATT. Les revenus et les dettes du pays restent toujours ignorés du peuple, malgré le fait que la loi exige toute transparence véritable. Delà découle toute difficulté à avoir confiance à nos politiciens. Sinon le Mali n’est pas en réalité un pays pauvre de nos jours. C’est la mauvaise gouvernance émaillée de corruption qui nous empêche de gravir les échelons mondiaux.

Dans un dernier sursaut, les manœuvres aveugles du président ATT ne donnent pas confiance aux Maliens. Car loger tout le monde à la même enseigne est inquiétant. Cela signifie tout simplement qu’il n’y a pas d’issu.  

L’avenir :
Le président ATT doit beaucoup  travailler durant ces 12 petits mois, sinon l’avenir de notre pays demeure très sombre. A cet effet, le gouvernement Kaïdama doit l’épauler pour mener à bien cette tâche. C’est dans la finalité de son mandat qu’il aura le plus grand honneur, comme le dit bien le proverbe Shakespearien: « tout est bien qui finit bien ».Pour cela, il s’agira de résoudre toutes les crises qui secouent le Mali : crise scolaire, d’emploi, crise au Nord-Mali, d’enrayer la corruption…bref, ATT a encore beaucoup de choses à faire.

Pour notre part, nous ne pouvons que lui souhaiter courage et bonne chance pour le reste de son mandat !
Ibréhima DIAMOUTENE et Lemzo Diallo

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